Eurovision : Le Luxembourg mise sur une chanteuse polyglotte d’origine israélienne
Tali Golergant est la première chanteuse à représenter le petit pays depuis 1993, mais ses liens avec l'État juif, dont un frère qui a combattu à Gaza, attise la haine en ligne
Lorsque Tali Golergant, 23 ans, défendra les couleurs du Luxembourg au Concours Eurovision de la chanson à Malmö, en Suède, le mois prochain, elle interprétera sa chanson « Fighter » en anglais et en français, deux langues qu’elle n’a jamais parlées à la maison.
« J’ai grandi en parlant hébreu et espagnol. Mon père est péruvien et ma mère israélienne, et ils se sont promis de toujours parler les deux langues à la maison », a-t-elle confié au Times of Israel dans une interview Zoom la semaine dernière.
Née en Israël, Golergant a déménagé, alors qu’elle était bébé, d’abord au Chili puis en Argentine avant de s’installer, à l’âge de 10 ans, au Luxembourg, où elle a appris l’anglais, le français et l’allemand. Par la suite elle a déménagé à New York pour étudier la comédie musicale au Marymount Manhattan College et poursuivre une carrière dans la musique.
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Lorsqu’elle a appris que le Luxembourg faisait son retour à l’Eurovision pour la première fois depuis 1993, Golergant s’est envolée pour se presenter au concours de la chanson luxembourgeoise, où, après avoir battu sept autres finalistes, elle a remporté l’opportunité de représenter le petit pays. Golergant estime qu’après 31 ans d’absence, le Luxembourg est prêt à revenir sur le devant de la scène.
« Le retour du Luxembourg à l’Eurovision a fait l’objet d’un tel battage médiatique que tous les journaux en ont fait leurs gros titres », explique-t-elle.
« Les gens sont vraiment très heureux pour le Luxembourg, et je pense que ce sera un grand pas en avant [pour] l’industrie de la musique ici…. C’est un grand honneur pour moi de participer à ce retour après tant d’années – je me pince encore tous les matins pour m’assurer que c’est bien réel. »
Malgré une campagne virulente visant à exclure l’Etat juif, en raison de la guerre en cours contre le Hamas à Gaza, déclenchée par le massacre perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre, Israël participera à l’Eurovision 2024, qui se tiendra à Malmö, du 7 au 11 mai prochain. La chaine publique européenne a réagi contre cette campagne, mais s’est disputée avec Israël sur le choix de la chanson pour le concours. Elle en a rejeté une, jugée trop politique, avant d’accepter « Hurricane« , qui sera interprétée par Eden Golan lors de la deuxième demi-finale.
Golergant ne cache pas ses origines israéliennes et juives, même si les journalistes ont été priés de ne pas poser de questions politiques à la chanteuse en lice pour l’Eurovision. Dans des interviews accordées à la presse israélienne en janvier, elle a indiqué que son frère servait dans l’armée israélienne et combattait (à l’époque) à Gaza, et que c’est à lui qu’elle pensait lorsqu’elle chantait.
Elle a ajouté qu’elle visitait le pays « tous les ans – la moitié de ma famille est au Pérou et l’autre moitié en Israël ».
La chanteuse a également mentionné que l’année dernière, elle avait été invitée à auditionner pour « Hakochav Haba », l’émission de téléréalité qui sélectionne le candidat israélien à l’Eurovision, « mais le moment n’était pas opportun, et comme je vis ici [au Luxembourg], que ma famille est ici, c’était tout simplement plus logique ».
À quelques semaines de la compétition, Tali Golergant met toute son énergie dans la préparation du concours et a publié une version actualisée de « Fighter », qui comporte une section de piano plus dépouillée et une accroche plus rapide pour lui donner « une énergie de club un peu plus moderne et plus accrocheuse ».
Si l’Eurovision est son principal objectif, elle reste tournée vers l’avenir et prépare des chansons qu’elle espère sortir après le concours, afin de capitaliser « sur l’élan » suscité par les projecteurs internationaux – et qui comprendront même quelques touches d’hébreu.
« Nous écrivons une chanson en plusieurs langues, et je pense que c’est un créneau qui va être très intéressant », a expliqué Golergant. « Il y a tellement d’artistes dans le monde, qu’est-ce qui vous rend spécial ? Le fait que j’aie beaucoup voyagé et que je parle toutes ces langues est quelque chose de cool que les gens pourraient trouver différent », a-t-elle ajouté. La prochaine chanson sera « dans toutes les langues que je parle, et elle parlera de cette idée d’identité, de patrie et de tout cela ».
Bien que « Fighter » ait été écrite par une équipe de compositeurs bien avant le 7 octobre, certains ont accusé Golergant sur les réseaux sociaux d’essayer de l’utiliser pour envoyer un message politique. Les appels au boycott de plusieurs candidats sont devenus si pressants que les organisateurs de l’Eurovision ont publié mardi un communiqué pour dénoncer les « abus en ligne » et les « campagnes ciblées sur les réseaux sociaux » liés à la participation d’Israël au concours.
Le soutien apporté à Golergant par de nombreux fans de l’Eurovision en Israël semble avoir irrité encore davantage certains trolls sur Internet. La chanteuse affirme toutefois que la haine ne l’effraie pas.
« Je suis très heureuse de savoir qu’Israël est de mon côté », a-t-elle expliqué. « C’est vraiment cool de voir ce soutien, ça fait chaud au cœur et c’est incroyable. »
D’un autre côté, « j’ai aussi fait l’objet de beaucoup de haine, ce qui est regrettable, car c’est un concours consacré à la musique et à la fraternité », a-t-elle ajouté.
« L’antisémitisme, je l’ai toujours connu, partout dans le monde », a expliqué Golergant. « En tant qu’artiste, vous devez être conscient que, quoi qu’il arrive, vous serez toujours critiqué, pour votre corps, votre voix, votre apparence, votre nationalité, ce que vous dites lors d’une interview – vous serez toujours critiqué ».
Son approche, dit-elle, est de « rester fidèle à elle-même, de répandre l’amour et la gentillesse et de rester ancrée dans la réalité »
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