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« Extrême droite », « néo-fascisme », « post fasciste » : ces nouveaux populismes

Ces qualificatifs sont parfois récusés par les intéressés, mais globalement validés par les chercheurs qui pointent toutefois des nuances selon les formations

Des manifestants de groupes d'extrême droite, Forza Nuova et Roma ai Romani (Force nouvelle et Rome aux Romains) marchent près d'un refuge pour migrants et réfugiés pour protester contre leur présence à Rome, le vendredi 8 septembre 2017. (Crédit : AP/Gregorio Borgia )
Des manifestants de groupes d'extrême droite, Forza Nuova et Roma ai Romani (Force nouvelle et Rome aux Romains) marchent près d'un refuge pour migrants et réfugiés pour protester contre leur présence à Rome, le vendredi 8 septembre 2017. (Crédit : AP/Gregorio Borgia )

La victoire en Italie du parti de Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia, renvoie au « post fascisme » et à « l’extrême droite », des qualificatifs parfois récusés par les intéressés, notamment par Marine Le Pen en France, mais globalement validés par les chercheurs qui pointent toutefois des nuances selon les formations.

« Extrême droite »

Le Rassemblement national est-il d’extrême droite ? « Oui, parce qu’il y a la volonté de Marine Le Pen de changer le ‘socle de constitutionnalité' », notamment avec l’introduction de la « préférence nationale », explique le professeur de sciences politiques Stéphane François, de l’université de Mons (Belgique).

Le politologue Pascal Perrineau considère également que le qualificatif « a du sens » concernant le parti qui compte 89 députés en France, mais préfère lui appliquer le terme de « droite radicale » et relève « qu’en matière économique et sociale, il n’est plus situable à l’extrême de la droite ».

Concernant Fratelli d’Italia, c’est « plutôt un parti d’extrême droite – avec des marqueurs comme le ‘nativisme’ [qui discrimine les personnes pas nées sur le territoire national], le rejet des élites – mais qui tend à édulcorer son discours pour passer à un parti très conservateur », note Stéphane François.

Pascal Perrineau estime également que l’atlantisme affiché par la leader italienne fait qu’il est « compliqué » de la classer à l’extrême droite, a contrario de la Ligue de Matteo Salvini – membre de la coalition victorieuse en Italie et allié historique du Rassemblement national.

La candidate du Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite français, Marine Le Pen, réagit au Pavillon d’Armenonville, à Paris, le 24 avril 2022, après l’annonce des premières projections des instituts de sondage sur les résultats du second tour de l’élection présidentielle française. (Crédit : Thomas SAMSON / AFP)

« Néo-fascisme » et « post-fascisme »

Quid du fascisme et de ses dérivés ? Créé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le Mouvement social italien (MSI) – dont le Front national fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 se voulait le calque, en reprenant l’emblème de la flamme tricolore – entendait rassembler les nostalgiques de Mussolini dans un parti « néo-fasciste ».

Au milieu des années 1990, le patron du MSI, Gianfranco Fini, a lui-même théorisé le « post-fascisme », « c’est-à-dire des fascistes qui ont évolué », rappelle Stéphane François, à l’image des « post-communistes » italiens qui avaient pris leur distance avec Moscou.

Giorgia Meloni, à la tête de Fratelli d’Italia, héritier direct du MSI, reconnaît encore aujourd’hui à Mussolini d’avoir « beaucoup accompli », sans l’exonérer de ses « erreurs » tout en affirmant que, dans son parti, « il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme ».

« Pour l’instant, Mme Meloni est post-fasciste », soutient Stéphane François, une notion contestée par Pascal Perrineau, selon qui les évolutions doctrinales de Fratelli d’Italia « vont bien au-delà du post-fascisme ».

Les deux chercheurs conviennent en outre que le qualificatif ne peut pas s’appliquer à Marine Le Pen : « ni le Front national ni le Rassemblement national ne sont dans la tradition fasciste, mais dans celles des ligues du XIXe siècle et des années 1920 », résume M. François.

Giorgia Meloni, chef du parti Fratelli d’Italia, prend la parole lors d’un rassemblement de l’opposition de centre-droit sur la Piazza del Popolo, dans le centre de Rome, le 4 juillet 2020. (Crédit : AP/Riccardo De Luca)

« (National-)populisme »

Rejet des élites et « opposition à la globalisation », qu’elle soit économique, politique – « l’Union européenne, le G7, le G20 » – ou sociétale, « c’est-à-dire contre les sociétés cosmopolites » : le RN, Fratelli d’Italia ou la Ligue relèvent tous d’un « national-populisme », avance Pascal Perrineau.

« Leur idéologie rompt un lien avec la démocratie représentative », abonde Stéphane François, même si les deux chercheurs notent que le « populisme » n’est pas l’apanage de l’extrême droite : « La France insoumise en France ou, au moins à un moment, Podemos en Espagne et Syriza en Grèce », relèvent également du concept.

Des membres et partisans du groupe d’extrême droite Génération identitaire et un drapeau du mouvement lors d’une manifestation contre sa possible dissolution, à Paris, le 20 février 2021. (Crédit : Bertrand GUAY / AFP)

« Identitaires »

Définis par Stéphane François comme ceux qui « mettent en avant une identité et, dans le cas de l’extrême droite, de l’identité blanche et d’une unité culturelle en Europe », les « identitaires » et leurs thèses prospèrent auprès d’Eric Zemmour en France ou de la Ligue en Italie, mais beaucoup moins chez Fratelli d’Italia ou au RN, estime le chercheur.

L’idée renvoie à la théorie contestée du « grand remplacement », c’est-à-dire la supposée substitution de la population européenne par une population immigrée, un concept que Marine Le Pen a toujours dit percevoir avec circonspection.

« Au FN comme au RN, l’idée que ‘les colonies font partie de la France’ a toujours été bien plus forte que ‘les Antillais ne sont pas de ma race' », fait valoir Stéphane François.

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