Face à l’ère des méga-incendies, le budget des pompiers doit être doublé – officiel
L'Autorité nationale de lutte contre les incendies et de secours interroge : "Que se passerait-il si plusieurs incendies se déclaraient simultanément dans tout le pays ?"
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

L’État doit doubler les ressources mises à la disposition de l’Autorité nationale israélienne des incendies et des secours (INFRA) afin de lui permettre de faire face à « l’ère des méga-incendies » provoqués par le dérèglement climatique, a déclaré dimanche un haut responsable après une semaine d’incendies majeurs qui ont frappé le centre d’Israël.
Shay Levy, qui dirige la branche Recherche sur les incendies de l’INFRA, a déclaré au Times of Israel qu’il étudiait les cinq régions du monde qui ont un climat méditerranéen – la Californie, le centre du Chili, le bassin méditerranéen, la région du Cap en Afrique du Sud et le sud-ouest et le sud de l’Australie – et que toutes connaissent des incendies plus fréquents, plus violents et plus longs.
« Nous avons besoin de tout », a-t-il souligné, ajoutant qu’Israël n’était pas seulement une zone climatique sensible, où les températures augmentent plus rapidement que la moyenne mondiale, mais qu’il connaissait également des complications particulières, telles que des incendies criminels à motivation nationaliste.
« Cette fois-ci, tous les services d’incendie ont convergé vers la région de Jérusalem », a-t-il poursuivi.
« Que se passerait-il si plusieurs incendies majeurs éclataient simultanément et se prolongeaient sur une longue durée dans différentes régions du pays ? »
Levy a fait remarquer que les incendies de forêt à grande échelle observés ces dernières années étaient trop importants pour être gérés par un seul pays et nécessitent une coopération régionale et internationale.

Il s’est exprimé après deux vagues d’incendies violents qui ont ravagé les collines situées à l’ouest de Jérusalem le mois dernier.
La deuxième vague, qui s’est déchaînée la semaine dernière, a brûlé 2 000 hectares, forçant l’évacuation de plusieurs communautés et provoquant la fermeture de l’autoroute Jérusalem-Tel Aviv ainsi que d’autres axes routiers pendant plusieurs heures. Elle a également causé la mort d’animaux sauvages et a ravivé les discussions sur les années de sous-financement des Services d’incendie et de secours.
Il n’existe pas de fonds publics réguliers alloués à la prévention des incendies
La plupart des localités évacuées la semaine dernière relèvent du Conseil régional de Mateh Yehuda.

Un porte-parole a expliqué qu’il n’existait aucun financement public régulier pour la prévention des incendies, ce qui contraint le conseil à distribuer des millions de shekels provenant de ses propres caisses afin de permettre aux comités de gestion des cinquante-sept localités relevant de sa responsabilité de financer eux-mêmes ces activités.
Il a précisé que les autorités régionales avaient demandé des fonds spéciaux pour les dégâts et la reconstruction à la suite de chaque incendie majeur survenu récemment, mais qu’elles n’avaient jamais reçu ce qu’elles avaient demandé.
Par exemple, à la suite d’un incendie survenu en 2016, le Conseil régional a demandé 4 millions de shekels. Le gouvernement lui a accordé 1 million de shekels, qui ont été utilisés pour financer l’élimination de l’amiante et des déchets ainsi que l’installation d’infrastructures d’approvisionnement en eau d’urgence à Beit Meïr, Nataf et Neve Shalom, trois localités qui ont été temporairement évacuées la semaine dernière. Une proposition visant à mettre en place un programme national doté d’un financement adéquat pour la reconstruction après les incendies est restée sans réponse, a-t-il ajouté.
Toujours selon le porte-parole, après l’incendie survenu au kibboutz Harel en 2019, le ministère de l’Intérieur avait promis de verser 6 millions de shekels, mais n’aura finalement débloqué que 1,5 million de shekels.

Après un incendie majeur survenu en 2021, les autorités régionales ont demandé 2 millions de shekels, mais n’ont reçu que 500 000 shekels.
« Il y a environ un an, on nous a dit que [le moshav] Kisalon et [l’implantation de] Srigim étaient les zones les plus exposées aux risques d’incendie. Nous avons tenté, sans succès, d’obtenir des fonds. Et maintenant, à la suite des incendies, on nous a alloué les fonds nécessaires et le chef de l’autorité régionale a ordonné le début des travaux », a déclaré le porte-parole.
Une porte-parole de l’Autorité régionale du Carmel, dans le nord d’Israël, a déclaré que la situation était similaire dans la mesure où il n’existait pas de fonds publics réguliers pour la prévention des incendies. En 2010, un gigantesque incendie avait ravagé une grande partie de la réserve naturelle du Carmel, tuant quarante-quatre personnes et détruisant de nombreuses habitations.
Le nombre d’organisations impliquées est-il trop élevé ?

Les Services d’incendie et de secours enquêtent toujours sur les incidents survenus dans les collines de Jérusalem et n’ont pas souhaité s’exprimer sur les détails. On sait toutefois que l’incendie de la semaine dernière s’est déclaré près du moshav Messilat Zion, et qu’il pourrait avoir été provoqué par la négligence de randonneurs aperçus dans les environs quelques heures avant le début de l’incendie.
Les flammes ont pris naissance dans une zone frontalière entre le moshav et une partie d’une forêt gérée par le Fonds National Juif (JNF/KKL), ce qui met en évidence un autre problème : l’articulation des responsabilités entre les nombreuses organisations compétentes.
Les forêts et les espaces verts en Israël sont gérés soit par le KKL-JNF, soit par l’Autorité de la Nature et des Parcs (INPA), et aucune de ces deux organisations n’est autorisée à intervenir sur le territoire de l’autre. Les autorités régionales des zones rurales n’ont pas l’autorisation d’entrer dans les moshavim pour mener des activités de prévention des incendies. Elles se contentent de fournir les fonds nécessaires.
En cas d’incendie majeur, l’armée de l’air israélienne intervient en fournissant des avions de transport lourd C-130J Super Hercules équipés pour larguer des retardateurs de feu. Elle met également à disposition du personnel du Commandement du Front intérieur chargé de débroussailler afin d’empêcher la propagation des flammes.

La police est chargée des évacuations et de la fermeture des axes routiers.
Le cabinet du Premier ministre, ainsi que les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Sécurité nationale, sont systématiquement impliqués.
Au fil des ans, les appels en faveur d’une autorité unique, ou d’un seul décideur, sont restés lettre morte.
Il y a plusieurs années, Dedi Simchi, alors commissaire des Services d’incendie et de secours, a créé un forum qui rassemble seize organismes deux fois par an. Levy coordonne ce forum, présidé par l’actuel commissaire, Eyal Caspi.

« Nous travaillons à partir de la situation existante », a déclaré Levy.
« La coordination est bonne, mais elle doit encore être améliorée alors que nous entrons dans une ère de méga-incendies. »
« Nous avons tous le même objectif : prévenir les incendies et protéger les vies, les biens, la nature et la faune », a-t-il ajouté.
Le forum diffuse une brochure dans laquelle les propriétaires sont invités à :
- Installer des détecteurs de fumée dans toutes les pièces et les parties communes des bâtiments, acheter un extincteur et s’assurer qu’il y a une source d’eau à proximité.
- Élaguer les branchages bas qui pourraient propager le feu des sols vers la cime des arbres.
- Veiller à respecter une distance minimale de 1,5 mètre entre la végétation et les matériaux inflammables, ainsi qu’entre la végétation et l’habitation.
- Enlever les feuilles et les branches sèches des balcons, des gouttières et des allées, désherber et arroser régulièrement le jardin, en particulier par temps chaud et sec.

L’un des projets dont Levy est particulièrement fier est un sentier coupe-feu créé en partenariat avec l’INPA, au mémorial dédié aux quarante-quatre victimes de l’incendie qui avait ravagé le Carmel en 2010, sur la colline menant au kibboutz Beit Oren.
Le sentier comprend des sculptures et de nombreux panneaux d’information sur les incendies et la prévention des incendies. Levy espère mettre en place des sentiers similaires ailleurs en Israël.
Dimanche, après un exercice préalablement planifié de simulation d’incendies simultanés autour de Haïfa, Nesher et sur la côte du Carmel, dans le nord d’Israël, Levy a déclaré que les autorités avaient affecté des agents dans chaque district, ainsi qu’un agent au niveau national, afin de travailler avec les communautés tout au long de l’année pour les sensibiliser aux risques d’incendie, leur fournir des conseils sur les mesures préventives et assurer le suivi de ces mesures. Il a ajouté que l’agent du district de Jérusalem avait rédigé des rapports pour chaque communauté de la région.
« Le travail avec les communautés s’améliore peu à peu », a-t-il poursuivi, soulignant que les moshavim les plus pauvres avaient parfois du mal à financer des travaux d’éclaircissement de la végétation par exemple.
« Il y a moins de six mois, je me trouvais dans l’un des villages du corridor de Jérusalem [la zone boisée à l’ouest de la capitale] et j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit : ‘Je suis venu vivre dans la forêt et si vous essayez d’abattre un arbre, je m’y enchaînerai.’ C’est agréable de vivre dans la forêt, mais le danger est plus grand et nous devons trouver un équilibre », a-t-il ajouté.