Face aux drones d’Iran, Israël s’efforce de renforcer ses défenses aériennes
L'armée espère avoir une couverture complète de l'espace aérien du nord d'ici deux ans, dans le cadre d'un plan visant à établir un parapluie de défense aérienne nationale
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Tsahal s’efforce de renforcer considérablement ses défenses aériennes, notamment dans le nord d’Israël, face à la menace croissante des drones de fabrication et de conception iraniennes qui ont afflué au Moyen-Orient ces dernières années, a appris le Times of Israel.
D’ici deux ans, Tsahal a l’intention de mettre en place une couverture défensive complète et permanente de l’espace aérien du nord d’Israël, avec l’intention de l’étendre à l’ensemble du pays. Actuellement, l’armée de l’air israélienne, qui est chargée de défendre le ciel national, dispose d’un certain nombre de systèmes de défense aérienne fixes dans différentes parties du pays, qui sont complétés par des batteries mobiles en cas de tensions accrues ou lorsque des attaques sont attendues.
Outre les menaces auxquelles les défenses aériennes israéliennes ont été confrontées par le passé (tirs de roquettes et de missiles, avions ennemis), Tsahal est aujourd’hui de plus en plus souvent confrontée à des véhicules aériens sans pilote, grands et petits. Autrefois réservée aux États-nations, la technologie des drones est de plus en plus accessible aux groupes terroristes.
Il est particulièrement difficile de contrer les attaques de drones, car ceux-ci sont plus difficiles à détecter que les avions pilotés comparativement plus grands, et volent à des altitudes plus basses et avec des schémas de vol moins prévisibles que les roquettes.
Les responsables israéliens soulignent que l’attaque dévastatrice menée en 2019 par l’Iran contre les installations pétrolières d’Aramco en Arabie saoudite, à l’aide de drones et de missiles de croisière, a mis en évidence la gravité de la menace que représentent ces armes.
« C’était une attaque sophistiquée qui a réussi à échapper aux défenses américaines et saoudiennes… Quiconque dit que cela ne peut pas nous arriver n’est pas un professionnel », avait déclaré à l’époque le général de division Aharon Haliva, aujourd’hui à la tête du renseignement militaire.
Au cours des deux années qui ont suivi l’attaque d’Aramco, cette menace n’a fait que croître, car l’Iran a exporté des drones vers ses alliés houthis au Yémen, vers des mandataires en Syrie et en Irak, et vers le groupe terroriste Hezbollah au Liban – la principale menace militaire à laquelle est confrontée Tsahal – et a fourni des plans de drones au Hamas et aux groupes terroristes palestiniens du Jihad islamique dans la bande de Gaza. Certains de ces drones ont une portée de plusieurs milliers de kilomètres et d’autres possèdent des capacités furtives, dont certaines ont été volées par l’Iran à des modèles américains.

Le mois dernier, le ministre de la Défense Benny Gantz a révélé l’emplacement d’une base aérienne iranienne qui, selon lui, était utilisée pour former les mandataires régionaux de Téhéran à l’utilisation de drones avancés.
« L’un des outils importants que l’Iran a développé pour aider ses mandataires est un ensemble de drones qui peuvent parcourir des milliers de kilomètres, et des milliers d’entre eux sont répartis au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban », a déclaré Gantz.
En mai, Israël a abattu un de ces drones qui, selon le Premier ministre Benjamin Netanyahu, avait été introduit dans l’espace aérien israélien par l’Iran depuis la Syrie ou l’Irak.
Pour améliorer la capacité de l’armée à détecter les drones, l’armée de l’air est en train de se procurer des réseaux de radars supplémentaires qui seront installés dans le nord d’Israël, a appris le Times of Israel.

La plupart des fonds pour cet effort ont déjà été alloués, une partie d’entre eux – environ un quart de milliard de shekels – provenant d’un accord qui a été négocié fin 2019 entre les ministères de la Défense, de l’Énergie et des Finances.
Cet accord a également obtenu l’approbation de l’armée pour la construction d’éoliennes sur le plateau du Golan. (Comme ces turbines interfèrent avec la réception radar, l’argent devait servir à développer des solutions technologiques pour contourner ces problèmes).
Israël a également apporté un certain nombre d’améliorations au système de défense antimissile à courte portée du Dôme de Fer pour lui permettre d’abattre également les drones, une innovation qui a été mise à l’épreuve pour la première fois lors du conflit du mois de mai entre Tsahal et les groupes terroristes dans la bande de Gaza, lorsque le Dôme de Fer a intercepté son premier drone.
Des travaux sont également en cours pour doter le système de défense aérienne de moyenne portée de la Fronde de David de capacités similaires.