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Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve

Le président et le Premier ministre français multiplient les déclarations et les déplacements pour mettre en garde contre le programme de Marine Le Pen

Le président français François Hollande pendant le 32e dîner annuel du CRIF, à Paris, le 22 février 2017. (Crédit : Christophe Petit Tesson/Pool/AFP)
Le président français François Hollande pendant le 32e dîner annuel du CRIF, à Paris, le 22 février 2017. (Crédit : Christophe Petit Tesson/Pool/AFP)

Entre mises en garde contre le « populisme » et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière bataille : œuvrer à la défaite du Front national (FN) à la présidentielle, même si les deux têtes de l’exécutif peinent à exister.

« Tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue » par le projet de Marine Le Pen, « ni porter une si lourde responsabilité » que d’être le prédécesseur de la candidate frontiste est « mon ultime devoir », explique le chef de l’Etat dans une longue interview à plusieurs journaux européens lundi, où il juge que la « menace » d’une victoire FN « existe ».

François Hollande met en garde contre le programme du FN qui, sitôt à l’Elysée, s’évertuerait à « quitter l’Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors », allusion à Donald Trump dont il ne cesse de dénoncer le populisme et l’isolationnisme.

Pour un proche du chef de l’Etat, « il se sentirait responsable si un parti d’extrême droite lui succédait. C’est pour ça qu’il se bat. Il y a une révolte en lui parce qu’il pense que plus que jamais, l’heure est grave et qu’on ne peut pas faire l’autruche. »

Bernard Cazeneuve, Premier ministre français. (Crédit : Thomas Samson/AFP)
Bernard Cazeneuve, Premier ministre français. (Crédit : Thomas Samson/AFP)

François Hollande et Bernard Cazeneuve sont-ils encore utiles à la cause ? Même si certains prêtent au premier des ambitions européennes et au second, pas candidat à sa réélection aux législatives, des visées sénatoriales dans la Manche, l’un comme l’autre jouent leurs dernières cartes.

En cette fin de quinquennat inédite où le président de la République a renoncé à se représenter après un seul mandat et où le Premier ministre est condamné au bail le plus court de la Ve République, le Front national joue lui sur du velours.

« Que le président de la République, après le bilan épouvantable qui fut le sien, il n’a même pas pu se représenter tellement il a honte, se taise, ait un peu l’humilité de se taire », a lancé le numéro 2 du parti, Florian Philippot.

Sur les terres frontistes

Depuis le début de l’année, les agendas des deux têtes de l’exécutif ressemblent à un tour de France des terres frontistes, même si leurs nombreux déplacements sont désertés par les journalistes, trop occupés par la campagne présidentielle.

François Hollande s’est récemment rendu à Dreux et à Chartres en Eure-et-Loir, à Epinal ou à Charleville-Mézières dans l’Est, et il sera encore dans la Marne mardi et dans le Var la semaine prochaine, des régions fortement travaillées par le FN.

Le président français François Hollande en visite au Salon de l'Agriculture, à Paris, le 25 février 2017. (Crédit : Christian Hartmann/AFP)
Le président français François Hollande en visite au Salon de l’Agriculture, à Paris, le 25 février 2017. (Crédit : Christian Hartmann/AFP)

Objectif, selon l’Elysée : « mettre en garde ceux qui seraient tentés par un vote en faveur du FN, par exemple les agriculteurs qui ne bénéficieraient plus des aides de la PAC, les classes populaires ou les classes moyennes qui verraient leur pouvoir d’achat régresser si nous sortions de la zone euro ou encore les ouvriers dont les emplois seraient menacés si nos frontières étaient fermées. »

Bernard Cazeneuve multiplie lui aussi les initiatives contre le FN, avertissant des « dégâts irréparables » d’une victoire de Marine Le Pen ou fustigeant une candidate qui cherche à se placer au-dessus des lois de la République » lorsqu’elle refuse d’être entendue par les enquêteurs dans l’affaire des assistants d’eurodéputés du Front national.

En Chine, il tance le « recroquevillement » du « protectionnisme », et, à Athènes ou devant des ministres européens du Travail, il vante le rôle de protection de l’Europe sur l’immigration ou les droits sociaux.

Marine Le Pen en campagne au Zénith de Nantes, le 26 février 2017. (Crédit : Jean-Francois Monier/AFP)
Marine Le Pen en campagne au Zénith de Nantes, le 26 février 2017. (Crédit : Jean-Francois Monier/AFP)

Le Premier ministre était encore attendu lundi en Moselle, où il doit défendre l’apport de l’Europe aux régions transfrontalières, avant de se rendre à Oignies dans l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen avait fait plus de 48 % au premier tour des régionales de 2015.

Jeudi, il sera à Bordeaux devant la promotion de l’Ecole nationale de la magistrature, dont la suppression figure au programme du FN à la présidentielle. Puis vendredi, dans le Gard et l’Hérault, eux aussi concernés par la poussée lepéniste, avant un passage la semaine prochaine à Amiens et à Vitrolles, ex-mairie FN.

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