Familles des soldats otages : Netanyahu n’a rien proposé de nouveau lors de la réunion
Yehuda Cohen, père de Nimrod Cohen, affirme que le Premier ministre leur a dit qu'il devait faire des "calculs froids" ; les parents des otages américains disent être mieux traités par la Maison Blanche

Les familles des soldats de l’armée israélienne retenus en otage par le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza sont apparues mécontentes jeudi après une rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, pour la première fois depuis le 7 octobre.
Jusqu’à présent, le Premier ministre avait rencontré les familles de tous les otages civils ou soldates, mais c’était la première fois qu’il rencontrait les membres des familles des soldats masculins retenus en captivité.
Yehudah Cohen, dont le fils Nimrod Cohen est détenu par le Hamas, a déclaré à Haaretz, à l’issue de la réunion, que Netanyahu avait refusé de répondre lorsqu’il lui a été demandé de préciser le prix qu’il était prêt à payer pour ramener les otages.
Il a également déclaré que le Premier ministre avait dit aux familles qu’il comprenait leur douleur et le fait qu’elles soient prêtes à payer n’importe quel prix pour récupérer leurs proches. Mais, a-il ajouté, « en tant que décideur, je dois regarder les choses sous un autre angle et faire des calculs froids ».
Dans un communiqué émis après la réunion, Ruby Chen, le père du soldat Itay Chen, tué par le Hamas et dont le corps est toujours détenu par le groupe terroriste palestinien, a déclaré que Netanyahu n’avait rien présenté de nouveau aux familles.
« Le Premier ministre a une politique à laquelle il croit, et même après 174 jours, il continue à suivre cette ligne », a déploré Chen.

Il a déclaré que les familles avaient essayé de parler à Netanyahu de la différence entre la sécurité militaire et la sécurité publique, qui n’est « pas moins importante pour les citoyens de l’État d’Israël ».
« Le Hamas a appris sa leçon », a ajouté Chen, insistant sur le fait que la sécurité publique n’était pas moins importante que les nouveaux succès qu’Israël pourrait remporter dans la guerre contre le groupe terroriste.
Le rabbin Doron Perez, dont le corps de son fils Daniel Perez est détenu à Gaza, a déclaré à la presse qu’il souhaitait faire comprendre à Netanyahu la « transition inimaginable, après 163 jours, d’une famille espérant et priant pour le retour de leur fils à l’annonce de son assassinat le 7 octobre ».
Daniel était considéré comme vivant jusqu’au début du mois, l’armée ayant alors annoncé qu’il avait été tué lors de l’assaut barbare du Hamas sur le sud d’Israël, au cours de laquelle les terroristes ont assassiné près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en ont enlevé 253 autres.

Perez a expliqué au Premier ministre qu’il avait demandé à son épouse ce qu’elle ressentait en apprenant que leur fils avait été tué, et qu’elle lui avait répondu qu’elle était soulagée de savoir qu’il n’avait pas vécu les horreurs de la captivité.
« Dans quel monde vivons-nous pour que le fait de savoir que son fils a été assassiné soit un soulagement ? », a souligné ce père endeuillé.
Ronen Neutra, dont le fils Omer Neutra, né aux États-Unis, est un « soldat seul » détenu par le Hamas, a déclaré que son fils s’était engagé parce qu’il « était un fier sioniste qui était venu ici par foi en son chemin et par désir de contribuer au pays ».
Ronen a déclaré qu’il avait demandé à Netanyahu si « nous récupérerons 134 Ron Arad, à Dieu ne plaise », en référence au navigateur de l’armée de l’air Ron Arad, capturé par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah en 1986. Arad serait mort en captivité en 1988, mais son corps n’a jamais été retrouvé.

Par ailleurs, deux sources non identifiées qui ont assisté à la réunion ont déclaré à Axios qu’elles avaient dit au Premier ministre que les familles étaient mieux traitées par la Maison Blanche que par le gouvernement israélien.
Plusieurs des soldats retenus en otage à Gaza ont la double nationalité israélo-américaine et leurs familles ont rencontré le président américain Joe Biden, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche Jake Sullivan, le secrétaire d’État Antony Blinken, le directeur de la CIA Bill Burns et d’autres responsables américains à de multiples reprises au cours des six derniers mois.
L’une des sources a déclaré à Axios que la Maison Blanche accueillait les familles et les tenait informées, ce qui n’est pas le cas du gouvernement Netanyahu. Selon cette source, le Premier ministre israélien a répondu qu’il devait dire « non » aux États-Unis lorsque c’était nécessaire et que Washington n’exerçait pas suffisamment de pression sur le Qatar pour qu’il parvienne à un accord.
130 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier se trouveraient toujours à Gaza, 34 d’entre eux ayant été déclarés morts par les autorités israéliennes sur la base de renseignements, et le sort des autres étant inconnu. Au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre, 105 otages ont été libérés. Quatre otages avaient été libérées auparavant et trois ont été secourus par les troupes en vie. Les corps de onze otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par Tsahal.
Outre les 130 otages, le Hamas détient aussi les dépouilles d’Oron Shaul et de Hadar Goldin, morts dans la bande en 2014. Il garde aussi en captivité deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore vivants après être entrés dans la bande de leur propre gré, respectivement, en 2014 et en 2015.
Les pourparlers au Qatar en vue d’une nouvelle libération des otages ont échoué à de multiples reprises, les deux parties s’accusant mutuellement de ne pas être raisonnables. Le Hamas continue d’exiger qu’Israël se retire de la bande de Gaza dans le cadre de l’accord, bien qu’Israël insiste sur le fait que la guerre se poursuivra jusqu’à ce que son objectif proclamé de démanteler ce groupe terroriste soit atteint.