Fin de partie pour la Diplomatie publique suite au départ de son chef et du personnel
Selon un ex-collaborateur, les employés recrutés suite au 7 octobre seraient partis à cause des mauvaises conditions de travail et des salaires impayés
Placée sous l’autorité du Premier ministre, la Direction de la diplomatie publique est en train de se déliter, faute de responsable à sa tête et de collaborateurs, démissionnaires ces derniers mois, certains en raison de salaires impayés, a rapporté dimanche la télévision israélienne.
Chef de la direction dont la démission a été annoncée début mai, Moshik Aviv n’a pas été remplacé à son poste, a déclaré la Douzième chaîne, expliquant que l’épouse du Premier ministre Benjamin Netanyahu – Sara Netanyahu – était « l’unique responsable » de l’absence de successeur.
Un ex-haut responsable de la direction, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a déclaré que « des personnes très talentueuses avaient été recrutées » par la direction suite à l’attaque du Hamas du 7 octobre, mais que la plupart étaient reparties, pour des questions de conditions de travail ou de salaires impayés.
« Certaines n’ont pas encore été payées », a déclaré l’ex-collaborateur de la Diplomatie publique.
Selon cette même information, Avi Hyman, porte-parole en langue anglaise parti la semaine dernière aurait laissé entendre que Tal Heinrich, porte-parole fréquemment interviewée par les médias américains, ne serait pas revenue depuis deux semaines, semble-t-il pour des questions de conditions de travail.
« Une vingtaine de collaborateurs ont déjà quitté le navire », a déclaré l’ex-membre du personnel. « Une partie des personnes les plus talentueuses de ce pays ne sont plus là… Aujourd’hui, il ne reste personne, si ce n’est deux ou trois personnes [du] cabinet du Premier ministre et quelques bénévoles qui pensent qu’ils seront payés à la toute fin. »
Selon cette même information, l’entreprise privée qui a construit un studio d’une valeur d’un million de dollars pour les besoins de cette direction attend encore d’être payé, tout comme l’un des principaux fournisseurs de données.
L’ex-collaborateur de la Diplomatie publique a comparé la situation aux soldats qui essuient des tirs au sol à Gaza et aux autorités, qui décrètent que l’armée de l’air ne les couvrira pas: « Non seulement nous ne passons pas à l’offensive [en diplomatie publique] », a-t-il expliqué, « mais nous ne défendons même pas ».
« Les médias étrangers ne relaient qu’une vision de la guerre, celle des Palestiniens, qui détestent Israël », a-t-il poursuivi. « On n’entend que ça, et c’est sur cette base que les gens se font une opinion. »
Le reportage télévisé a réaffirmé que Sara Netanyahu avait fait pression pour que soit limogé l’ex-porte-parole Eylon Levy, pourtant très respecté, ces derniers mois et qu’elle était également intervenue pour empêcher le recrutement d’un nouveau directeur.
L’épouse du Premier ministre considère la Direction de la diplomatie publique « non pas comme un outil vital pour la politique étrangère israélienne, mais comme un organe interne de relations publiques », a expliqué une source haut placée de la direction, « et n’a trouvé personne d’assez loyal à son goût ».
La direction de la Diplomatie publique a réagi à cette information en déclarant qu’elle continuait de travailler et que les problèmes – notamment de rémunération – étaient réglés ou le seraient bientôt.
Le cabinet du Premier ministre a fait savoir que Netanyahu faisait en ce moment-même passer des entretiens pour recruter le futur chef de cette direction, et nié toute intervention de Sara Netanyahuen la matière.
Le service de diplomatie publique d’Israël connait des difficultés depuis les tout premiers temps de la guerre : la ministre de la diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, a en effet quitté son poste cinq jours après le massacre du Hamas du 7 octobre, lors duquel 3 000 terroristes se sont introduits en territoire israélien par voie terrestre, aérienne et maritime pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages, essentiellement des civils, avec une extrême brutalité et des cas d’agressions sexuelles.