Fusillade à Strasbourg: 3 morts et 13 blessés, enquête anti-terroriste ouverte
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "assassinats, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle"
Une fusillade a fait trois morts et une dizaine de blessés mardi soir sur le marché de Noël de Strasbourg, dans le nord-est de la France, où les forces de l’ordre recherchaient toujours le tireur en fuite, « identifié » par les autorités qui ont ouvert une enquête anti-terroriste.
Selon un nouveau bilan communiqué à l’AFP par le maire de la ville, Roland Ries, l’attaque commise vers 19H00 GMT en plein centre-ville a fait « quatre morts et une dizaine de blessés », dont au moins trois dans un état grave.
L’assaillant est « fiché S » (pour Sûreté de l’Etat) et il était « activement recherché par les forces de l’ordre » dans la soirée, a souligné la préfecture du département qui invitait les personnes présentes à Strasbourg à « rester confinées ».
Avant de s’enfuir, l’auteur des coups de feu a été blessé par une patrouille de soldats de l’opération Sentinelle qui sécurisent le Marché de Noël de Strasbourg. Selon l’état-major des armées, un soldat a été blessé légèrement à la main par ricochet d’un tir de l’assaillant.
Natif de Strasbourg et âgé de 29 ans, il devait être interpellé mardi matin par les gendarmes pour une tentative d’homicide, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP. D’autres personnes ont été interpellées dans le cadre de cette affaire.
Il est connu pour des faits de « droit commun », a précisé le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, immédiatement dépêché sur place par le président Emmanuel Macron.
Le chef de l’Etat s’est rendu peu après minuit à la cellule de crise interministérielle activée par le ministère de l’Intérieur.
Le parquet de Paris a parallèlement ouvert une enquête pour « assassinats, tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ».
« Parlement européen confiné »
« Combien d’attentats commis par des fichés S devons-nous encore subir avant d’adapter notre droit à la lutte contre le terrorisme ? », s’est indigné le chef du parti Les Républicains (droite), Laurent Wauquiez.
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000. Il est protégé en permanence par un important dispositif de surveillance.
La ville abrite par ailleurs le siège du Parlement européen, actuellement en session, qui a été entièrement bouclé à l’annonce de la fusillade, selon un journaliste de l’AFP sur place. Eurodéputés, employés et journalistes étaient tous confinés dans le bâtiment, a-t-il ajouté.
La Première ministre britannique Theresa May s’est dite dans un tweet « choquée et attristée par la terrible attaque de Strasbourg ». « Mes pensées sont avec tous ceux qui ont été frappés et le peuple français ».
« Nous pleurons les personnes tuées et nous sommes par les pensées avec les blessés », a réagi de son côté Twitter le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, également « bouleversé ».
« Pendant des années, en tant que député européen, cette ville a été mon chez moi. Et ces marchés étaient un moment de joie pour tous. Une prière pour les victimes, mais les prières ne suffisent plus. Mon engagement (…) est et sera total pour que les terroristes soient débusqués, bloqués, éliminés, en Europe et dans le monde, par tous les moyens licites nécessaires », a déclaré le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, actuellement en visite en Israël.
En décembre 2016, le marché de Noël de Berlin avait été visé par un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe État islamique qui avait fait douze morts.
« Plusieurs coups de feu »
La « Grande Ile », le centre historique de Strasbourg, a été entièrement bouclée par les forces de l’ordre qui ont invité les passants à se mettre à l’abri, a constaté un journaliste de l’AFP.
Des militaires en arme, des policiers et des véhicules de secours ont afflué vers le lieu de la fusillade.
Des témoins ont indiqué à l’AFP avoir entendu plusieurs coups de feu aux alentours de 19H00 GMT. La foule qui se pressait dans les rues les a quittées précipitamment.
« On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. L’une d’elles est tombée, je ne sais pas si c’est parce qu’elle a trébuché ou parce qu’elle a été touchée. Les gens du bar ont crié ‘ferme, ferme’ et le bar a été fermé », a raconté un témoin joint par l’AFP et confiné dans son appartement.
Cette fusillade intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015.
La France a été frappée deux fois cette année au cours d’attaques qui ont fait cinq morts.
Le dernier a succombé à une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police dans le quartier touristique de l’Opéra à Paris le 12 mai 2018.
La précédente attaque s’était produite le 23 mars à Carcassonne et à Trèbes (sud). Dans son périple meurtrier, Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur. Il était ensuite entré dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi qu’un gendarme, Arnaud Beltrame, qui s’était offert comme otage à la place d’une femme.
L’attaque de Strasbourg intervient en pleine crise des « gilets jaunes », qui protestent contre la politique sociale du gouvernement.
Mardi soir, sur une page Facebook annonçant un « Acte V » des manifestations samedi, certains « gilets jaunes » évoquaient une « manipulation » de l’Etat ou « un soi-disant attentat ».