Gallant a été informé du pogrom le 7 octobre par sa fille, dit son épouse
L'épouse de l'ex-ministre de la Défense raconte qu'ele ne l'a plus vu pendant des mois après l'assaut du Hamas, et parle de son engagement auprès des familles d'otages depuis son limogeage
Le premier appel reçu par Yoav Gallant, alors ministre de la Défense, le matin du 7 octobre 2023 pour l’informer de l’invasion et du pogrom en cours perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, ne provenait pas d’un responsable du ministère de la Défense, mais de sa fille.
Dans une interview accordée mercredi à la radio de l’armée, Claudine Gallant, l’épouse de Gallant, a raconté comment elle et son mari ont pris connaissance de l’assaut meurtrier du Hamas, survenu à 6h29 du matin ce samedi-là.
« À 6h30, Yoav était déjà réveillé. Il prévoyait de faire une promenade à vélo », raconte Claudine. « Je me souviens de la sonnerie du téléphone : c’était notre fille, officier responsable des opérations au sein de l’unité Shaldag [de l’armée de l’air israélienne]. »
« Elle nous a dit : ‘Papa, ils n’arrêtent pas de nous tirer dessus’ », se souvient-elle. « Il est parti sur-le-champ, et nous ne l’avons pas revu pendant des mois. »
Elle a ajouté que ce n’est qu’après cet appel de leur fille que son mari a reçu un appel téléphonique officiel sur les événements en cours dans les communautés situées à la frontière de la bande de Gaza.
Dans les mois qui ont suivi ce pogrom sans précédent – au cours duquel plus de 1 200 personnes ont été assassinées et 251 prises en otage, dont 96 sont toujours aux mains du Hamas dans la bande de Gaza – et alors qu’Israël menait une campagne pour écraser le Hamas à Gaza, les partisans d’un accord pour libérer les otages ont régulièrement manifesté devant le domicile de la famille Gallant.
« Les manifestations devant notre maison étaient très positives », a confié Claudine à la Radio de l’armée. « Nous allions les rejoindre, ou j’y allais seule. »
« Dès le premier jour, chaque famille ou mère [d’otage] qui a demandé à nous parler a reçu une réponse, et Yoav rencontrait un représentant des familles toutes les semaines. »
Qualifiant sa relation avec les familles d’otages comme « difficile à mettre en mots », Claudine a affirmé que ces dernières savaient que Gallant « ferait n’importe quoi » pour ramener leurs proches chez eux ».
Face aux critiques sur les échecs du gouvernement à contrer le pogrom du Hamas, elle a déclaré que Gallant les avait acceptées et avait « assumé ses responsabilités ».
Elle a également évoqué une visite de Gallant au kibboutz Nir Oz en janvier, où il a rencontré Reuma Kedem, une mère et grand-mère en deuil. Kedem a perdu sa fille Tamar Kedem Siman Tov, son gendre Yonatan (Johnny) Siman Tov, leurs jumeaux de six ans, Arbel et Shachar, ainsi que le petit Omer, âgé de deux ans, massacrés par les terroristes du Hamas lors du pogrom dans leur communauté le 7 octobre.
Au cours de leur entretien, Kedem a reproché à Gallant et au gouvernement de les avoir abandonnés, elle et ses proches. Pendant toute la conversation, Gallant est resté silencieux et a laissé Kedem exprimer ce qu’elle avait sur le cœur.
Claudine a déclaré que Kedem avait « tout à fait le droit » de critiquer son mari « parce qu’il fait partie d’un système ».
« Yoav ne nie rien et il a assumé ses responsabilités », a-t-elle ajouté.
Le soutien de Gallant à un accord avec le Hamas pour la libération des otages est devenu une source de tensions récurrentes avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
En tant que ministre de la Défense, Gallant a soutenu qu’Israël pouvait accepter un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pour le bien des otages, même si cela impliquait un retrait temporaire de Gaza ou de certaines positions stratégiques. Netanyahu, en revanche, a insisté sur le maintien d’une présence militaire israélienne le long des principaux axes de Gaza dans le cadre de tout accord sur les otages.
Cette divergence a atteint son apogée en novembre, lorsque Gallant a été brusquement limogé de son poste et remplacé par un autre membre du Likud, Israel Katz.
À l’époque, Gallant avait confié que, selon lui, son éviction était liée à trois demandes spécifiques qu’il avait défendues : la nécessité d’enrôler les Haredim au sein de Tsahal, l’urgence de rapatrier les otages de Gaza et la mise en place d’une commission d’enquête d’État sur le pogrom du 7 octobre et la guerre qui s’en est suivie.
Depuis son renvoi, il y a un mois et demi, Gallant, en tant que député du Likud, a continué à manifester un soutien indéfectible aux familles endeuillées et aux proches des otages, a indiqué Claudine à la radio de l’armée.
« Il rend visite à de nombreuses familles qu’il avait promis de rencontrer mais qu’il n’avait pas pu voir auparavant », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il pratiquait également « beaucoup d’exercice – du vélo et de la course à pied ».
« Il a de nombreuses réunions, et il a maintenant davantage de temps. »