Gantz : Nous quitterons la coalition si la loi de Netanyahu pour les Haredim est adoptée
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a qualifié la proposition du Premier ministre concernant la circonscription des hommes de la communauté ultra-orthodoxe de "supercherie"
Qualifiant de « ligne rouge » les grandes lignes du projet de loi encadrant le service militaire des Haredim du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz a déclaré dimanche que son parti, HaMahane HaMamlahti, ne serait pas en mesure de rester dans la coalition si cette loi était adoptée.
« Le peuple ne pourra pas le supporter, la Knesset ne pourra pas voter en sa faveur, et mes amis et moi-même ne pourrons pas être membres du gouvernement d’urgence si une telle législation est adoptée par la Knesset et entre dans le livre des lois de l’État d’Israël, d’une manière qui nuirait à l’unité et à la sécurité de l’État en général, et en particulier en temps de guerre », a déclaré Gantz dans un message vidéo.
« J’appelle les ministres du Likud et les membres de la Knesset à faire entendre leur voix », a-t-il insisté, estimant qu’une telle législation constituait un « grave manquement aux valeurs » qui créerait d’importantes fractures sociales en temps de guerre, alors que la société israélienne a besoin de rester unie.
« Je lance un appel aux dirigeants des partis ultra-orthodoxes en tant que personne qui n’a aucun doute sur l’importance de l’étude de la Torah et de la préservation de l’héritage et de la tradition d’Israël – n’essayez pas de faire passer une loi incorrecte que la nation tout entière ne peut pas supporter. »
Selon le média Ynet, le projet auquel Gantz faisait référence ne fixe pas de quota de Haredim s’enrôlant chaque année, fixe l’âge d’exemption du service militaire à 35 ans et garantit que les hommes ultra-orthodoxes qui ne s’enrôlent pas ne feront pas l’objet de sanctions pénales.
Il prévoit également la création de bataillons ultra-orthodoxes spéciaux dans les rangs de l’armée israélienne et l’ajout de postes haredim dans les services d’urgence et les administrations du pays.
La déclaration de Gantz a été faite après que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé plus tôt dimanche qu’il ne soutiendrait pas la proposition de Netanyahu et a critiqué ses collègues de la coalition pour avoir refusé d’être « flexibles » sur la question des exemptions générales de Tsahal pour la communauté ultra-orthodoxe.
Le leader de l’opposition, Yaïr Lapid, a qualifié de « supercherie » la proposition du Premier ministre de mettre à jour le cadre juridique actuel régissant l’enrôlement des ultra-orthodoxes, et a affirmé qu’aucun Haredi ne s’enrôlerait dans Tsahal dans le cadre de cette proposition.
Dans une déclaration vidéo, Lapid a déclaré que le plan causerait « d’énormes préjudices à l’économie » et susciterait « une discrimination de sang ».
« C’est une insulte aux soldats, aux réservistes, aux morts et aux blessés. Cette loi ne peut être adoptée malgré l’opposition du ministre de la Défense et de deux anciens chefs d’état-major de Tsahal. »
Il a demandé au ministre Gantz et à l’observateur du cabinet de guerre Gadi Eisenkot – les deux anciens chefs d’état-major de l’armée israélienne qui ont exprimé leur opposition à la proposition – d’opposer leur veto au projet de loi.
La déclaration de Lapid est survenue alors que Gantz annonçait que son parti HaMahane HaMamlahti quitterait la coalition si le projet de loi de Netanyahu était adopté.
Les hommes ultra-orthodoxes en âge de servir dans l’armée ont pu éviter le service militaire pendant des décennies en s’inscrivant dans des yeshivot pour étudier la Torah et en obtenant des reports répétés d’un an jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de l’exemption militaire.
Les gouvernements successifs de Netanyahu se sont efforcés de parvenir à un consensus sur une législation traitant de la question depuis qu’une décision de la Haute Cour de 2017 avait déterminé que les exemptions générales de service militaire pour les ultra-orthodoxes étudiant en yeshiva étaient discriminatoires et anticonstitutionnelles, et avait ordonné à l’État de trouver une solution à ce problème.
Après l’expiration de la loi qui encadrait l’exemption de service militaire des ultra-orthodoxes, l’année dernière, le gouvernement avait adopté une résolution donnant pour instruction aux institutions de l’État de ne pas enrôler les jeunes Haredim alors même qu’une nouvelle législation portant sur leur exemption était préparée. Cette résolution doit expirer le 31 mars.