Gantz revient sur son partenariat avec Netanyahu
Au cours d'un entretien télévisé tendu, le ministre de la Défense et Premier ministre d'alternance dit faire ce qu'il pense être juste pour le pays
Le ministre de la Défense et Premier ministre d’alternance Benny Gantz a expliqué, samedi, qu’il était opposé à une autre élection prématurée dans un contexte de féroces désaccords entre sa formation Kakhol lavan et le Likud de Benjamin Netanyahu concernant le vote du budget de l’Etat et que s’il devait émerger de son gouvernement de coalition comme un « pigeon politique, alors ainsi soit-il ».
Gantz a accordé un entretien long et parfois tendu à Dana Weiss, de la Douzième chaîne, réagissant parfois avec mécontentement aux suggestions de la journaliste selon lesquelles il ne serait pas à la hauteur ou qu’il serait manipulé par Netanyahu à chaque occasion.
Selon leur accord de coalition, Gantz doit devenir Premier ministre au mois de novembre 2021 dans le cadre d’un arrangement de partage de pouvoir entre sa formation et celle de Netanyahu, mais le Premier ministre – dont le mandat est le plus long de toute l’histoire d’Israël – chercherait des moyens pour éviter de devoir abandonner son poste, et notamment en organisant un nouveau scrutin.
Weiss a déclaré : « tout ce contre quoi vous aviez été mis en garde arrive aujourd’hui. On vous avait dit qu’il était impossible de faire confiance à Netanyahu… On vous avait dit qu’à la première occasion, il réclamerait de nouvelles élections… qu’il serait toujours en avance sur vous de quelques mètres. Et tout cela s’est réalisé ».
« Je ne peux pas être déçu », a rétorqué Gantz. « Je peux en effet me trouver dans une situation politique indésirable. Vous avez le droit de me dire qu’en tant que politicien, ‘là, vous avez été trompé, et là aussi, vous avez été trompé’, mais je me demande… parce que c’est cela qui est le plus important : Dira-t-on, sur ma stèle, ‘il a été trompé’ ou dira-t-on : ‘Il a fait tout ce qu’il a pu au service de son peuple ?’, » a-t-il interrogé.
L’Etat d’Israël, a-t-il affirmé, « mérite un dirigeant qui a de bonnes intentions, un dirigeant dont les agissements sont bons ».
Gantz a précisé que les besoins du pays étaient plus importants que ses propres intérêts politiques, notant qu’il ne subissait pas les mêmes pressions que Netanyahu, sur lequel plane l’ombre d’un procès pour corruption.
« Je pense qu’il se préoccupe du pays », a déclaré Gantz en évoquant Netanyahu, ajoutant qu’il estimait que les deux parties travaillaient mieux ensemble que cela pouvait paraître être le cas.
Un nouveau scrutin peut toutefois « toujours arriver », a dit Gantz. Cela serait « une mauvaise chose pour Israël et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que les Israéliens ne doivent se rendre encore une fois aux urnes ».
Il a ajouté espérer que Netanyahu ressente la même chose.
Interrogé sur le soutien apporté par Kakhol lavan à un projet de loi interdisant la thérapie de conversion gay par des psychothérapeutes, s’opposant en cela au positionnement adopté par la coalition – le Likud a, pour sa part, accusé la formation centriste de « manquement à ses obligations » – le ministre de la Défense a répondu : « Je suis entré dans ce partenariat [l’accord de coalition avec Netanyahu] pour l’Etat d’Israël et s’il doit y avoir, de manière occasionnelle, des problèmes qui s’approchent de la ligne rouge – des problèmes judiciaires, de droits civils, ou de liberté – et qui m’amènent à…devoir payer un prix au niveau politique, alors tant pis ».
« Que puis-je dorénavant faire sinon ce qui est bon pour mon pays ?… Ce qui est important, c’est ce qu’il se passe ici, c’est comment les choses se passent. Je vais m’engager totalement et s’il s’avère qu’après ça, je suis considéré comme un pigeon politique… alors ainsi soit-il », s’est-il exclamé.
Il a noté être bien décidé à assumer les fonctions de Premier ministre.
S’il doit y avoir un nouveau scrutin, « les gens voteront comme ils le jugeront bon », a poursuivi Gantz, reconnaissant la déception de certains électeurs de Kakhol lavan quand il avait signé l’accord de coalition avec Netanyahu. « Je vous le dis maintenant, s’il faut faire un choix entre la politique et le pays, le choix se portera sur le pays ».
« Je ne suis pas sûr que les choses soient dans le même ordre » pour Netanyahu, a-t-il continué.
Selon une enquête diffusée par la Douzième chaîne avant l’entretien, 63 % des Israéliens ont dit penser que le parti Kakhol lavan, dirigé par Gantz, n’était pas une alternative à Netanyahu et 65 % ont estimé que l’entrée de Gantz dans la coalition avait été une erreur.
Le sondage avait été réalisé par Migdam et iPanel auprès de 503 personnes interrogées par téléphone et par internet, avec une marge d’erreur estimée à 4,4 %.
Une majorité de personnes interrogées, 74 %, ont dit avoir le sentiment que Gantz n’avait que peu à pas d’influence sur les décisions prises par le gouvernement.