Gardiens de la Révolution, organisation terroriste ? Téhéran promet de riposter
Selon le Wall Street Journal, Washington doit placer les Gardiens de la Révolution sur sa liste des organisations "terroristes", ce qui fait réagir les dirigeants iraniens
Des dirigeants iraniens ont promis dimanche de riposter à la décision attendue des Etats-Unis de placer les Gardiens de la Révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique, sur la liste des organisations « terroristes ».
Des dirigeants iraniens n’ont pas manqué par ailleurs de réagir dimanche aux informations rapportées par le quotidien américain le Wall Street Journal selon lequel Washington doit placer lundi les Gardiens de la Révolution sur sa liste des organisations « terroristes ».
Promesse de riposte
Le chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Ali Jafari, a averti que les troupes américaines ne connaîtraient « plus la paix dont ils jouissent aujourd’hui » au Moyen-Orient si Washington allait de l’avant avec cette « stupidité », selon le site des Gardiens de la Révolution.
Selon le Wall Street Journal, l’armée américaine et la CIA auraient des doutes sur l’efficacité de cette mesure. Le Pentagone et la CIA s’inquiéteraient notamment des répercussions sur les troupes américaines déployées dans la région.
Le chef de la commission parlementaire iranienne des Affaires étrangères et de la sécurité nationale a également mis en garde Washington.
« Nous avons élaboré un projet de loi en urgence et dès que les Américains mettront les Gardiens sur leur liste, nous classerons les troupes américaines sur la liste des ‘groupes terroristes’ au même titre que Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) », a dit Heshmatollah Falahatpisheh, cité par dimanche l’agence Isna.
La majorité des députés iraniens ont indiqué en outre dans une déclaration que toute « atteinte à la sécurité nationale et aux forces armées » constituait une « ligne rouge ».
Les partisans du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a également pour bête noire l’Iran, « cherchent en fait à entraîner les USA dans un bourbier », a déclaré pour sa part dans un tweet le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif.
#NetanyahuFirsters who have long agitated for FTO designation of the IRGC fully understand its consequences for US forces in the region. In fact, they seek to drag US into a quagmire on his behalf.@realDonaldTrump should know better than to be conned into another US disaster. pic.twitter.com/i4bcfgxybT
— Javad Zarif (@JZarif) April 7, 2019
Le poids politique et économique des Gardiens de la Révolution est considérable en Iran. Leur unité d’élite, la force Qods, soutient les forces alliées de l’Iran dans la région, comme les troupes du président syrien Bachar al-Assad ou le mouvement terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé Bagdad à réclamer le départ des troupes américaines d’Irak « le plus tôt possible », lors d’un entretien à Téhéran avec le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi.
« Vous devez prendre des actions pour vous assurer que les Américains retirent leurs troupes d’Irak le plus tôt possible car partout où ils (les Américains) ont une présence durable, les forcer ensuite à partir devient problématique », a dit lors d’une rencontre samedi le numéro un iranien, selon son site officiel.
« Les Américains, qui ne veulent pas des actuels gouvernement et Parlement en Irak (…), complotent pour les éjecter de la scène politique », a encore argué M. Khamenei.
M. Adel Abdel Mahdi se trouve depuis samedi en Iran, pays à couteaux tirés avec les Etats-Unis, l’autre grande puissance agissante en Irak.
L’Iran est le deuxième fournisseur de l’Irak pour les produits importés et un pourvoyeur vital de ressources énergétiques, dans un pays miné par les pénuries d’électricité.
Calendrier de départ ?
L’Iran et l’Irak, deux pays à majorité chiite, se sont livrés une guerre meurtrière (1980-1988) mais leurs relations ont changé avec la chute de Saddam Hussein en 2003, après l’invasion américaine. L’Iran y soutient désormais de nombreux partis et groupes armés.
Téhéran a notamment joué un rôle majeur en Irak face au groupe Etat islamique (EI), contre lequel se battaient aussi les Etats-Unis, à la tête d’une coalition internationale.
La volonté annoncée en février par le président américain Donald Trump de rester en Irak pour « surveiller l’Iran » après le départ des troupes américaines de Syrie a suscité l’indignation à Bagdad et relancé les appels à pousser les troupes américaines à quitter le pays.
Depuis l’invasion emmenée par les Etats-Unis en 2003, la présence américaine fait débat en Irak. Au plus fort de la lutte contre l’insurrection, jusqu’à 170 000 militaires américains étaient présents, avant un retrait massif fin 2011.
Des soldats américains sont ensuite revenus au sein de la coalition anti-EI formée en 2014.
Depuis la déclaration de M. Trump, des factions armées chiites proches de l’Iran ont poussé pour le dépôt devant le Parlement d’une proposition de loi visant à imposer un calendrier de départ aux soldats américains.