Gaza – Une vidéo montre une frappe aérienne contre des hommes tentant de secourir un garçon blessé
Une Palestinienne a filmé les 2 frappes qui ont, semble-t-il, touché Mohammed Salem, 13 ans, et les hommes venus à son secours ; Tsahal n'a pas fait de commentaire à ce stade
Une journaliste palestinienne de Gaza a attiré l’attention internationale en diffusant des images montrant une frappe aérienne israélienne contre un jeune garçon, dans une rue du nord de la bande de Gaza. Un autre clip montre une nouvelle attaque menée à l’encontre d’ un groupe d’hommes venus à son secours.
Sur ces images qui ont été tournées le 18 octobre par la journaliste Wafaa Thaher, âgée de 21 ans, on voit un jeune garçon blessé, allongé dans la rue, en train d’agiter les bras en signe de détresse, suite à une frappe ayant creusé un petit cratère fumant à proximité, non loin du camp de réfugiés de Jabaliya sur lequel l’armée israélienne a mené une nouvelle offensive pour empêcher une résurgence du Hamas.
Thaher, qui est elle-même originaire de Jabaliya, a envoyé une copie de sa vidéo au Washington Post, qui l’a vérifiée avant d’y ajouter des sous-titres anglais.
Thaher a expliqué au Post qu’elle avait commencé à filmer après avoir entendu des explosions, lors d’une frappe israélienne, et remarqué que l’enfant, présenté plus tard sous le nom de Mohammed Salem, 13 ans, demandait de l’aide.
« C’est un enfant », l’entend-on dire pendant qu’elle filme. « Il est en mille morceaux. Pourquoi l’ont-ils visé ? »
On voit ensuite une dizaine d’hommes arriver et, incrédules, prendre conscience de la présence de Salem, en train de défaillir. Ils courent alors dans sa direction en demandant de l’aide.
Quelques instants plus tard, alors que deux hommes tentent de soulever Salem du sol, un nouveau bombardement précipite les hommes par terre.
את הווידאו הזה שפורסם בוושינגטון פוסט כל אזרח ישראלי צריך לראות. זה קשה לצפייה וזה קורע לב, אבל חובה. בעזה יש בני אדם שחיים בכל יום תחת פשעי המלחמה שאנחנו מבצעים. אסור לעצום עיניים. ילד הופצץ על ידנו, והוא פצוע וזועק לעזרה, ומה הצבא עושה? מפציץ את מי שבאו לעזור לו. למה? פשוט למה? pic.twitter.com/EUr32hP0Hq
— Alon-Lee Green – ألون-لي جرين – אלון-לי גרין ???? (@AlonLeeGreen) October 23, 2024
Dans une deuxième vidéo, filmée quelques instants plus tard et également remise au Post, on entend Thaher dire à ses parents qu’elle voit plusieurs blessés et que Salem ne bouge plus.
« Ce n’est pas plus mal qu’il soit mort, il était en pièces », dit-elle.
Le Croissant-Rouge palestinien a confirmé plus tard au Post que Salem avait succombé à ses blessures tout comme un second garçon âgé de 14 ans, qui avait eu les pieds arrachés lors du deuxième bombardement. Une vingtaine de personnes ont été blessées lors de la deuxième frappe, a ajouté le Croissant-Rouge palestinien.
Interrogée, l’armée israélienne a déclaré au Post qu’elle « oeuvrait au démantèlement des capacités militaires et administratives du Hamas » et qu’elle prenait « des précautions pour éviter de nuire aux civils », sans pour autant expliquer la raison pour laquelle elle avait mené ces frappes ni quelle était leur cible.
Des centaines de milliers de civils palestiniens vivraient toujours à Jabaliya et dans les villes environnantes du nord de Gaza, malgré les ordres d’évacuation répétés de Tsahal.
Alors que des milliers de personnes ont fui, certaines sont restées, parce qu’elles ne peuvaient ou ne voulaient pas évacuer, et dans certains cas, parce que le Hamas les en aurait empêchés.
Selon des Palestiniens, l’armée israélienne prendrait pour cibles ceux qui tentent de fuir – ce que Tsahal nie catégoriquement.
Ces derniers jours, l’armée israélienne a indiqué qu’avec la reprise des combats, près de 20 000 personnes avaient quitté Jabaliya.
Le 13 octobre dernier, après une interruption de deux semaines, début octobre, de l’aide humanitaire au nord de Gaza, l’administration Biden a donné à Israël 30 jours pour prendre des mesures face à la crise humanitaire, sauf à prendre le risque de mettre en péril la fourniture de certaines armes offensives.
L’armée israélienne a déclaré mardi que plus de 230 camions d’aide étaient entrés dans le nord de Gaza avec des vivres, de l’eau, des fournitures médicales ainsi que du matériel pour s’abriter.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 42 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans la bande de Gaza lors des combats.
Ce bilan ne peut être vérifié et ne fait pas le distinguo entre civils et hommes armés.
En août, Israël a revendiqué la mort de 17 000 hommes armés au combat et d’un millier d’autres terroristes sur le territoire israélien le 7 octobre 2023.
Israël dit faire en sorte de limiter les pertes civiles et rappelle que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, en menant les combats depuis des emprises civiles – maisons, hôpitaux, écoles et mosquées.