Génocide arménien au Bundestag : un vote « absurde », selon Yildirim
Le Premier ministre turc a indiqué que les dégâts dans la relation avec Berlin seront limités ; le texte a toutes les chances d'être adopté
Le vote prévu jeudi au Bundestag sur une résolution reconnaissant le génocide des Arméniens, que nie catégoriquement Ankara, est « absurde », a déclaré mercredi le Premier ministre turc, mettant en garde contre une détérioration des relations avec l’Allemagne si elle était adoptée.
« C’est un vote absurde. Il faut laisser l’histoire aux historiens », a affirmé Binali Yildirim devant la presse à Ankara.
Même s’il a souligné que l’adoption du texte aurait un « impact défavorable » sur les liens entre Ankara et Berlin, M. Yildirim a estimé que les dégâts seront limités.
« Il ne se passera rien, ce texte n’a aucune valeur pour nous, ils sera nul et non avenu », a-t-il indiqué. Il a ainsi exclu que la Turquie riposte au vote des députés allemands en tournant le dos à l’accord sur les migrants conclu en mars avec l’Union européenne (UE).
« La Turquie n’est pas un Etat de tribus. Elle a de longues traditions », a assuré M. Yildirim.
Le projet de résolution parlementaire allemande est proposé par les groupes parlementaires de la majorité – les conservateurs de la CDU/CSU et le SPD – ainsi que par celui des Verts, formation de l’opposition. Il a toutes les chances d’être adopté.
La Turquie a dans le passé réagi à l’adoption de tels textes par des pays européens en rappelant temporairement ses ambassadeurs en poste dans ces capitales.
Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu au téléphone avec la chancelière allemande Angela Merkel, exhortant au « bon sens » et lui a fait part de ses « inquiétudes ».
Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l’Empire ottoman. Nombre d’historiens et plus de vingt pays, dont la France, l’Italie et la Russie, ont reconnu un génocide.
La Turquie affirme pour sa part qu’il s’agissait d’une guerre civile, doublée d’une famine, dans laquelle 300 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.