Giora Eiland : Si le Hezbollah attaque, faisons la guerre au Liban
« En plus des cibles du Hezbollah, nous devrions aussi attaquer l’armée, les aéroports, les ports et d’autres atouts stratégiques du Liban”, selon l'ancien chef des opérations de l’armée israélienne
Si le Hezbollah attaque Israël en représailles pour l’assassinat attribué à Israël du chef terroriste Samir Kuntar, Israël devrait diriger sa propre riposte non seulement contre le Hezbollah, mais également contre l’état du Liban dans lequel il opère, a déclaré mercredi l’ancien chef du conseil de sécurité nationale, le commandant général (réserve) Giora Eiland.
Puisqu’une guerre Israël-Hezbollah totale impliquerait probablement plusieurs centaines de roquettes tombant sur les centres de population civile israélienne, alors que les frappes d’Israël contre le Hezbollah seul laisseraient le monde « indifférent » au résultat du conflit, a écrit Eiland dans un éditorial publié sur le site d’information Ynet.
L’objectif d’un assaut plus large sur le Liban, a expliqué l’ancien directeur de la planification et des opérations de l’armée israélienne, augmenterait les coûts pour les alliés du Hezbollah et la communauté internationale, menant à des pressions sur le Hezbollah pour cesser les tirs de roquettes sur les villes israéliennes.
« Si et quand des activités hostiles commenceront depuis le territoire libanais, [Israël] devrait mener une guerre entre l’Etat d’Israël et l’Etat du Liban. Pendant la seconde guerre du Liban nous avons essayé de ne vaincre que le Hezbollah, laissant l’Etat du Liban, son gouvernement, son armée et son infrastructure en dehors du jeu. Si nous menons ainsi la troisième guerre du Liban, les résultats seront beaucoup plus sinistres que dans la guerre précédente. »
Alors qu’Israël aurait « supposément » amélioré ses capacités contre le Hezbollah depuis 2006, « le Hezbollah s’est relativement amélioré beaucoup plus que nous, a écrit Eiland. S’il y a donc un tel conflit, et s’il dure 34 jours (comme la seconde guerre du Liban), les dommages, les pertes et les destructions dans l’Etat d’Israël seront insupportables. »
Ceci mène à une conclusion « simple » : « La prochaine guerre devra être menée contre l’Etat du Liban. En plus des cibles du Hezbollah, nous devrions aussi attaquer l’armée libanaise, les infrastructures du Liban, les aéroports, les ports et d’autres atouts stratégiques. Puisque personne dans le monde (le Syrie et l’Iran d’un côté, et l’Arabie Saoudite, l’Europe et les Etats-Unis de l’autre) n’a d’intérêt dans la destruction du Liban, et puisque cela serait le résultat inévitable d’une guerre totale entre Israël et le Liban, il y aura une énorme pression internationale de toutes parts pour atteindre un cessez-le-feu après trois jours plutôt qu’après 34 jours et c’est exactement ce dont Israël a besoin. »
Selon Eiland, exiger un coût pour chaque attaque de Hezbollah à l’Etat libanais – l’organisation chiite siège au parlement et au cabinet libanais – rendrait « possible d’empêcher la guerre, puisque la majorité du monde est indifférente à tout dommage pour le Hezbollah (ou Israël) mais ne serait pas indifférente à la possibilité de la destruction du Liban. »
Cette semaine, l’armée israélienne a demandé aux fermiers vivant près de la frontière nord de limiter leurs activités près du territoire libanais.
Elle a également mis en place des protocoles de sécurité supplémentaires dans la région, dans l’attente de représailles du Hezbollah pour la mort, dimanche, du terroriste affilié au Hezbollah Samir Kuntar dans un tir de missile près de Damas.
Les soldats de l’armée israélienne opérant à la frontière nord ont reçu l’ordre de porter des casques et des gilets pare-balles pour se protéger contre de possibles tirs de snipers situés de l’autre côté de la frontière.
Le Hezbollah a juré de venger l’assassinat de Kuntar, déclarant qu’il avait été mené par Israël.
Plus tard dimanche, trois roquettes tirées depuis le Liban ont atterri dans le nord d’Israël, mais n’ont pas été revendiquées par le Hezbollah.
Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, a déclaré dans un discours télévisé lundi soir que son organisation chiite terroriste basée au Liban répondrait au meurtre.

« Nous nous réservons le droit de répondre à cet assassinat au lieu et au moment de notre choix. Nous, au Hezbollah, exercerons ce droit », a-t-il déclaré lors de son discours depuis Beyrouth.
Le Hezbollah a déclaré que Kuntar, qui a passé presque trente ans dans une prison israélienne pour son rôle dans les meurtres brutaux d’une famille de Nahariya en 1979, avait été tué dans la nuit de samedi avec huit autres personnes dans une frappe aérienne sur une construction résidentielle de Jaramana, dans la banlieue de la capitale syrienne Damas.
« Je tiens Israël pour responsable de l’assassinat de Kuntar », a déclaré Nasrallah.
Nasrallah s’est rappelé de la première fois qu’il a rencontré Kuntar après sa libération de prison d’Israël.
« Kuntar m’a dit, le premier jour où nous nous sommes rencontrés, ‘J’ai quitté la Palestine pour retourner en Palestine’, a-t-il déclaré. Kuntar a refusé de prendre toute responsabilité publique ou politique, il voulait seulement combattre Israël. »
Le dirigeant du Hezbollah a accusé Israël de tirer des missiles guidés sur le bâtiment où Kuntar vivait. Il a écarté des rapports syriens disant qu’il ne s’agissait pas d’Israël, mais plutôt de rebelles, qui auraient tué Kuntar.
« Nous n’avons aucun doute que l’ennemi israélien est derrière l’assassinat dans une opération militaire flagrante », a-t-il déclaré, selon le site d’information Naharnet.
Nasrallah a également loué la jeunesse palestinienne qui s’est impliquée dans la vague actuelle d’attaques terroristes contre Israël, et a fait remarquer, admiratif, que Kuntar lui-même n’était qu’un adolescent quand il a mené sa attaque célèbre, dans laquelle il a tué une fillette israélienne en lui fracassant son crâne avec la crosse de son fusil et son père.