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Hanegbi : Le chemin vers la normalisation saoudienne « est long » mais encore possible

Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a quant à lui déclaré qu'Israël n'a jamais été "aussi proche d'un accord de paix avec les Saoudiens"

Le conseiller à la Sécurité nationale Tzachi Hanegbi arrivant à la réunion hebdomadaire du cabinet au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 7 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le conseiller à la Sécurité nationale Tzachi Hanegbi arrivant à la réunion hebdomadaire du cabinet au Bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 7 mai 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le conseiller à la Sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, a estimé lundi que la route vers un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite est longue mais toujours possible.

« Nous avons été positivement surpris il y a quelques mois lorsque la Maison Blanche a déclaré qu’elle s’efforçait de parvenir à un accord avec les Saoudiens », a déclaré Hanegbi à la chaîne publique israélienne Kan.

« Pour l’instant, les discussions n’en sont pas au stade où l’on discute d’un accord complet », a-t-il ajouté.

« Je peux m’identifier à ce que le président américain a dit dans une interview il y a quelques jours, lorsqu’il a déclaré que la route était encore longue mais qu’il pensait qu’il y aurait une possibilité de progrès sur la question », a ajouté Hanegbi, qui a précisé que l’accent est actuellement mis sur les accords entre les États-Unis et l’Arabie saoudite.

Hanegbi a rejeté les récentes affirmations de certains médias israéliens concernant de probables concessions, affirmant « qu’Israël ne cédera à rien qui puisse nuire à sa sécurité ».

Interrogé sur l’approbation d’une demande saoudienne de développement d’une centrale nucléaire, Hanegbi a déclaré qu’un tel plan n’est pas une préoccupation pour Israël, car « ce n’est pas quelque chose qui les met en danger, ni eux, ni leurs voisins ».

Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen lors d’une interview au ministère des Affaires étrangères, à Jérusalem, le 12 juin 2023. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a quant à lui affirmé qu’Israël est plus proche que jamais d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.

« Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord de paix avec l’Arabie saoudite », a déclaré Cohen lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne.

Il a ajouté que la question palestinienne « n’est pas un obstacle » à la conclusion d’un tel accord avec l’Arabie Saoudite, bien qu’il refuse de répondre à la question de savoir si Israël procéderait à un gel de la colonisation si Ryad l’exigeait.

Vendredi, le président américain Joe Biden avait fait allusion à de possibles progrès dans un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, un jour après que de hauts fonctionnaires de la Maison Blanche se sont rendus à Jeddah pour des discussions sur un accord qui comprendrait un renforcement massif des liens de sécurité entre Ryad et Washington, et des concessions israéliennes significatives aux Palestiniens visant à maintenir en vie les perspectives d’une solution à deux États.

À gauche, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman à Jeddah, en Arabie saoudite, le 19 mai 2023. Au centre : le Premier Ministre Benjamin Netanyahu, à Jérusalem. À droite, le président américain Joe Biden, à Washington, le 2 novembre 2022. (Crédit : Agence de presse saoudienne via AP; Alex Kolomoisky/Pool/Flash90 ; Michael A. McCoy /Getty Images NORTH AMERICA /Getty Images via AFP)

Le New York Times a rapporté que Biden n’avait pas encore pris position sur l’éventualité d’un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, qui nécessiterait probablement un pacte de sécurité solide entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, mais qu’il avait néanmoins dépêché le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan et Brett McGurk pour discuter des termes d’un accord potentiel.

Washington a également cherché à promouvoir un accord de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite en tenant compte des avantages pour la sécurité nationale des États-Unis.

Dans le cadre d’un accord potentiel, Ryad cherche à obtenir un traité de sécurité mutuelle de type OTAN qui obligerait les États-Unis à se porter à son secours en cas d’attaque ; un programme nucléaire civil contrôlé et soutenu par les États-Unis ; et la possibilité d’acheter à Washington des armements plus avancés tels que le système de défense anti-missile balistique THAAD (Terminal High Altitude Area Defense), qui pourrait être utilisé pour lutter contre l’arsenal de missiles de plus en plus important de l’Iran, a écrit Thomas L. Friedman, du New York Times, dans sa chronique jeudi, confirmant un précédent article du Times of Israel.

En échange, les États-Unis attendent de Ryad qu’il offre un programme d’aide d’une ampleur sans précédent aux institutions palestiniennes de Cisjordanie, qu’il réduise de manière significative ses relations croissantes avec la Chine et qu’il contribue à mettre fin à la guerre civile au Yémen, selon l’éditorialiste, qui a obtenu plusieurs entretiens récents avec Biden et qui est considéré comme un proche du président.

Parallèlement, Ryad exigera également qu’Israël prenne des mesures importantes pour préserver une solution à deux États afin de garantir la normalisation avec l’Arabie saoudite.

Friedman a écrit que ces mesures pourraient inclure une promesse officielle d’Israël de ne jamais annexer la Cisjordanie (dans le cadre de l’accord de normalisation de 2020 avec les Émirats arabes unis, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accepté de ne pas concrétiser sa promesse d’annexion avant 2024), un engagement à ne pas créer de nouvelles implantations ou à ne pas étendre les limites des implantations déjà existantes, un engagement à ne pas légaliser les avant-postes illégaux et la renonciation à certains territoires peuplés de Palestiniens dans la zone C de la Cisjordanie, qui est contrôlée par Israël dans le cadre des Accords d’Oslo.

Netanyahu pourrait bien être contraint d’abandonner les membres d’extrême-droite de son cabinet qui s’opposeraient à ces conditions et de s’aligner sur les forces politiques centristes de l’opposition, a spéculé Friedman.

Entre-temps, l’Autorité palestinienne (AP), qui s’est montrée réticente à l’égard d’autres récents accords de normalisation arabes avec Israël, devrait approuver ce dernier accord avec l’Arabie saoudite, écrit-il.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, à gauche, serrant la main du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d’une conférence de presse conjointe, à l’hôtel Intercontinental de Ryad, en Arabie saoudite, le 8 juin 2023. (Crédit : Ahmed Yosri/Pool Photo via AP)

Friedman reconnaît que les dirigeants saoudiens « ne s’intéressent pas particulièrement aux Palestiniens et ne connaissent pas les subtilités du processus de paix », tout en précisant que Biden aurait du mal à signer un accord qui n’inclurait pas de concessions majeures de la part d’Israël sur ce front.

« Il sera déjà difficile pour le président Biden de vendre un tel accord au Congrès américain, mais je peux vous assurer qu’il y aura un fort noyau d’opposition démocrate à toute proposition qui n’inclurait pas de dispositions significatives, clairement définies et applicables pour préserver l’option d’une solution à deux États et pour répondre à la propre demande du président Biden, à savoir que les Palestiniens et les Israéliens jouissent d’une liberté et d’une dignité égales. Ces éléments sont essentiels à toute paix durable au Moyen-Orient », a déclaré le sénateur américain Chris Van Hollen au New York Times.

Friedman a souligné que la négociation d’un tel accord prendrait probablement des mois et qu’il s’agissait encore d’un « objectif lointain, dans le meilleur des cas ».

Biden l’a lui-même dit, en déclarant à CNN au début du mois de juillet : « Nous sommes très loin d’un accord avec l’Arabie saoudite. Nous avons [encore] beaucoup de choses à nous dire. »

Pour sa part, Netanyahu cherche depuis longtemps ce qui est considéré comme un accord de normalisation insaisissable avec les Saoudiens, le décrivant à plusieurs reprises comme l’une des principales priorités de son nouveau gouvernement, qui pourrait conduire à la fin du conflit israélo-arabe et du conflit israélo-palestinien.

Toutefois, des fonctionnaires américains ont averti ces derniers mois que les politiques d’Israël en Cisjordanie et l’avancement de sa refonte judiciaire rendaient pratiquement impossible la conclusion d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.

Samedi, Faisal J. Abbas, rédacteur en chef du quotidien anglophone Arab News, a écrit dans un éditorial qu’à l’issue du dernier déplacement à Jeddah de Sullivan, la semaine passée, « la perspective d’un accord de paix avec Israël se faisait plus palpable ».

Son principal argument tient à la relation entre le royaume et les États-Unis. Abbas explique que les deux pays font face à des ennemis communs et que, si l’Arabie saoudite n’a rien à craindre d’Israël, allié fidèle des États-Unis, alors les États-Unis ne devraient rien avoir à craindre des conditions saoudiennes à la conclusion de cet accord de paix.

Jacob Magid et Lazar Berman ont contribué à cet article.

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