Harris s’engage à soutenir la sécurité d’Israël et l’autodétermination des Palestiniens
En acceptant sa nomination, la candidate démocrate a dit qu'il est temps de conclure un accord, mais qu'elle "veillera toujours à ce qu'Israël ait la capacité de se défendre", citant le 7 octobre
CHICAGO – La vice-présidente américaine Kamala Harris a accepté l’investiture démocrate pour la présidentielle jeudi à Chicago devant une foule très enthousiaste, promettant une « nouvelle voie vers l’avant » et avertissant que Donald Trump ferait reculer l’Amérique s’il remportait l’élection de novembre.
Harris a promis que si elle était élue en novembre, Israël aurait toujours le soutien dont il a besoin pour se défendre, tout en reconnaissant le bilan humanitaire de la guerre à Gaza et en appelant à la conclusion immédiate d’un accord de cessez-le-feu pour mettre fin aux combats et restituer les otages enlevés et retenus par le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« En ce qui concerne la guerre à Gaza, le président Biden et moi-même travaillons sans relâche. Car c’est maintenant qu’il faut conclure un accord de ‘trêve contre libération d’otages’ », a-t-elle déclaré dans son discours lors de la dernière soirée de la Convention nationale du parti démocrate (DNC).
« Laissez-moi être claire : je soutiendrai toujours le droit d’Israël à se défendre et je veillerai toujours à ce qu’Israël ait la capacité de se défendre », a-t-elle ajouté, suscitant un tonnerre d’applaudissements de la part des dizaines de milliers de personnes présentes à l’United Center.
Cette déclaration équivaut à un rejet d’une frange des délégués démocrates, très bruyante et très protégée, qui réclame un embargo sur les armes à destination d’Israël.
Plusieurs milliers de manifestants anti-Israël sont venus protester contre la DNC, mais les manifestations, qui ont attiré beaucoup moins de monde que les organisateurs ne l’avaient prévu, n’ont eu qu’un effet minime sur la convention.
Harris on Israel/Gaza:
"I will always stand up for Israel's right to defend itself"
"At the same time, what has happened in Gaza is devastating"
"[I will work to make sure] The Palestinian people can realize their right to dignity, security, freedom, and self-determination" pic.twitter.com/Kkhc0lW8qJ
— Erin Reed (@ErinInTheMorn) August 23, 2024
Harris ne s’est pas écartée publiquement de la politique de l’administration Biden concernant Israël au cours de son mandat de vice-présidente, bien que certains aient considéré que sa rhétorique pendant la guerre menée contre le Hamas mettait davantage l’accent sur le sort des Palestiniens.
Avant un rassemblement à Detroit le mois dernier, Harris avait brièvement rencontré, dans une file d’attente, les fondateurs du « Uncommitted National Movement », qui a mené un vote de protestation de masse lors des primaires du parti démocrate en raison du soutien du président américain Joe Biden à Israël dans la guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre.
À l’issue du rassemblement, les militants d’extrême-gauche du mouvement Uncommitted ont déclaré que Harris s’était montrée disposée à les rencontrer pour discuter d’un embargo sur les armes à destination d’Israël.
La direction de la campagne de Harris a d’abord publié une déclaration qui ne faisait aucune mention d’un embargo sur les armes, suivie d’une déclaration plus définitive s’opposant fermement à cette politique.
Les 30 délégués Uncommitted du parti, sur les quelque 4 700 présents à la DNC, se sont vu refuser la demande d’intervention d’un représentant palestinien.
Harris a clairement indiqué dans son discours qu’elle maintiendrait la politique de Biden. « Le peuple d’Israël ne doit plus jamais être confronté à l’horreur que le groupe terroriste du Hamas a provoquée le 7 octobre, notamment à des violences sexuelles innommables et au massacre de jeunes gens lors d’un festival de musique. »
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
« Et sachez ceci : je n’hésiterai jamais à prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre nos forces et nos intérêts contre l’Iran et les terroristes soutenus par l’Iran », a poursuivi Harris.
« Pour autant, ce qui s’est passé à Gaza au cours des dix derniers mois est dévastateur. Tant de vies innocentes, de personnes affamées fuyant sans cesse pour se mettre à l’abri. L’ampleur de la souffrance est déchirante », a-t-elle ajouté.
« Le président Biden et moi-même travaillons à mettre fin à cette guerre de manière à ce qu’Israël soit en sécurité, que les otages soient libérés, que la souffrance à Gaza prenne fin et que le peuple palestinien puisse réaliser son droit à la dignité, à la sécurité, à la liberté et à l’autodétermination », a ajouté Harris, suscitant les applaudissements les plus nourris durant la partie de son discours consacrée à la politique étrangère.
L’administration Biden est fortement impliquée dans les pourparlers en cours entre Israël et le Hamas pour parvenir à un accord de libération des 105 otages encore en captivité, dont des dizaines ne sont plus en vie, en échange d’un cessez-le-feu et de la libération de centaines de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
Ces remarques sur Gaza ont été prononcées à la fin du discours de Harris jeudi, dans lequel la vice-présidente a appelé les Américains à se joindre à elle pour « tracer une nouvelle voie » et a fait valoir que son histoire personnelle et son expérience de procureure la rendaient particulièrement qualifiée pour protéger leurs intérêts et battre le républicain Trump.
Harris a surtout consacré son discours de jeudi à exhorter les Américains à saisir ce qu’elle a appelé une « occasion précieuse et fugace » de dépasser les divisions politiques, cherchant à présenter un contraste entre sa campagne et celle de Trump.
Dans son discours, elle a énoncé de grands principes de politique étrangère et intérieure, mais n’a pas précisé les détails spécifiques qu’elle pourrait être amenée à fournir dans les semaines à venir.
Harris a poursuivi le thème de la liberté de sa campagne, s’engageant à protéger le droit à l’avortement dans tout le pays et ajoutant que « de nombreuses autres libertés fondamentales sont en jeu », appelant à lutter contre la violence armée et le dérèglement climatique et à protéger les droits des LGBT, ainsi que « la liberté qui déverrouille toutes les autres, la liberté de vote ».
La vice-présidente a accusé Trump de ne pas se battre pour la classe moyenne, de planifier une hausse des impôts à travers ses propositions et d’avoir mis en route la fin d’un droit constitutionnel à l’avortement avec ses choix pour la Cour suprême des États-Unis.
Harris s’est concentrée sur sa propre vie, parlant longuement de sa mère, une chercheuse en cancérologie qui a immigré aux États-Unis à l’âge de 19 ans depuis l’Inde, que la candidate a décrite comme « une femme brune, brillante, d’un mètre soixante-dix, avec un accent ».
Elle a souligné ses références en matière de respect de la loi et de l’ordre, notamment sur la question de la frontière sud des États-Unis. « En tant que présidente, je ramènerai le projet de loi bipartisan sur la sécurité des frontières que [Trump] a anéanti. Et je la signerai pour qu’elle ait force de loi », a-t-elle déclaré.
Trump, pour qui l’immigration a toujours été une question centrale, s’est opposé à une réforme majeure de l’immigration en mai et est accusé par les Démocrates de la saboter pour aider sa campagne de réélection.
Harris a noté le récent arrêt de la Cour suprême sur l’immunité présidentielle et les risques que cela engendrerait, selon elle, si Trump accédait à nouveau au pouvoir. « Imaginez un peu Donald Trump sans garde-fou », a-t-elle déclaré.
Harris a fait le lien entre la politique intérieure de son adversaire et sa propre promesse de soutenir l’Ukraine, accusant le républicain de dénigrer l’OTAN. « Trump ne demandera pas de comptes aux autocrates – parce qu’il veut être un autocrate », a-t-elle déclaré.
« Dans la lutte durable entre la démocratie et la tyrannie, je sais où je me tiens – et où les États-Unis d’Amérique se situent », a-t-elle ajouté, en concluant son discours.
À la fin du discours de Harris, 100 000 ballons sont apparus sur la foule. Pour les gonfler, il a fallu 75 bénévoles, 30 membres du personnel et une douzaine de machinistes syndiqués.
La candidate démocrate a levé un montant record de 500 millions de dollars en un mois et a soit réduit l’écart, soit pris l’avantage sur Trump dans de nombreux sondages d’opinion portant sur les États décisifs.
À l’échelle du pays, elle devance Trump de 46,6 % à 43,8 %, selon une compilation de sondages réalisée par FiveThirtyEight.