Heiko Maas : Je suis entré en politique à cause d’Auschwitz
Dans son discours inaugural, un ministre allemand a déclaré que la responsabilité de Berlin envers l'Etat juif "le motive profondément", et annonce sa prochaine visite en Israël
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères a déclaré mercredi qu’il est entré en politique à cause de l’Holocauste.
« Pour moi, l’histoire germano-israélienne n’implique pas seulement une responsabilité historique. Pour moi personnellement, c’est une motivation profonde de mon activité politique », a déclaré Heiko Maas lors de son installation au siège du ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin.
« Avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas entré en politique à cause de [l’ancien chancelier] Willy Brandt. Je ne me suis pas non plus lancé en politique à cause du mouvement pour la paix ou des préoccupations écologiques. Je suis entré en politique à cause d’Auschwitz. Et c’est aussi pour cela que cette partie de notre travail est particulièrement importante pour moi », a-t-il dit.
Maas, qui a été ministre de la Justice dans le dernier gouvernement allemand, a profité de l’événement pour annoncer qu’il se rendrait « bientôt » en Israël.
Le social-démocrate de 51 ans devait prendre la parole lors du 6e Forum mondial de lutte contre l’antisémitisme du ministère israélien des Affaires étrangères, qui se tiendra la semaine prochaine à Jérusalem. Mais les organisateurs ont dit mercredi qu’il n’était pas encore certain que Maas puisse assister à la conférence.
La dernière visite de Maas en Israël remonte à février 2017.
A la veille du 70e anniversaire d’Israël, « le lien tragique [entre l’Allemagne et Israël] devient particulièrement palpable pour nous, tout comme le miracle de l’amitié qui s’est développée entre nous », a dit M. Maas dans son discours mercredi, avant de quitter Berlin pour son premier voyage à l’étranger, qui l’a emmené à Paris.
Germany's new Foreign Minister @HeikoMaas at his inauguration: An open society is the best foundation for peace, human rights, prosperity, and development. pic.twitter.com/cdZYbbp3cc
— GermanForeignOffice (@GermanyDiplo) March 14, 2018
En 2015, Maas s’est adressé au 5e Forum mondial à Jérusalem, révélant que des parties importantes du code juridique allemand tel qu’il est utilisé aujourd’hui remontent à l’époque nazie, promettant de changer cela.
Plus tôt mercredi, le nouveau gouvernement de coalition allemand, dirigé pour la quatrième fois par la chancelière Angela Merkel, a été inauguré au Bundestag à Berlin, quelque six mois après les élections. L’accord de coalition conclu le mois dernier entre les conservateurs de Merkel et les sociaux-démocrates réitérait l’engagement de Berlin en faveur de la sécurité d’Israël et reconnaissait la nature juive du pays, mais comportait également pour la première fois une critique explicite des implantations.
« La politique de ‘colonisation’ (sic) actuelle d’Israël est en contradiction avec le droit international applicable et n’est pas soutenue par nous parce qu’elle entrave une solution à deux états », peut-on lire dans le document.
Les précédents traités de coalition entre les deux parties comprenaient notamment le soutien à une solution à deux états, mais ne condamnaient pas les implantations.
Le document, qui a été officiellement signé lundi, prend également pour la première fois position contre la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël avant qu’un accord de paix définitif avec les Palestiniens ne soit conclu. Elle s’engage également pour la première fois à soutenir l’UNRWA, l’organisme des Nations Unies responsable des réfugiés palestiniens, et lance un appel au « progrès démocratique » dans les territoires palestiniens.
Ces passages ont probablement été rédigés en réponse aux récentes mesures prises par l’administration américaine. Le 6 décembre, Washington a reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël et, en réponse à l’opposition farouche de Ramallah, a menacé de couper ou de bloquer le financement pour les Palestiniens.
Le nouvel accord de coalition allemand réaffirme également l’attachement de Berlin à la sécurité d’Israël et reconnaît son caractère d’État juif.
« Nous nous engageons à assumer la responsabilité particulière de l’Allemagne envers Israël en tant qu’État juif et démocratique, ainsi que sa sécurité. Le droit d’Israël à exister et sa sécurité ne sont pas négociables pour nous », précise l’accord.
« L’Allemagne continuera à œuvrer pour une solution au conflit du Moyen Orient fondée sur une solution à deux états », poursuit le texte. « Le statut de Jérusalem, ainsi que d’autres questions relatives au statut définitif, ne seront réglés qu’au cours des négociations afin d’être acceptés de façon permanente et durable. »
« En même temps, nous condamnons tout appel à la violence et à la provocation. Le droit d’Israël à l’existence ne doit pas être remis en question. Nous exigeons que cessent immédiatement toutes les actions – de part et d’autre – qui s’opposent à un accord de paix définitif. Dans les territoires palestiniens, des progrès démocratiques sont nécessaires à tous les niveaux. »
Le nouvel accord de coalition comprend également plusieurs passages consacrés à la lutte contre la haine des Juifs et au soutien aux communautés juives locales.
Ce qui est le plus remarquable, c’est que le nouveau gouvernement promet d’installer un commissaire spécial pour la vie juive en Allemagne et pour lutter contre l’antisémitisme.
Les partenaires de la coalition promettent de « lutter résolument contre l’antisémitisme et d’affronter de la même manière les courants anti-islamiques », dit le rapport. Nous nous engageons à soutenir les communautés juives. Nous sommes heureux qu’après l’Holocauste, une riche vie juive se soit développée en Allemagne. Après la privation des droits et l’assassinat de six millions de Juifs européens, nous, les Allemands, avons une responsabilité éternelle dans la lutte contre l’antisémitisme. »
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