Hollande : « le retour de l’Iran sur la scène internationale est désormais possible »
Le président français doit recevoir la semaine prochaine son homologue iranien à Paris ; Fabius prône "la vigilance" avec l'Iran

Le président français François Hollande, qui doit recevoir la semaine prochaine son homologue iranien Hassan Rouhani à Paris, a estimé jeudi que « le retour de l’Iran sur la scène internationale était désormais possible », après l’accord historique sur le nucléaire entré en vigueur samedi dernier.
« Le retour de l’Iran sur la scène internationale est désormais possible. Il ne dépend que de ce grand pays de le réussir », a déclaré Hollande à l’Elysée, estimant que Téhéran devait « administrer la preuve » de sa bonne volonté, et que tout se jouerait sur « la mise en oeuvre » de l’accord.
Le président français a également appelé à la « désescalade » entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, les deux grands rivaux régionaux, qui ont rompu leurs relations diplomatiques début janvier après l’exécution d’un dignitaire chiite par Ryad.
« Une désescalade est nécessaire », a insisté M. Hollande, assurant que la France était « prête à jouer tout son rôle car elle est dans la situation singulière d’être capable de parler à tous, pour tous ».
« Comme je reçois le président iranien, j’ai aussi la volonté d’avoir les meilleures relations avec les pays du Golfe », a ajouté M. Hollande, artisan d’un net rapprochement de la France avec les pays sunnites de la région, en particulier l’Arabie Saoudite.
« Nos partenaires peuvent compter sur la France. Ils le savent », a déclaré le président français, qui a aussi annoncé qu’il se rendrait prochainement en Egypte, en Jordanie et à Oman pour discuter des tensions régionales.
Téhéran et Ryad s’affrontent par guerres interposées dans la région, en Irak, en Syrie, au Yemen et au Liban.
La France doit « tout faire pour contribuer à la stabilité du Moyen-orient », a-t-il dit.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé lundi que l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire avec l’Iran était « une bonne chose » mais a prôné « la vigilance » dans son application, dans des déclarations en marge d’une conférence sur l’énergie à Abou Dhabi.
M. Fabius, qui se rend mardi en Arabie saoudite avant une visite la semaine prochaine à Paris du président iranien Hassan Rouhani, a en outre écarté une médiation de la France entre Ryad et Téhéran qui ont rompu leurs relations, mais a dit « parler avec tout le monde ».
L’entrée en vigueur samedi de l’accord sur le programme nucléaire iranien, conclu le 14 juillet entre Téhéran et les grandes puissances, « est une bonne chose (…) mais nous entendons être extrêmement stricts sur la surveillance de sa mise en oeuvre », a déclaré M. Fabius. « Nous allons être très vigilants ».
Il a espéré que « l’état d’esprit qui a permis cet accord aura des conséquences positives sur l’attitude générale dans la région de la part de l’Iran », indiquant que les pourparlers de paix syriens, prévus le 25 janvier à Genève, offriraient « une première occasion » pour tester la volonté de Téhéran.
Le chef de la diplomatie française a indiqué que pour que ces pourparlers réussissent, il faut que « toutes les questions soient traitées, y compris bien sûr celle de la gouvernance » mais aussi que « le siège d’une série de villes soit supprimé et qu’on arrête les bombardements indifférenciés ».
M. Fabius a par ailleurs indiqué que, lors de sa visite mardi à Ryad, il devrait rencontrer notamment le roi Salmane « pour discuter de la situation » et préparer une réunion prévue en mars sur la coopération économique entre la France et l’Arabie saoudite.
Interrogé sur une possible médiation française entre le royaume et l’Iran, il a répondu: « une médiation, ce n’est pas le terme exact. Mais nous parlons avec les uns et les autres ».
« La France a des positions qui sont connues. Elle a des amitiés qui sont connues. Et en même temps, c’est un pays totalement indépendant qui recherche la paix e la sécurité, qui n’a pas d’agenda caché et qui parle avec tout le monde », a-t-il tenu à souligner.
L’accord nucléaire du 14 juillet vise à garantir la nature strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange de la levée de sanctions ayant asphyxié l’économie de ce pays qui détient les quatrièmes réserves de brut au monde et les deuxièmes de gaz.