Israël en guerre - Jour 342

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HRW, qui n’a pas condamné les massacres du 7 octobre, accuse Israël d’affamer Gaza

Les Affaires étrangères dénoncent le groupe comme une "organisation antisémite et anti-israélienne" sans "base morale"

Des ouvriers et du personnel déchargent l'aide médicale livrée par le Comité international de la Croix-Rouge à l'hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 décembre 2023, alors que les batailles entre Israël et le Hamas se poursuivent. (Crédit : AFP)
Des ouvriers et du personnel déchargent l'aide médicale livrée par le Comité international de la Croix-Rouge à l'hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 décembre 2023, alors que les batailles entre Israël et le Hamas se poursuivent. (Crédit : AFP)

Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi Israël d’affamer intentionnellement la population civile de la bande de Gaza, invoquant des propos tenus par de hauts responsables et des entretiens avec des Palestiniens déplacés dans l’enclave dirigée par les terroristes palestiniens du Hamas.

« Les forces israéliennes bloquent délibérément l’approvisionnement en eau, nourriture et carburant ; en même temps, elles entravent intentionnellement l’aide humanitaire, rasent apparemment des terrains agricoles et privent la population civile des biens indispensables à sa survie », a dénoncé HRW dans un rapport.

Entre autres commentaires, le communiqué cite le ministre de la Défense Yoav Gallant qui, le 9 octobre, deux jours après le massacre perpétré par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël, a annoncé qu’il avait ordonné « un siège complet de la bande de Gaza. Il n’y aura pas d’électricité, pas de nourriture, pas de carburant, tout est fermé ».

Israël a réagi au rapport de HRW lundi, le qualifiant « d’organisation antisémite et anti-Israël ».

« HRW n’a pas condamné l’attaque contre les citoyens israéliens et le massacre du 7 octobre et n’a donc aucune base morale pour parler de ce qui se passe à Gaza si elle ferme les yeux sur la souffrance et les droits de l’homme des Israéliens », a répondu le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Lior Haiat, à l’AFP.

La guerre a éclaté à Gaza le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes du Hamas ont déferlé sur Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, pour y massacrer près de 1 200 personnes et kidnapper plus de 240 otages de tous âges – pour la plupart des civils – sous le couvert d’un déluge de milliers de roquettes tirées sur les villes et les communautés israéliennes.

En réponse, Israël a promis d’éliminer le groupe terroriste et a lancé une vaste offensive à Gaza qui, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, a fait plus de 18 800 morts. Ce chiffre ne peut être vérifié de manière indépendante, et inclurait à la fois des civils et des terroristes du Hamas, y compris les victimes des tirs de roquettes du groupe terroriste.

« Depuis plus de deux mois, Israël prive la population de Gaza de nourriture et d’eau, une politique encouragée ou approuvée par de hauts responsables israéliens et qui reflète une intention d’affamer les civils en tant que méthode de guerre », a déclaré Omar Shakir, directeur de HRW pour Israël et la Palestine, dans le communiqué. « Les dirigeants mondiaux devraient dénoncer cet odieux crime de guerre, qui a des effets dévastateurs sur la population de Gaza. »

L’article de HRW comprend des citations d’habitants de Gaza qui décrivent la situation humanitaire dans la bande entre le 24 novembre et le 4 décembre. Selon les estimations de l’ONU, 1,9 million de personnes ont été déplacées à Gaza ; les organisations humanitaires craignent que le territoire ne soit bientôt submergé par la famine et les maladies.

Des Gazaouis pillent un camion d’aide humanitaire alors qu’il pénètre dans la bande de Gaza à Rafah, le 17 décembre 2023. (Crédit : Fatima Shbair/AP)

« Nous n’avions ni nourriture, ni électricité, ni Internet, rien du tout », a écrit l’organisation de défense des droits de l’homme, citant les propos d’un Palestinien qui a fui le nord de la bande de Gaza.

Immédiatement après le 7 octobre, conformément à la déclaration de Gallant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est engagé à n’autoriser aucune aide à entrer dans la bande de Gaza, imposant de fait un siège à l’enclave dirigée d’une main de fer par le Hamas.

Mais deux semaines plus tard, Israël a autorisé l’entrée de camions d’aide dans la bande de Gaza par le point de passage égyptien de Rafah, tout en maintenant fermé son propre point de passage de marchandises à Kerem Shalom, arguant qu’il ne faciliterait pas directement l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza tant que des otages s’y trouveraient.

Un peu plus d’un mois après le début de la guerre, Israël a autorisé pour la première fois l’entrée de camions-citernes dans la bande de Gaza, malgré la déclaration initiale de Netanyahu selon laquelle « pas une goutte » ne serait autorisée car elle serait immédiatement détournée par le Hamas.

Quelques semaines plus tard, dans le cadre d’une trêve menée par le Qatar qui a permis au Hamas de libérer 105 otages à la fin du mois de novembre, Israël a accepté une augmentation importante des livraisons, qui sont passées de 50 à 200 camions par jour, et dimanche, Israël a commencé à autoriser l’entrée de l’aide via Kerem Shalom.

Des vidéos ont été diffusées en ligne montrant des hommes armés, vraisemblablement des agents du groupe terroristes du Hamas, volant le chargement de camions d’aide humanitaire en provenance d’Égypte.

HRW a accusé Israël d’utiliser « la famine des civils comme méthode de guerre », ce qui est contraire au droit humanitaire international et constitue une punition collective. L’organisation estime qu’en tant que « puissance occupante à Gaza », Israël est responsable de l’approvisionnement de la population en nourriture et en fournitures médicales.

Outre la nourriture et les produits médicaux, le rapport accuse Israël d’avoir coupé les installations de traitement des eaux usées et de dessalement provoquées par a pénurie de carburant et d’électricité.

Le mois dernier, Israël a affirmé qu’il n’y avait pas de pénurie de nourriture, d’eau ou de fournitures humanitaires à Gaza. Un responsable du ministère de la Défense a déclaré que deux des trois conduites d’eau reliant Israël à Gaza étaient opérationnelles et que certaines des usines de dessalement et des installations de traitement de l’eau qui fournissent au territoire 90 % de son eau en temps de paix étaient opérationnelles, en particulier dans le sud de la bande de Gaza.

Un Palestinien se réchauffe sous sa tente de fortune dans un camp de personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où la plupart des civils se sont réfugiés pendant la guerre entre Israël et le Hamas, le 13 décembre 2023. (Crédit : MAHMUD HAMS / AFP)

Le rapport de HRW appelle en outre les « gouvernements concernés » à faire pression sur Israël « pour qu’il mette un terme à ces abus », et nomment les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l’Allemagne, qui fournissent une assistance militaire à Israël alors que « ses forces continuent de commettre impunément, à l’encontre des civils, des abus graves et généralisés constituant des crimes de guerre ».

Ce rapport est publié alors que le Conseil de sécurité des Nations unies s’apprête à voter sur un projet de résolution plus tard dans la journée de lundi, appelant – toujours sans mentionner le Hamas, – à une « cessation urgente et durable des hostilités afin de permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave à la bande de Gaza » et à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ».

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