Huwara : Gallant rejette un appel à libérer des suspects en détention administrative
Le ministre de la Défense a indiqué que les émeutes meurtrière ont été marquées "du sceau de la honte" et que "nous ne devons pas encourager le terrorisme"
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a rejeté une demande réclamant la libération de quatre partisans juifs du mouvement pro-implantation qui sont actuellement incarcérés sous le régime de la détention administrative en réponse à une lettre qui avait été écrite par 50 ministres, vice-ministres et députés de la coalition.
Deux des détenus sont accusés d’avoir pris part au déchaînement de violences meurtrier de la part de résidents pro-implantation qui avait eu lieu dans la ville palestinienne de Huwara, tandis que les deux autres sont actuellement emprisonnés sous le régime de la détention administrative, qui permet à Israël d’incarcérer des suspects sans mise en examen préalable et sans leur permettre d’accéder aux preuves réunies à leur encontre ou aux services d’un avocat.
Le courrier, qui a été envoyé mardi et qui a été signé par neuf ministres et 41 vice-ministres et autres parlementaires, appelait Gallant à mettre fin à l’arrestation de ces partisans extrémistes du mouvement pro-implantation et à leur mise en détention administrative.
La missive avait été écrite à l’initiative de Limor Son Har-Melech, députée du parti Otzma Yehudit, et elle a été signée notamment par le chef de sa faction, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ainsi que par d’autres ministres – entre autres par Shlomo Karhi, Idit Silman et May Golan du Likud – et par des dizaines de députés.
Gallant a répondu que les mandats d’arrestation à l’encontre des quatre individus avaient été émis en toute légalité à la demande du Shin Bet, sur la base « d’informations de renseignement importantes qui témoignent de la forte dangerosité des détenus ».
Il a noté que l’un des prisonniers, David Chai Chasdai, 29 ans, et un mineur non-identifié n’ont pas seulement pris part aux événements qui ont eu lieu à Huwara mais qu’ils avaient aussi programmé des actes « supplémentaires de violences indiscriminées » qui « mettaient en péril la vie de nombreux habitants ».
Les deux individus « ont aussi un passé riche en matière d’actes de violence contre les forces de sécurité » et les efforts livrés jusqu’à présent n’ont pas permis de les convaincre de ne plus commettre de violences, a ajouté Gallant. Ils avaient été arrêtés peu après l’attaque perpétrée à Huwara.
Les deux autres détenus qui ont été cités dans la lettre sont Avraham Yair Yered, 19 ans et Elchai Carmeli, 21 ans, qui ont été emprisonnés pour des attaques anti-arabes présumées – avec notamment un incident antérieur de violence à Huwara.
Gallant a indiqué que s’il admirait le mouvement pro-implantation, « ces dossiers concernent des individus qui ont fait le choix d’agir de manière hors-la-loi, qui ne représentent pas le mouvement pro-implantation et qui lui portent activement préjudice ».
La lettre, qui a été signée par des représentants de chaque faction de la coalition, a déploré le fait que le ministère de la Défense semble traiter les résidents d’implantation « comme des ennemis de l’État », affirmant qu’il ne prend pas en compte leurs droits » et ce, même si nous ne parlons pas ici de cas extrêmes qui justifieraient l’indignation et la violation des droits de l’Homme les plus fondamentaux ».
« Nous pensons que l’utilisation de la détention administrative, sans respecter la procédure appropriée, devrait être réservée aux cas les plus extrêmes, comme ceux réprimant les actions de nos ennemis assassins qui se trouvent parmi tous ceux qui haïssent Israël », a dit la lettre.
Gallant a répondu que le déchaînement de violences survenu à Huwara a été « un moment charnière qui a été marqué, pour notre société, du sceau de la honte. »
« Je recommande à tous ceux qui ont signé la lettre de faire confiance aux recommandations du Shin Bet et aux décisions prises par le ministre de la Défense, des décisions qui ne sont prises qu’au regard de considérations liées à la sécurité et aux renseignements. Nous ne devons pas encourager le terroriste et ce, sous n’importe forme », a-t-il poursuivi.
Deux frères israéliens, Hallel et Yagel Yaniv, avaient été abattus par un terroriste palestinien alors qu’ils traversaient la ville de Huwara, qui se situe au sud de Naplouse, le 26 février. Quelques heures plus tard, des centaines de partisans extrémistes du mouvement pro-implantation avaient semé la désolation à Huwara, incendiant des habitations, des voitures et des vitrines. Des résidents palestiniens avaient été agressés, entraînant des dizaines de blessés et un mort dont le décès, survenu dans des circonstances peu claires, fait actuellement l’objet d’une enquête. Les Palestiniens déclarent qu’il a été tué par balle.
Yehuda Fuchs, le général en charge des soldats en Cisjordanie avait évoqué un « pogrom » de la part des résidents d’implantation.
La semaine dernière, la Cour du district central avait réduit la période de détention administrative de deux individus soupçonnés d’être impliqués dans ces émeutes.
La durée d’emprisonnement d’un jeune de dix-sept ans avait ainsi été raccourcie, passant de quatre mois à moins de deux mois, avait fait savoir l’organisation Honenu, un groupe d’aide juridique de droite. Le nom de ce mineur est interdit à la publication.
La veille, le même tribunal avait réduit l’ordonnance de détention d’un second suspect, David Chai Chasdai, la faisant passer de quatre à trois mois d’emprisonnement.
Gallant avait signé l’ordonnance de détention administrative des deux suspects juifs après l’ordre donné par un tribunal aux autorités de libérer les deux individus ainsi que cinq autres personnes qui avaient été arrêtées en lien avec les émeutes à Huwara.
Ses propos font écho à une réponse qui avait été apportée par l’ancien ministre de la Défense, Benny Gantz, quand 40 députés de la coalition encore naissante lui avaient envoyé une lettre, au mois de décembre dernier, réclamant de mettre fin à la détention administrative des Juifs israéliens après les arrestations de Yered et Carmeli.
Yered serait le frère du porte-parole de Son Har-Melech, Elisha Yered.
Plus de 900 Palestiniens sont actuellement emprisonnés sous le régime de la détention administrative au sein de l’État juif. Les Israéliens incarcérés sous ce régime sont beaucoup plus rares.