Impassibilité finnoise, cynisme français et fantasme brésilien au programme du Festival du film de Jérusalem
Le festival annuel s’ouvre le 13 juillet, avec plus de 180 films qui seront joués dans toute la capitale
Une autre facette de Helsinki est représentée dans « L’autre côté de l’espoir », l’un des films récompensés qui sera projeté pendant le Festival du film de Jérusalem, qui commence le 13 juillet.
Cet excentrique film finnois du réalisateur Aki Kaurismäki, auteur de « Leningrad cowboys go to America » (1989) et « La Fille aux allumettes » (1990), connu pour ses dialogues désuets et impassibles et son humour, s’est attaqué à un important sujet : les réfugiés syriens demandant l’asile dans cette ville portuaire, et raconté à travers l’histoire de deux hommes très différents qui fuient leurs anciennes vies que tout sépare.
Le film, qui a permis à son réalisateur de remporter l’ours d’argent de la Berlinale, présente le style classique du réalisateur. L’histoire prend place dans une Helsinki qui présente peu de ressemblances avec la ville à la mode de la carte touristique mondiale.
L’Helsinki de Kaurismäki est une ville fade, qui semble appartenir à l’ère soviétique, où les policiers utilisent encore des machines à écrire, et où l’on voit à peine un téléphone portable pendant tout le film.
Le drame est cependant d’actualité : Khaled Ali (Sherwan Haji), un réfugié syrien qui a fui les violences à Alep, sort d’un cargo de charbon, noir de suie, et demande l’asile.
Il passe son temps dans un centre d’immigration, et quand il apprend qu’il va être expulsé, il entre dans la clandestinité, et rencontre l’autre personnage principal du film, Wikstöm (Sakari Kuosmanen), un vendeur de chemises malchanceux qui quitte sa femme en jetant son alliance sur la table de la cuisine pendant qu’elle fume avec des bigoudis dans les cheveux, et se lance dans sa propre aventure. Il vend son inventaire, double ses bénéfices en jouant au poker, et veut devenir restaurateur.
Les comportements pince-sans-rire sont de rigueur dans les films de Kaurismäki, et l’affect presque sans expression de Khaled n’est pas surprenant, étant donné la violence, la mort et le traumatisme qu’il a subi pendant la guerre civile syrienne.
Comme Wikstöm, Kuosmanen emmène l’abscons vers de nouvelles hauteurs, mais exprime une humanité remarquable quand il offre à Khaled un refuge dans son restaurant, le Golden Pint, un bar restaurant incroyablement triste où travaillent trois personnes.

Il finit par devenir un type plutôt bien qui avance le salaire de ses employés et achète une fausse identité à Khaled, lui propose un emploi et le loge dans le sous-sol où il stockait autrefois ses chemises.
Les personnages deviennent un refuge les uns pour les autres, et le film passe par des détours inattendus et pleins d’humour : Khaled échappe aux inspecteurs de l’immigration, le restaurant est de plus en plus inquiétant, et Wikström et son équipe essaient de vendre des sushis, jetant des morceaux de wasabi sur du riz collant et utilisant du hareng quand ils sont à court de poissons frais.
C’est un portrait sur la solitude et la recherche d’un endroit où l’on est chez soi, magnifié par la tragédie personnelle de Khaled. Il y a beaucoup de moment d’humour et de tristesse, qui se succèdent tranquillement dans le calme délibérément carcéral du plateau de Kaurismäki, qui comprend des musiciens de rue, des autobus et la voiture des années 1950 de Wikström.
L’histoire des réfugiés syriens est le thème central. Wikström aide Khaled à sauver sa sœur, perdue pendant leur course entre pays et frontières, et à la ramener à Helsinki. Il y a aussi des brutes opposées à l’immigration, qui sont presque comiques dans leur violence et rappelle lourdement les courants politiques actuels.
« L’Autre côté de l’espoir » est projeté pendant le festival estival annuel de Jérusalem, qui présente cette année plus de 180 films. L’évènement s’ouvrira le 13 juillet à la Piscine du Sultan de Jérusalem avec la projection de « redoutable », réalisé par Michel Hazanavicius, et qui raconte la vie de Jean-Luc Godard et sa relation avec sa deuxième épouse, l’actrice Anne Wiazemsky.
Le film iranien « Un homme d’intégrité » sera également projeté. Réalisé par Mohammad Rasoulof, il raconte la corruption et l’injustice dans un petit village iranien. Le film a remporté la compétition Un certain regard au Festival de Cannes.
Le film brésilien « L’ornithologue » raconte l’histoire d’un amoureux des oiseaux dont le bateau chavire, et qui est secouru par deux pèlerines chinoises. Il s’embarque ainsi dans une aventure érotique étrange et fascinante.
Le film « Menashe » de Joshua Weinstein, en yiddish et en anglais, raconte l’histoire douloureusement douce et nostalgique d’un veuf ultra-orthodoxe de Brooklyn, qui se bat pour prendre soin de son fils unique.
Le film sud-coréen « Yourself and Yours », la comédie franco-belge « Paris pieds nus », sur un libraire d’une petite ville canadienne qui part à Paris sauver sa tante âgée, et « Tehran Taboo », un dessin animé qui se penche sur la vie en Iran, seront également projetés.
Cette année, les films seront visibles dans toute la ville, ainsi qu’à la Cinémathèque de Jérusalem. Toutes les informations sur les films, les horaires et les billets se trouvent sur le site du Festival du Film de Jérusalem.
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