Indignations après que l’armée aurait transféré des orphelins de Rafah à Bethléem
Les ministres Smotrich et Ben Gvir ont dénoncé une opération inhabituelle visant à déplacer les enfants et le personnel d'un orphelinat vers Bethléem, à la demande de l'Allemagne
L’armée israélienne aurait transféré plus de 70 orphelins de la bande de Gaza et facilité leur évacuation vers la Cisjordanie, via la périphérie de Jérusalem, dans le cadre d’une opération inhabituelle qui a débuté dimanche et s’est poursuivie lundi, a rapporté la Douzième chaîne.
Les ministres d’extrême-droite n’ont pas tardé à critiquer cette opération, en pleine guerre contre le Hamas à Gaza et alors que 130 otages enlevés lors du macabre massacre perpétré par le groupe terroriste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël sont toujours en captivité.
Selon la Douzième chaîne, l’opération a été approuvée par le Conseil de sécurité nationale et menée en coordination avec l’Administration civile. Le convoi devait entrer en Cisjordanie à 18 heures lundi.
Les orphelins auraient été accompagnés par des dizaines d’adultes membres du personnel du village d’enfants SOS de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, qui a été transféré à Bethléem, en Cisjordanie. Ce geste humanitaire aurait été initié à la demande de l’ambassade d’Allemagne en Israël.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est exprimé sur X, en citant un adage rabbinique : « Celui qui est compatissant envers les cruels deviendra finalement cruel envers les compatissants. Je demande au Premier ministre de préciser qui a donné cet ordre immoral et avec quelle autorité, alors que nos otages et leurs enfants sont retenus captifs par l’ennemi. »
Les otages ont été enlevés le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes du Hamas se sont déchaînés sur les communautés du sud d’Israël, tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en capturant 253 autres, dont plus de la moitié sont toujours aux mains des groupes terroristes de Gaza.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a également dénoncé cette opération, la qualifiant de « fausse mesure humanitaire ».
« Ce n’est pas ainsi que l’on dirige un pays qui aspire à la victoire absolue », a déclaré Ben Gvir, reprenant une phrase que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a utilisée à maintes reprises au cours de la guerre. « En temps de guerre, il faut écraser l’ennemi, sans être moralisateur en permanence. »
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a partagé le reportage sur X, en s’exclamant : « Existe-t-il quelque chose dont le cabinet soit informé ? »
Selon la Douzième chaîne, les troupes de Tsahal ont été mobilisées le long de l’itinéraire du convoi, depuis le poste-frontière de Taba avec l’Égypte jusqu’aux tunnels de French Hill, près de Jérusalem, menant à la Cisjordanie.
Les Nations unies ont appelé la semaine dernière la communauté internationale à « inonder » la bande de Gaza d’aide humanitaire, alors que des informations font état d’enfants mourant de faim dans cette enclave côtière densément peuplée.
Le président américain Joe Biden a annoncé en début de semaine son intention de construire un port temporaire sur la côte de Gaza afin de faciliter l’acheminement direct de l’aide, Washington étant de plus en plus frustré par la réticence du gouvernement israélien à ouvrir davantage de passages terrestres pour permettre aux denrées de première nécessité d’entrer dans la bande de Gaza.
Israël affirme qu’il ne restreint pas l’aide humanitaire ni médicale et a imputé le manque de livraisons à la capacité des agences humanitaires, affirmant à maintes reprises qu’il autorisait le passage de plus de camions d’aide que les agences ne sont en mesure d’en livrer. Il accuse également le groupe terroriste palestinien du Hamas de s’emparer de certaines livraisons d’aide humanitaire.