Israël dit préparer un plan pour un départ de Gaza des Palestiniens « qui le souhaitent »
Le plan comprendra "des options de sortie" terrestres et "des dispositions spéciales pour les sorties par voie maritime et aérienne", selon le ministre de la Défense

Israël a dit jeudi lancer des préparatifs en vue d’un départ de la bande de Gaza des habitants « qui le souhaitent », après la proposition du président Donald Trump d’une prise de contrôle américaine du territoire palestinien et d’un déplacement de sa population.
L’annonce du ministre israélien de la Défense, Israel Katz, survient alors que l’idée lancée par M. Trump a levé un tollé international.
M. Katz a dit avoir « ordonné à l’armée israélienne de préparer un plan qui permettra à tout Gazaoui le souhaitant de partir vers n’importe quel endroit du monde qui accepte de l’accueillir ».
Le plan, a-t-il ajouté, comprendra « des options de sortie » terrestres et « des dispositions spéciales pour les sorties par voie maritime et aérienne ».
Les quelque 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza ne peuvent actuellement pas quitter le territoire, largement détruit par la guerre contre le Hamas, déclenchée par l’attaque du groupe terroriste islamiste palestinien sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Une trêve est entrée en vigueur le 19 janvier.
M. Trump a lancé mardi l’idée d’une prise de contrôle américaine de la bande de Gaza et répété que sa population pouvait être déplacée vers l’Egypte et la Jordanie voisines – qui ont catégoriquement rejeté cette option – après une rencontre à Washington avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

L’administration américaine s’est ensuite efforcée de nuancer, le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, affirmant que tout transfert des Gazaouis serait temporaire.
Mais Donald Trump a insisté jeudi : la bande de Gaza sera « remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats », a-t-il écrit sur son réseau social, ajoutant que les Palestiniens « auraient déjà été réinstallés (…) dans la région ». « Aucun soldat américain » ne sera nécessaire pour ce faire, a-t-il assuré.
Sur la chaîne Fox News, M. Netanyahu a qualifié l’idée de M. Trump de « remarquable », estimant qu’elle devait être « examinée (…) et réalisée ». Il a laissé entendre que le déplacement des Gazaouis pourrait être temporaire.
Son allié d’extrême droite, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, s’est réjoui que l’armée se prépare « à jouer son rôle dans le plan de migration » des Gazaouis « vers les pays d’accueil ».
Le Hamas a de son côté accusé M. Trump de « jeter de l’huile sur le feu », et son rival, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a opposé une fin de recevoir catégorique à sa proposition.

Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi et son homologue français Emmanuel Macron ont indiqué que tout « déplacement forcé de la population palestinienne à Gaza comme en Cisjordanie occupée serait inacceptable ».
La Jordanie, qui accueille déjà 2,3 millions de réfugiés palestiniens, les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la Ligue arabe ont également rejeté le plan américain, de même que l’Union européenne.
Les annonces de Donald Trump éloignent, selon les experts, la perspective d’une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite, à laquelle pousse pourtant le président américain.
L’Iran a de son côté jugé jeudi « scandaleux » tout « déplacement forcé » des Gazaouis.
Pourparlers sur la suite de la trêve
Dans le même temps, les négociations indirectes ont repris sur la suite, incertaine, du cessez-le-feu à Gaza.
Le Hamas a annoncé mardi que ces pourparlers avaient « commencé ». Israël a indiqué qu’il enverrait « en fin de semaine » une délégation au Qatar, médiateur avec les Etats-Unis et l’Egypte.
La première phase de six semaines enclenchée le 19 janvier a permis jusqu’à présent la libération de 18 otages retenus à Gaza et d’environ 600 Palestiniens détenus par Israël et le retour de plus d’un demi-million de déplacés dans le nord du territoire.
L’aide humanitaire a aussi connu « une augmentation massive » avec l’entrée de « plus de 10 000 camions » à Gaza depuis le début de la trêve, a indiqué jeudi l’agence de l’aide humanitaire des Nations unies (Ocha).

La deuxième phase est censée permettre la libération des derniers otages et mettre fin à la guerre, avant une dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza.
Israël est en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre 2023 , date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut des communautés du sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Soixante-seize des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 34 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Le Hamas a jusqu’à présent libéré 18 otages – civils, soldats et ressortissants thaïlandais – au cours d’un cessez-le-feu qui a débuté en janvier.
Le groupe terroriste a libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre 2023, et quatre otages ont été libérés avant cela.
Huit otages ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 40 otages ont également été rapatriés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée israélienne alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que la dépouille d’un soldat de Tsahal tué en 2014.
Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 47 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 20 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël affirme s’efforcer de minimiser les pertes civiles et souligne que le Hamas utilise les Gazaouis comme boucliers humains, en menant ses combats depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.