Israel Dresner, le rabbin qui a défilé avec Martin Luther King, s’éteint à 92 ans
Le "Freedom Rider", rabbin orienté vers la justice sociale, voulait qu'on se souvienne de lui pour avoir notamment invoqué la doctrine juive du "tikkun olam"

JTA – Le rabbin Israel « Sy » Dresner, qui a manifesté aux côtés de Martin Luther King Jr. et était surnommé le « rabbin d’Amérique qui a été le plus en état d’arrestation », est décédé jeudi à l’âge de 92 ans.
Israel Dresner était un Freedom Rider dans les années 1960. Avec une carrière de rabbin réformé orienté vers la justice sociale, il a participé activement à la lutte contre la guerre du Viêt Nam et s’est opposé avec force au contrôle militaire de la Cisjordanie par Israël. En décembre, on lui a diagnostiqué un cancer du côlon de stade 4.
« Je veux qu’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui n’a pas seulement essayé de garder la foi juive… mais aussi d’invoquer la doctrine juive du Talmud, qui s’appelle « tikkun olam », réparer le monde, et j’espère que j’ai un peu contribué à rendre le monde un peu meilleur », avait-il déclaré à CBS New York en décembre.
Israel Seymour Dresner est né dans le Lower East Side en 1929 dans une famille orthodoxe et a grandi à Brooklyn, où son père tenait une épicerie fine. Il a fréquenté les yeshivot pendant son enfance, mais est devenu rabbin réformé après avoir servi pendant la guerre de Corée et travaillé dans un kibboutz en Israël.
Il s’est opposé à la décision du gouvernement britannique de bloquer l’immigration juive en Palestine devant une entreprise britannique à Manhattan en 1947, selon une interview de 2011 réalisée par le New York Jewish Week.
Sa première arrestation a eu lieu en juin 1961, alors qu’un groupe interconfessionnel de militants blancs et noirs voyageait en bus à travers le Sud dans le cadre de la Freedom Ride qui visait à mettre fin à la ségrégation dans les stations de bus. Il s’est fait ensuite arrêté chaque été au cours des trois années suivantes.
« J’étais un rabbin réformé, mais je portais toujours une kippa », a déclaré Dresner à la Jewish Telegraphic Agency en 2011, 50 ans après sa première Freedom Ride. « Je voulais que les gens sachent que j’étais juif ».

Israel Dresner a rencontré Martin Luther King pour la première fois en 1962. Au cours de l’été de cette année-là, il a passé une nuit dans une maison avec Martin Luther King et d’autres militants alors que la maison était encerclée par des centaines de membres du Conseil des citoyens blancs local. King a raconté à Dresner son expérience lors d’un seder de Pessah dans une synagogue réformée d’Atlanta survenue quelques mois plus tôt.
Selon Israel Dresner, Martin Luther King lui a dit : « J’ai été très impressionné par le fait que 3 000 ans plus tard, ces gens se souviennent que leurs ancêtres étaient des esclaves et qu’ils n’en ont pas honte », avant d’ajouter : « nous, les Noirs, devons apprendre cela, ne pas avoir honte de notre héritage d’esclaves ».
En 1963, Martin Luther King a pris la parole à la synagogue de Dresner à Springfield, dans le New Jersey. En 1964, à la demande de Martin Luther King, Israel Dresner a mené une délégation de rabbins réformés à St. Augustine, en Floride, où ils ont participé à une manifestation contre la ségrégation au Monson Motor Lodge.
« Nous avons besoin de vous ici avec autant de rabbins que vous puissiez amener avec vous ! », a écrit Martin Luther King à Israel Dresner. Israel Dresner et les autres rabbins ont rejoint la Floride juste après une réunion de la Conférence centrale des rabbins à Atlantic City, dans le New Jersey.
En 1965, Martin Luther King avait demandé à Israel Dresner de prononcer la prière sur le pont Edmund Pettus à Selma, en Alabama.

L’activisme d’Israel Dresner s’étend bien au-delà du mouvement des droits civiques.
Dans les années 1970, il a fréquemment manifesté pour soutenir les Juifs soviétiques.
En 1982, il a tenté sans succès d’amener la Conférence centrale des rabbins américains à condamner l’invasion du Liban par Israël. À l’époque, il avait déclaré à la JTA qu’il était attaché à un « Israël démocratique et juste » et que ce qui se passait « au Liban n’avait rien à voir avec ce type d’Israël. » En 2013, Israel Dresner a été honoré par le président Barack Obama pour son rôle joué dans le mouvement des droits civiques.
Sur la liste des choses à faire après avoir reçu son diagnostic de cancer, Israel Dresner s’est rendu chez Katz’s deli dans le Lower East Side pour un dernier sandwich au pastrami. « Il n’a pas posé une seule question sur la maladie. Il était prêt – et prêt à remplir les semaines qui lui restaient, comme il avait rempli les neuf décennies précédentes », a écrit son fils, Avi Dresner, dans un texte publié dans le Forward.
S’adressant à la JTA en 2011 au sujet de son travail en faveur des droits civiques, Israel Dresner a déclaré qu’il recommencerait si le moment l’exigeait.
« Parce que je suis juif, je ne voyais pas d’alternative », a-t-il répondu.
Israel Dresner laisse derrière lui un fils et une fille.