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Israël/Hamas : Quand la TV chinoise et Erdogan recourent à l’antisémitisme

L'ambassade s'est dite "consternée par l'antisémitisme flagrant exprimé par un média officiel chinois" et Washington a condamné les propos du Turc "à l'égard du peuple juif"

Des roquettes (à droite) tirées vers Israël depuis Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza, illuminent le ciel nocturne le 14 mai 2021, tandis que les missiles du Dôme de Fer sont tirés pour les intercepter. (Photo par ANAS BABA / AFP)
Des roquettes (à droite) tirées vers Israël depuis Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza, illuminent le ciel nocturne le 14 mai 2021, tandis que les missiles du Dôme de Fer sont tirés pour les intercepter. (Photo par ANAS BABA / AFP)

L’ambassade d’Israël en Chine a vivement déploré « l’antisémitisme flagrant » de la télévision chinoise lors d’un reportage sur le soutien apporté par Washington à l’Etat hébreu.

Dans une vidéo publiée mardi sur Twitter, le service anglophone de la chaine d’info publique chinoise CGTN mettait effectivement en avant ce qu’elle a appelé le « lobby puissant » des Juifs aux Etats-Unis, tout en estimant que « les Juifs dominent les secteurs de la finance, des médias et de l’internet » dans ce pays.

En réaction, l’ambassade d’Israël en Chine s’est déclarée mardi soir « consternée par l’antisémitisme flagrant exprimé par un média officiel chinois ».

« Les affirmations proférées dans la vidéo sont racistes et dangereuses et ne devraient pas être utilisées par un média qui se respecte », a poursuivi l’ambassade sur Twitter.

Près d’un an après que le compte de l’ambassade de Chine en France eut publié un dessin complotiste et antisémite sur Twitter, l’ambassade de Chine au Japon a elle aussi partagé le même dessin fin avril, suscitant également une réaction des autorités diplomatiques israéliennes.

Les commentaires de CGTN interviennent alors que les affrontements entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza se poursuivent.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, le 29 novembre 2011. (Crédit : Flickr)

Pékin a vivement critiqué ce qu’il a appelé « l’obstruction » américaine pour faire adopter au Conseil de sécurité de l’ONU une déclaration appelant à la fin des hostilités.

« A cause de l’obstruction d’un pays, le Conseil de sécurité n’a pas été capable de parler d’une seule voix », avait déclaré dimanche Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, en demandant à Washington « de prendre ses responsabilités » aux Nations unies.

« Nous ne faisons pas obstacle à la diplomatie, bien au contraire, nous sommes investis quasiment non stop », a répondu Antony Blinken lors d’une visite en Islande.

Il a réitéré que son gouvernement était engagé dans une « diplomatie très intensive » mais « discrète », énumérant ses nombreux appels à ses homologues au cours des derniers jours.

L’ancien secrétaire d’État adjoint américain Antony J Blinken donne une conférence de presse à la suite d’une réunion avec le membre des Affaires étrangères de la coalition d’État anti-islamique le 2 juin 2015 à Paris. (Crédit : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Il a aussi redit que « tout acte ou toute déclaration » devait « promouvoir l’objectif de mettre fin à la violence », laissant une nouvelle fois entendre que les projets de déclaration soumis au Conseil de sécurité ne remplissaient pas à ses yeux cette condition.

« Si nous pensons à l’avenir que quelque chose, y compris aux Nations unies, peut permettre de promouvoir de manière efficace cet objectif, nous y serons favorables, mais pour l’instant nos sommes très concentrés sur ces efforts diplomatiques intenses », a-t-il ajouté.

Le secrétaire d’Etat américain a rappelé que le président Biden avait affiché la veille pour la première fois son « soutien » à un éventuel « cessez-le-feu » entre Israël et le mouvement terroriste islamiste palestinien du Hamas.

La Chine, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité à l’ONU, utilise fréquemment son droit de véto pour bloquer les motions visant ses alliés, comme la Syrie…

A LIRE : En GB, les Juifs luttent contre l’oppression des Ouïghours musulmans de Chine

« Les Etats-Unis répètent qu’ils se préoccupent des droits des musulmans (…) mais ils ignorent la souffrance des Palestiniens », a récemment martelé la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

La porte-parole chinoise osait faire ainsi le rapprochement avec l’intérêt porté par Washington aux Ouïghours, une ethnie musulmane du nord-ouest de la Chine.

Dans une longue enquête publiée le mois dernier, la BBC a rapporté des allégations de viols systématiques, d’abus sexuels et de torture dont des viols à l’aide de bâtons électrifiés, sur des femmes détenues au Xinjiang, région de l’ouest de la Chine où les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique.

Cette enquête, qui s’ajoute à des accusations de stérilisations forcées portées par des associations, a suscité l’indignation de plusieurs pays occidentaux.

Rebiya Kadeer, au centre, l’ancien chef du Congrès mondiale des Ouïghours pro-indépendance, lance des slogans avec d’autres en tenant des drapeaux ouïgours, ou pro-indépendance du Turkistan oriental, lors d’une manifestation à Bruxelles, le lundi 1 octobre 2018 (AP Photo/Francisco Seco)

Outre ces violences sexuelles, la Chine est accusée de détenir plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres minorités musulmanes dans des camps au Xinjiang.

Pékin rejette ces accusations et récuse le terme de « camps », affirmant qu’il s’agit de centres de formation professionnelle, destinés à fournir un emploi à la population et donc à l’éloigner de l’extrémisme religieux.

Des rescapés de ces structures interrogés par l’AFP et d’autres médias ont cependant décrit des mauvais traitements systématiques : obligation de manger du porc – viande interdite par l’islam -, endoctrinement, sévices physiques.

Plusieurs milliers de Ouïghours ayant fui la Chine ont trouvé refuge en Turquie ces dernières années.

Alors qu’il dénonçait autrefois avec virulence le traitement des Ouïghours par Pékin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis toutefois ses critiques en sourdine afin de ménager les relations économiques entre les deux pays.

Erdogan a décidé plutôt de continuer à multiplier les accusations à l’encontre de l’État juif et de ses alliés.

Le porte-parole du département d’État américain Ned Price s’exprime pendant un point-presse au département d’État de Washington, le 25 février 2021. (Crédit : Nicholas Kamm/Pool via AP)

Washington dénonce à son tour les propos « antisémites » d’Erdogan

Washington a ainsi dénoncé mardi les propos « antisémites » du président turc, grand soutien du Hamas, et appelé à éviter des « remarques incendiaires qui pourraient inciter à encore plus de violence » au Proche-Orient, a souligné un porte-parole de la diplomatie américaine.

« Les Etats-Unis condamnent fermement les récents propos antisémites du président Erdogan à l’égard du peuple juif », a écrit Ned Price, du département d’Etat, dans un communiqué.

Le président turc avait critiqué lundi Israël pour ses frappes de représailles sur des cibles terroristes dans la bande de Gaza, dénonçant les Israéliens dans une violente tirade. « Ce sont des meurtriers, à tel point qu’ils tuent des enfants âgés de cinq ou six ans », a-t-il allégué, ajoutant : « il n’y a que sucer le sang qui les assouvit ». Erdogan a accusé les Israéliens de « terrorisme » à l’encontre des Palestiniens et récemment estimé que « c’est dans leur nature ».

Recep Tayyip Erdogan n’avait pas non plus épargné lundi son homologue américain Joe Biden, à qui il avait lancé : « Vous écrivez l’Histoire avec des mains ensanglantées ».

« Accuser notre président d’antisémitisme procède d’une approche illogique et fausse. C’est un mensonge proféré contre notre président », a tweeté Omer Celik, porte-parole de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir.

Les victimes des tirs de roquette dont le noms ont été publiés sont : Ido Avigal, 5 ans, de Sdérot ; Leah Yom-Tov, 63 ans, de Rishon Lezion; Soumya Santosh, 32 ans, aide-soignante d’Inde ; Khalil Awwad, 52 ans et sa fille de 16 ans, Nadeen, de Damash, près de Lod ; et Nela Gurvitch, 52 ans d’Ashkelon.

Alors que les deux parties sont entrées, jeudi, dans le onzième jour de leur conflit, Israël faisait état de douze personnes mortes, dont un petit garçon de 5 ans et une adolescente de 16 ans, qui ont été tuées sous les tirs de roquettes, qui ont fait également des centaines de blessés au cours des dix derniers jours.

Les victimes les plus récentes, du côté israélien, sont deux ouvriers thaïlandais qui travaillaient dans une usine d’emballage qui a été directement frappée par un tir de mortier du Hamas. L’identité des deux hommes, des trentenaires, n’a pas été révélée. Huit personnes ont été blessées, dont une grièvement, lors d’une attaque dans une communauté proche de la frontière.

Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous le contrôle du Hamas, a fait savoir que 217 personnes étaient mortes des suites des bombardements dans la bande, notamment 63 mineurs. Il est difficile de dire pour le moment si ce bilan du Hamas comprend tous les Gazaouis tués lors des frappes, ou s’il exclut les membres du Hamas qui sont morts.

Selon le bilan fait lundi soir par l’armée israélienne, plus de 120 personnes ayant perdu la vie appartenaient au Hamas et 24 étaient issues des rangs du Jihad islamique palestinien.

Le ministère de la Santé du Hamas a précisé que plus de 1 400 habitants de l’enclave côtière avaient été blessés depuis le début de l’opération qui a été baptisée « Gardien des murs ».

Quelque 72 000 personnes y ont été déplacées et 2 500 ont perdu leur maison, sur une population de 2 millions d’habitants.

L’AFP a contribué à cet article.

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