Israël prévient Khirbet Zanuta qu’il sera démoli si ses habitants refusent d’être relogés
L'État réactive les ordres de démolition de 2007 contre le village, après que la Cour a autorisé, en août, les Palestiniens ayant fui les violences des radicaux à rentrer chez eux
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
L’Administration civile, une agence du ministère de la Défense, a averti les résidents du village palestinien de Khirbet Zanuta que leurs maisons seront démolies d’ici le 1er octobre s’ils n’acceptent pas le plan de relogement qu’elle a proposé.
Cet avertissement a été émis quelques semaines seulement après la victoire des habitants devant la Haute Cour de justice, qui avait ordonné à l’armée et à la police israéliennes de leur permettre de rentrer dans le village qu’ils avaient fui à la fin du mois d’octobre de l’année dernière, à la suite des violences et du harcèlement dont ils étaient victimes de la part des résidents d’implantations radicaux de la région.
Me Quamar Mishirqi-Assad, qui représente les villageois, a accusé l’État de chercher à poursuivre le travail des résidents d’implantations qui ont tenté d’expulser les Palestiniens de leurs maisons. Elle a souligné que les ordres de démolition que l’Administration civile cherchait maintenant à exécuter étaient en suspens depuis sept ans.
Khirbet Zanuta est un village palestinien situé dans les collines du sud de Hébron, en Cisjordanie, dans la Zone C où Israël exerce un contrôle civil et de sécurité total. Les structures en pierre construites au fil des ans par ses habitants palestiniens sont illégales car il n’existe pas de plan directeur de zonage pour le village – en général, ces plans sont extrêmement rares pour les Palestiniens dans la Zone C.
Après des années de procédure devant la Haute Cour, l’État avait accepté en 2017 de ne pas appliquer les ordres de démolition émis contre les bâtiments de Khirbet Zanuta en 2007 jusqu’à ce qu’il élabore de nouveaux critères de planification. La Cour avait également ordonné à l’État de donner un préavis de 30 jours s’il décidait d’appliquer les ordres de démolition.
Après l’assaut et les atrocités commises par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, la violence des résidents d’implantations à l’encontre des Palestiniens s’est intensifiée dans toute la Cisjordanie, en particulier dans les collines du sud de Hébron et dans la vallée du Jourdain, et plus de 1 000 Palestiniens vivant dans une quinzaine de communautés de la Zone C ont fui, dont les quelque 150 habitants de Khirbet Zanuta.
Après leur fuite, plusieurs maisons et autres bâtiments du village ont été illégalement détruits par des auteurs non identifiés, dont une école construite par l’Union européenne (UE) pour les villageois.
En août, la Haute Cour a ordonné à Tsahal et à la police de permettre aux villageois de revenir, et une quarantaine d’entre eux sont retournés au village. Mais les soldats leur ont interdit de réparer leurs maisons ou même de restaurer les toits métalliques de leurs habitations qu’ils avaient emportés avec eux lors de leur départ en octobre, impliquant qu’ils ont dû vivre sans toit au-dessus de leur tête depuis leur retour.
Le 1er septembre, le lieutenant-colonel Adam Avidan de l’Administration civile, une agence du ministère de la Défense qui gère les affaires civiles en Cisjordanie, a rencontré Mishirqi-Assad pour l’informer de la décision d’appliquer les anciens ordres de démolition.
Avidan a indiqué à Mishirqi-Assad qu’il serait possible de reloger les habitants de Khirbet Zanuta à quelque trois kilomètres de là, sur un territoire encore situé dans la Zone C, bien qu’à proximité des zones A et B où l’Autorité palestinienne (AP) exerce un contrôle total ou partiel.
Avidan a fait remarquer qu’il existe un site archéologique à l’endroit où se trouve Zanuta, ce qui, a-t-il déclaré, exclut la légalisation du village à son emplacement actuel.
Le fonctionnaire a déclaré que l’Administration civile et ses autorités de planification seraient « chargées » du travail de planification et de zonage nécessaire à la relocalisation du village.
« Si cette proposition est approuvée, alors le processus de planification sera avancé, et tous les engagements de l’État et des requérants resteront inchangés », a écrit Avidan dans un résumé officiel de sa réunion.
« Si vous rejetez cette alternative, cette réunion devra être considérée comme une annonce de l’intention de faire appliquer la loi sur le site au terme des 30 jours », a déclaré Avidan.
Le préavis de 30 jours a débuté le 1er septembre, ce qui signifie que les habitants ont jusqu’au 1er octobre pour réagir.
Les habitants de Khirbet Zanuta n’ont pas encore répondu à la proposition, bien que Mishirqi-Assad ait noté que le site proposé fait l’objet de revendications de propriété de la part d’autres habitants de Cisjordanie.
« L’État menace les résidents que s’ils n’acceptent pas sa proposition d’évacuer leur village vers une zone proche des zones A et B, ils détruiront les restes des maisons en ruine qui subsistent dans leur village », a déclaré Mishirqi-Assad, co-fondateur de l’organisation de défense des droits de l’homme Haqel.
« Il ne fait aucun doute que le délai proposé par l’État, précisément après le retour des villageois dans leur village sur ordre de la Haute Cour après l’expulsion violente dont ils ont fait l’objet, vise à formaliser et à compléter l’expulsion des habitants de Khirbet Zanuta qui a été effectuée par les colons [résidents d’implantations], et le nettoyage ethnique qui est en cours dans la Zone C. »
Selon l’organisation de gauche B’Tselem, qui fait campagne contre les implantations, plusieurs générations d’habitants de Khirbet Zanuta vivaient dans des grottes naturelles de la région, comme le font encore d’autres habitants de la région.
Ils avaient commencé à construire des maisons en pierre et des structures temporaires dans les années 1980, après que les grottes ont commencé à s’effondrer pour des raisons naturelles, mais ils l’avaient fait sans permis des autorités israéliennes.