Israël restera une « start-up nation » après les élections
Que l'actuel Premier ministre de droite ou que Benny Gantz, à la tête d'une alliance centriste, l'emporte, le statu quo primera en économie, estiment les analystes
De Waze à Wix, le secteur de la haute technologie a valu à Israël le surnom de « start-up nation », et s’il y a un point sur lequel les principaux candidats aux législatives de mardi s’accordent, c’est de maintenir le pays sur cette trajectoire.
Que l’actuel Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu soit reconduit à la tête du gouvernement ou que son principal rival Benny Gantz, à la tête d’une alliance centriste, l’emporte, le statu quo primera en économie, estiment les analystes.
« Il n’y a pas en Israël de réelle différence entre la gauche et la droite sur le plan économique » explique à l’AFP le professeur d’économie Omar Moav.
Le parti travailliste a, lui, oublié depuis longtemps l’idéal socialiste et semble n’avoir aucune chance de gouverner au vu des sondages.
L’assureur français Coface, qui évalue régulièrement les risques économiques par pays, affirmait en février que les élections « devraient éliminer le stress et l’incertitude politiques et permettre de concentrer davantage de ressources sur le maintien de la croissance ».
Application de navigation GPS Waze, rachetée par Google en 2013, système anticollision Mobileye, passée sous le giron d’Intel, ou encore plateforme de création de sites internet Wix… l’économie israélienne excelle dans le domaine de la high-tech et en a fait sa priorité.
Le service militaire y joue un rôle important: ceux qui sont passés par l’unité d’élite 8200, corps spécialisé dans la collecte militaire de renseignement par signaux, poursuivent souvent des carrières high-tech par la suite.
La liste Kakhol lavan de l’ancien chef d’état-major Benny Gantz promet d’améliorer les infrastructures publiques et de réduire les lourdeurs bureaucratiques, deux faiblesses qui entravent la progression du high-tech.
Déficit humain
Elle dit vouloir travailler « avec les milieux universitaires pour qu’Israël reste en tête dans le domaine de la recherche et du développement et de la commercialisation des technologies avancées comme les nanotechnologies ».
Le Likud, le parti de M. Netanyahu, s’engage pour sa part à « une économie libre qui conserve une sensibilité sociale ». Il promet « un marché concurrentiel, la diminution des taxes et l’élargissement du secteur privé ».
Ancien ministre des Finances, il a fait de la libéralisation économique une priorité. Israël connaît une croissance stable, même si le coût de la vie, très élevé, reste une préoccupation majeure.
Avec 7 000 entreprises israéliennes dans le domaine de la high-tech et des dizaines de centres de recherche et développement d’entreprises internationales, le high-tech représente 43 % des exportations du pays, selon le ministère de l’Économie, et emploie 280 000 personnes.
Malgré cet indéniable succès, le secteur n’exploite pas pleinement son potentiel, met en garde l’ONG israélienne Start-Up Nation Central dans un rapport publié en décembre.
Elle souligne un déficit de main d’oeuvre, évoquant plus de 15 000 postes vacants.
Les nouvelles technologies sont pourtant « le principal secteur à pouvoir stimuler la croissance », rappelle Eugene Kandel, à la tête de l’ONG et ancien président du Conseil économique national d’Israël.
Selon lui, ces difficultés pourraient affecter l’économie et freiner la compétitivité sur les marchés mondiaux.
Potentiel à exploiter
Selon lui, ces difficultés pourraient affecter l’économie et freiner la compétitivité sur les marchés mondiaux.
Le rapport préconise de se tourner vers les femmes, les Arabes et les juifs ultra-orthodoxes pour combler ce déficit de main d’oeuvre.
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Les juifs ultra-orthodoxes, qui représentent environ 10 % des Israéliens, et les Arabes israéliens (environ 17 % de la population) sont sous-représentés dans le secteur, constituant respectivement 0,7 % et 1,4 % des employés de l’industrie high-tech.
Ces deux segments de la société israélienne ne sont pas soumis au service militaire obligatoire. Ils ont donc moins d’occasions de se familiariser avec les nouvelles technologies, l’armée servant à la fois d’école et de tremplin dans ce domaine.
L’immense majorité des juifs ultra-orthodoxes fréquentent les yeshivot, les écoles talmudiques, qui concentrent leur enseignement sur la religion et limitent l’apprentissage des langues, des sciences et des mathématiques.
Les hommes consacrent souvent leur temps à l’étude des textes sacrés, les femmes étant celles qui travaillent pour faire vivre le foyer. Mais pour travailler, elles exigent des conditions compatibles avec les lois religieuses – notamment vis-à-vis des relations avec leurs collègues masculins.
Les partis ultra-orthodoxes occupent 13 sièges sur 120 au Parlement et les sondages leur accordent un nombre équivalent de députés après les législatives de mardi. Ces représentants sont de plus en plus conscients du besoin de former les ultra-orthodoxes afin qu’ils occupent davantage d’emplois qualifiés.