Israël s’apprêterait à autoriser Omar et Tlaib à visiter le mont du Temple
Lors d'une réunion secrète, le Conseil de sécurité nationale a accepté d'autoriser les deux élues américaines sur le site sacré, mais sans représentants de l'Autorité palestinienne
Les autorités israéliennes se prépareraient à la possibilité que les élues du Congrès Ilhan Omar et Rashida Tlaib visitent le mont du Temple à Jérusalem lors de leur déplacement dans le pays, a rapporté mercredi la Treizième chaîne.
La date précise de leur venue n’a pas été confirmée, bien que le site d’information Axios ait indiqué mercredi qu’elles arriveraient vendredi.
D’après la Treizième chaîne, une « réunion secrète » sur le sujet a eu lieu récemment au Conseil de sécurité nationale israélien, dirigé par le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Reuven Azar.
Il aurait indiqué qu’il était très probable que les deux parlementaires, musulmanes, tentent de visiter la mosquée d’Al-Aqsa et le dôme du Rocher.
Les participants de la réunion ont convenu que si elles en décidaient ainsi, il était essentiel que la police israélienne les empêche d’être accompagnées par des représentants de l’Autorité palestinienne (AP), car cela représenterait un soutien symbolique des revendications palestiniennes quant à leur souveraineté sur le site, le lieu le plus saint dans le judaïsme et le troisième plus sacré pour les musulmans.
Israël a conquis la Vieille Ville de Jérusalem, y compris le mont du Temple, au détriment de la Jordanie lors de la guerre des Six-Jours de 1967 et veut faire aujourd’hui de tout Jérusalem sa capitale indivisible. Les Palestiniens veulent, eux, faire de Jérusalem-Est la capitale de l’État auquel ils aspirent.
En 2017 les États-Unis, sous l’administration Trump, ont changé radicalement de politique en déclarant Jérusalem capitale d’Israël et en y installant son ambassade. Washington a néanmoins précisé que cela n’était pas synonyme de reconnaissance de frontières spécifiques.
Les responsables israéliens ont décidé à l’unanimité d’autoriser les deux élues, qui ont exprimé leur soutien au mouvement BDS, à venir en Israël et visiter le mont du Temple, car les en empêcher nuirait aux relations avec les États-Unis, a rapporté la Treizième chaîne.
Dimanche, des tensions se sont transformées en émeutes après que des fidèles musulmans se sont opposés à la présence de 1 700 visiteurs juifs sur le site sensible, autorisée par le gouvernement, lors de Tisha Beav, qui coïncidait cette année avec la fête de l’Aïd el-Adha.
Au moins 61 musulmans ont été blessés dans ces heurts, d’après le Croissant rouge, et quatre policiers israéliens, d’après les forces de l’ordre.
Le mois dernier, l’élue démocrate du Minnesota avait fait savoir qu’elle se rendrait en Israël et en Cisjordanie avec sa collègue palestino-américaine Rashida Tlaib. elles sont les deux premières musulmanes à avoir été élues au Congrès.
Samedi dernier, Axios a rapporté que le président américain avait critiqué la décision israélienne d’autoriser la venue des deux femmes dans le pays.
Donald Trump avait ainsi déclaré que si elles voulaient boycotter Israël, « alors Israël devait les boycotter », d’après une source proche citée par le site internet.
Cependant, la porte-parole de la Maison Blanche Stephanie Grisham a démenti que Donald Trump avait donné des directives aux Israéliens. « Le gouvernement israélien peut faire ce qu’il veut. C’est une infox », a-t-elle ainsi assuré à Axios samedi.
Le mois dernier, l’ambassadeur israélien aux États-Unis, Ron Dermer, avait fait savoir qu’Israël n’empêcherait pas les deux parlementaires de se rendre dans le pays.
« Par respect pour le Congrès américain et pour la grande alliance entre Israël et l’Amérique, nous n’allons interdire à aucun membre du Congrès d’entrer en Israël », avait-il ainsi déclaré au Times of Israël.
En 2017, Israël a adopté une loi refusant l’entrée de tout étranger qui
« publie sciemment un appel public au boycott d’Israël ».
Depuis, les ministères de l’Intérieur et des Affaires stratégiques se sont appuyés sur la législation pour interdire l’entrée à une poignée d’étudiants, de militants et d’artistes.
Le ministère des Affaires étrangères peut recommander que des exceptions soient faites pour des responsables politiques ou officiels gouvernementaux pour des raisons diplomatiques.
En juillet, Ilhan Omar a présenté une résolution, co-parrainée par Tlaib, qui vise à lutter contre des lois destinées à limiter les boycotts d’Israël. La résolution, qui ne mentionne pas explicitement Israël ou le mouvement pro-palestinien BDS, affirme le droit des Américains à se livrer à des boycotts en vertu de la liberté d’expression garantie par le premier Amendement, citant les mouvements de boycott contre l’Allemagne nazie, l’URSS et l’Afrique du Sud sous apartheid.
La résolution est actuellement parrainée par trois élus – Omar, Tlaib et l’élu démocrate de Géorgie John Lewis, une icône du mouvement des Droits civiques ayant défilé à Selma.
Omar, Tlaib et d’autres soutiens du BDS affirment qu’en appelant les entreprises, les artistes et les universités à couper les liens avec Israël, ils utilisent des moyens non-violents pour s’opposer aux politiques injustices envers les Palestiniens. Israël a avancé que le mouvement cachait ses intentions de délégitimer ou de détruire l’Etat juif.
Omar s’est dite favorable à une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien, alors que Tlaib soutient elle l’idée d’un seul Etat.