Israël se prépare à une attaque de l’Iran ; Washington s’efforce de relancer la coalition d’avril
Les dirigeants israéliens se préparent à une éventuelle "guerre totale", craignant une attaque sur "plusieurs fronts" ; le chef du CENTCOM en Israël ; Biden espère que Téhéran reculera
Israël se prépare à des attaques potentielles de l’Iran et du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah dans les jours à venir, et estime que les assauts pourraient venir de plusieurs fronts, ont rapporté les médias israéliens samedi.
Les États-Unis s’efforcent de relancer une coalition régionale qui, au début de l’année, avait réussi à contrecarrer presque entièrement une précédente attaque directe de l’Iran contre Israël, selon les médias, tandis que les responsables israéliens admettent que cette fois-ci, il pourrait y avoir des dégâts et des victimes.
Une attaque iranienne pourrait avoir lieu dès lundi, selon le site web Axios qui cite des responsables américains et israéliens.
L’Iran, son allié libanais le Hezbollah et le Hamas accusent Israël d’avoir tué mercredi à Téhéran le chef du bureau politique du groupe terroriste palestinien, Ismaïl Haniyeh. Cet assassinat est survenu quelques heures seulement après qu’une frappe revendiquée par Israël a tué le chef de la branche armée du Hezbollah, Fouad Shukr, mardi soir non loin de Beyrouth. Israël a revendiqué l’assassinat de Shukr, mais n’a pas officiellement commenté l’assassinat de Haniyeh, dont le Hamas, l’Iran et leurs alliés ont imputé la mort à Israël.
L’Iran et le Hezbollah ont juré de se venger de ces meurtres qui surviennent dans un contexte de tensions déjà explosives, alors qu’Israël poursuit sa guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza et que le Hezbollah mène des attaques contre le nord d’Israël qui, selon le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran, sont destinées à soutenir la bande de Gaza.
Les services de sécurité israéliens sont en état d’alerte maximale et les membres d’une coalition internationale dirigée par les États-Unis – y compris la Grande-Bretagne et les États arabes alliés – visant à contrecarrer d’éventuelles attaques iraniennes sur « plusieurs fronts » sont prêts à essayer de les dissuader et de les intercepter, a rapporté la Douzième chaîne.
Parmi les précautions prises figurent des patrouilles d’avions de combat et de navires de guerre de pays alliés dans la région, a indiqué le reportage, sans citer de sources ni fournir d’autres détails.
Les dirigeants israéliens ont tenu des discussions sur la manière dont le pays répondrait à de telles attaques, y compris ce que le réseau a décrit comme « une préparation à l’entrée dans une guerre totale dans ce contexte ».
Ynet a également fait état d’une série de réunions sur la sécurité en Israël au cours du week-end afin de se préparer à une attaque qui pourrait conduire à une guerre sur ce qu’il a qualifié de « cinq fronts », sans fournir plus de détails.
Les ministres ont été informés qu’ils devaient être prêts à faire face à n’importe quel scénario et qu’une attaque pourrait survenir à tout moment et impliquer des « milliers » de sites détruits, selon le reportage.
Un haut fonctionnaire israélien a déclaré au média qu’Israël et les États-Unis pourraient avoir du mal à stopper une attaque sur plusieurs fronts et que le pays devait se préparer à « beaucoup de pertes ». Toutefois, un tel scénario permettrait également à Israël de riposter avec plus de force et verrait le monde se rallier à Israël, a affirmé le responsable.
La Douzième chaîne a noté que l’édition de samedi du journal iranien Kayhan, pro-régime, a averti dans son éditorial que, contrairement à l’attaque iranienne d’avril contre Israël qui avait été presque entièrement déjouée, cette fois-ci, l’attaque viserait des zones en profondeur, à l’intérieur d’Israël, comme Tel Aviv et Haïfa, des centres stratégiques et les domiciles de responsables israéliens.
La chaîne a également indiqué que les milices chiites en Irak menaçaient de frapper à la fois Israël et des cibles américaines.
La Douzième chaîne a indiqué que l’assassinat de Haniyeh, du Hamas, dans une maison d’hôtes gérée par le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé de l’Iran au cœur de Téhéran, a donné au régime le sentiment d’être « profondément pénétré » et « complètement exposé » aux services de renseignements israéliens. Le reportage note que l’Iran a déjà eu un impact sur Israël en provoquant l’annulation de vols par de nombreuses compagnies aériennes étrangères et en suscitant l’inquiétude des Israéliens quant à l’imminence d’une attaque.
En l’état actuel des choses, les instructions du Commandement du Front intérieur au restent inchangées.
En cas de changement, a souligné l’armée israélienne, la population en sera immédiatement informée.
Ynet a cité un responsable de la sécurité qui a déclaré que la stratégie consistant à ne pas donner de nouvelles instructions spécifiques au peuple était basée sur les leçons tirées de l’impasse d’avril avec l’Iran.
« L’une des choses que nous avons comprises en avril, c’est que nous devons maintenir la routine. Les instructions ont alors poussé l’Iran à intensifier l’attaque », a déclaré la source. Si nécessaire, « les instructions seront rapidement publiées ».
En avril, l’Iran avait lancé plus de 300 missiles et drones sur Israël en réponse à l’assassinat de deux généraux de l’armée lors d’une frappe meurtrière le 1er avril sur une annexe du consulat iranien à Damas, que Téhéran a imputée à Israël.
La vague a été interceptée par les défenses aériennes israéliennes, aux côtés d’une importante coalition de forces régionales dirigée par les États-Unis et comprenant des avions de guerre britanniques et français, ainsi que, semble-t-il, des ressources en matière de renseignement et de radar provenant de certains pays arabes. Quelques missiles ont franchi le bouclier et n’ont causé que des dégâts mineurs à une base aérienne, mais une fillette bédouine, âgée de 7 ans, a été grièvement blessée par la chute d’un éclat d’obus lors d’une interception.
Les États-Unis, qui ont promis d’aider Israël à se défendre contre l’Iran, espèrent maintenant mettre en place un dispositif coordonné similaire pour stopper une attaque iranienne.
Axios a cité dimanche trois responsables américains et israéliens qui ont déclaré qu’une attaque iranienne pourrait avoir lieu d’ici lundi.
Le général Michael Kurilla, chef du Commandement central des États-Unis (CENTCOM), est arrivé dans la région samedi, selon le site.
Le voyage avait été planifié avant les récents développements qui ont alimenté la menace de guerre, mais on s’attend maintenant à ce qu’il rassemble la même coalition de forces qui avait aidé à contrecarrer la dernière attaque directe de l’Iran contre Israël, selon un responsable américain.
Le responsable a indiqué que Kurilla se rendrait dans plusieurs pays du Golfe, ainsi qu’en Jordanie et en Israël. Les États-Unis souhaitent notamment que la Jordanie autorise à nouveau les avions américains et israéliens à pénétrer dans son espace aérien pour intercepter les drones iraniens en approche.
Toutefois, l’article indique que Washington craint qu’il soit plus difficile d’obtenir la même coopération de la part des pays de la région, dans un contexte de sentiments anti-Israël suite à l’assassinat de Haniyeh.
Les responsables américains pensent que la réponse iranienne sera similaire à l’attaque d’avril, mais qu’elle pourrait être plus importante et inclure des tirs du Hezbollah depuis le Liban.
Axios a noté que les responsables américains et israéliens ont déclaré qu’ils ne savaient pas si le groupe terroriste chiite libanais se joindrait à une attaque iranienne ou s’il chercherait à se venger en menant une attaque distincte. Les responsables ont déclaré que l’Iran et le Hezbollah n’ont pas encore achevé les préparatifs de l’attaque ou obtenu l’approbation finale au niveau politique.
Le Pentagone et le CENTCOM n’ont pas commenté l’article d’Axios.
Vendredi, les États-Unis ont déclaré qu’ils envoyaient davantage d’avions et de navires de guerre dans la région pour contrer une éventuelle attaque iranienne.
Un fonctionnaire américain a déclaré à Axios que Washington espérait que cette annonce contribuerait à dissuader l’Iran et le Hezbollah et les amènerait à modifier leurs plans d’attaque.
Dans son article, Ynet cite un responsable de la sécurité israélien qui affirme, sous couvert d’anonymat, que l’intervention des États-Unis et la coalition défensive qu’ils tentent de mettre en place ont eu un impact réel sur les Iraniens et les plans qu’ils formulent.
Interrogé samedi par des journalistes, le président américain Joe Biden a déclaré : « Je l’espère. Je ne sais pas. »
Dans une manifeste indication des mesures défensives déjà prises, les résidents du centre d’Israël ont signalé dimanche des perturbations dans les applications de navigation telles que Google Maps, Waze et d’autres systèmes utilisant le GPS, certains automobilistes de Tel Aviv se voyant indiquer qu’ils se trouvaient à Beyrouth.
Des perturbations du GPS se sont produites périodiquement depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.
Tsahal a déjà déclaré brouiller les signaux GPS dans le cadre de la guerre à Gaza, des affrontements avec le Hezbollah et de l’attaque de l’Iran contre Israël en avril. L’armée n’a pas encore commenté ces perturbations.
Par ailleurs, les ministres français et américain des Affaires étrangères ont appelé toutes les parties au Moyen-Orient « à faire preuve de la plus grande retenue » afin d’éviter un conflit régional, a déclaré samedi le ministère français des Affaires étrangères.
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a discuté par téléphone avec son homologue américain, Antony Blinken, de la montée des tensions dans la région, a déclaré un porte-parole du ministère.
« Ils sont convenus de continuer à appeler toutes les parties à la plus grande retenue afin de prévenir tout embrasement régional qui aurait des conséquences dévastatrices pour les pays de la région », a-t-il ajouté.
Ils poursuivront également leurs efforts « conjoints » pour un cessez-le-feu « durable » à Gaza.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a souligné lors d’un appel téléphonique avec le ministre iranien des Affaires étrangères par intérim, Ali Bagheri Kani, que les récents développements dans la région étaient « sans précédent, très dangereux » et menaçaient la stabilité, a déclaré le gouvernement égyptien.
Les tensions régionales se sont aggravées depuis le 7 octobre, date à laquelle le Hamas a mené une attaque transfrontalière dévastatrice contre Israël, au cours de laquelle près de 1 200 personnes ont été tuées et 251 otages ont été enlevés et emmenés de force à Gaza.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
Le lendemain de l’assaut du Hamas, le Hezbollah a commencé à attaquer le long de la frontière nord d’Israël avec le Liban. Depuis qu’Israël et le groupe terroriste ont échangé des tirs, la violence s’est accrue, le Hezbollah menant des attaques quasi quotidiennes. Samedi soir, une salve de 50 roquettes a été tirée sur le nord du pays.
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