Jérusalem-Est : Affrontements entre émeutiers palestiniens et policiers
Ces heurts ont suivi une marche en soutien à un terroriste du Hamas ; les Israéliens de droite ont défilé dans la Vieille Ville à la mémoire d'Eli Kay, tué dans un attentat
Des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à Jérusalem, dimanche soir, après une marche organisée dans le camp de réfugiés de Shuafat en l’honneur de Fadi Abu Shkhaydam, un terroriste du Hamas qui avait tué un Israélien et blessé quatre autres personnes dans la Vieille Ville de Jérusalem, dans la matinée.
Sur des images partagées sur les réseaux sociaux, des dizaines de Palestiniens jettent des pierres sur les policiers qui font apparemment usage de gaz lacrymogène – qui créent une fumée dense dans l’atmosphère. La police israélienne a mené des raids suite à l’attentat terroriste de dimanche et elle aurait arrêté trois membres de la famille d’Abu Shkhaydam.
Les services de secours ont aussi signalé qu’il y avait eu deux attaques au cocktail Molotov dans la banlieue de Jérusalem, même s’il est difficile de déterminer qui en a exactement été à l’origine.
Un cocktail Molotov a été lancé sur un trentenaire qui se trouvait aux abords de la Vieille Ville et qui a été légèrement blessé, selon le Magen David Adom.
Le deuxième a été lancé sur un bus, près du check-point de Hizma, qui est situé entre Jérusalem et la Cisjordanie. Le jeune chauffeur, âgé de 25 ans, a été pris en charge en état de choc. Cette attaque n’a fait aucun blessé, ont affirmé les services du MDA.
Ces agitations croissantes ont été entraînées par l’attentat terroriste meurtrier qui a eu lieu dans la Vieille Ville, dimanche matin. Abu Shkhaydam a sorti une mitrailleuse alors qu’il se trouvait à proximité de la porte des Chaînes, qui mène au mont du Temple, et il a ouvert le feu sur les passants.
Les agents de la police israélienne ont riposté et ils ont abattu Abu Shkhaydam – qui a néanmoins eu le temps de blesser mortellement Eliyahu David Kay, un immigrant sud-africain, et de toucher un autre étudiant de yeshiva israélienne, qui se trouve dans un état grave. Trois autres Israéliens ont été pris en charge pour des blessures légères à modérées.
Dimanche soir, des centaines de Palestiniens ont marché jusqu’à l’habitation d’Abu Shkhaydam. Un grand nombre d’entre eux brandissaient les drapeaux verts arborant la confession de foi islamique, des drapeaux qui sont souvent associés au Hamas.
« Les millions de martyrs marcheront vers Jérusalem », ont scandé les manifestants, selon des vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
Sur d’autres images, les Palestiniens prêtent allégeance à Mohammad Deif, un chef terroriste du Hamas. « Le sabre côtoie le sabre », ont crié les résidents du camp de Shuafat, en référence au logo du Hamas qui montre des sabres croisés. « Nous sommes les hommes de Mohammad Deif ».
Une coalition-cadre de factions « islamiques et nationalistes » palestiniennes de Shuafat a annoncé une grève générale touchant les magasins et les écoles en hommage à Abu Shkhaydam.
De plus, des dizaines de nationalistes de la droite israélienne ont défilé dans la Vieille Ville, jusqu’au lieu de l’attentat. Ils ont été accompagnés de Simcha Rothman et d’Orit Struck, des députés issus du parti Sionisme religieux d’extrême-droite, qui ont allumé des bougies en mémoire de Kay.
Sur certaines images, les manifestants juifs scandent des slogans anti-arabes, comme : « Que leurs villages brûlent ! »
Kay avait servi dans l’armée israélienne en tant que soldat seul (un terme qui désigne les soldats des pays étrangers qui viennent faire leur service sans famille dans le pays). Il avait intégré la brigade des parachutistes et il avait quitté Tsahal au mois d’août 2019.
« Il a tout donné pour ce pays », a commenté son frère, Kasriel, auprès des journalistes, dans la soirée de dimanche.
Les responsables israéliens pensent que l’attentat d’Abu Shkhaydam avait été soigneusement planifié, citant la mitrailleuse sophistiquée acquise pour l’occasion. Son épouse et ses enfants avaient aussi quitté le pays il y a trois jours, a noté le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Barlev.
A Shuafat, Abu Shkhaydam avait élevé ses cinq enfants – trois garçons et deux filles – et il enseignait la loi islamique dans un lycée pour garçons, rémunéré pour cela par la municipalité de Jérusalem. Selon les autorités israéliennes, il était membre de la branche civile du Hamas et non de son aile armée.
« C’était le meilleur des enseignants. Il n’insultait jamais personne, il n’injuriait jamais personne à l’exception des Juifs, que Dieu les brûle », a déclaré à al-Qastal un résident de Shuafat, Mustafa Zaattra, un élève d’Abu Skhaydam.
מרגש
מאות בני נוער עם חברי הכנסת רוטמן וסטרוק בשירת 'אחינו כל בית ישראל' בזירת הרצח של אליהו קיי הי"ד בעיר העתיקה בירושלים. pic.twitter.com/GfeHM3Ri4T
— אהרון נוראני (@Aaron_Norani) November 21, 2021
Abu Shkhaydam prêchait aussi dans les mosquées locales. Dans un sermon de 2020 qui avait circulé sur les réseaux sociaux, il s’en était pris aux « maîtres de l’hérésie Juifs et chrétiens, guidés par le démon ». Outré par la décision prise par les Émirats arabes unis d’établir des relations diplomatiques avec Israël, il avait évoqué « les sales Bédouins ».
« A leurs côtés, tous ceux dont les mobiles sont inavoués… car ils s’unissent dans un seul but : combattre Dieu », avait-il déclaré à l’époque.
Dans un communiqué, le Hamas a salué Abu Shkhaydam pour une vie « de prosélytisme et de combat ».
« Cette opération héroïque est une mise en garde pour l’ennemi criminel et son gouvernement, l’avertissant de cesser ses agressions contre nos terres et nos lieux saints », a dit le groupe terroriste.
Cet attentat est le deuxième à avoir eu lieu en quelques jours dans la Vieille Ville de Jérusalem. Un adolescent originaire de Jérusalem-Est, Amr Abu Asab, 16 ans, avait cherché à poignarder des policiers, jeudi soir, avant d’être abattu par un civil. Le Hamas avait ultérieurement affirmé qu’Asab était, lui aussi, un membre de son organisation.
La mort d’Asab a entraîné des heurts nocturnes répétés entre la police et les Palestiniens à Issawiya, où l’adolescent vivait. Samedi soir, les résidents palestiniens sont parvenus à mettre le feu à un canon à eau de la police israélienne qui avait été déployé dans la zone.
Le Premier ministre Naftali Bennett a indiqué dimanche matin que les autorités s’inquiétaient d’attaques inspirées par ces deux attentats successifs.
« C’est le second attentat terroriste à Jérusalem, ces derniers jours. j’ai donné pour instruction aux forces de sécurité de se mobiliser en conséquence et de faire preuve de vigilance, également en raison de notre préoccupation face à d’éventuelles attaques inspirées par ce qui s’est passé », a dit Bennett dans une déclaration.