Jérusalem-Est: démolition approuvée de 100 maisons sous contrôle palestinien
Les résidents de Sur Baher craignent que l'ordre de démolition sans précédent de 16 immeubles résidentiels de la Zone A puisse entraîner des destructions plus loin en Cisjordanie

La Haute cour de justice a approuvé les ordonnances de démolition de 16 bâtiments de Jérusalem-Est – contenant un total d’une centaine d’appartements – placés sous la compétence de l’Autorité palestinienne.
Cette décision sans précédent a fait naître l’inquiétude que les Israéliens puissent effectuer des démolitions d’habitations plus loin en Cisjordanie.
La cour a rejeté, la semaine dernière, un appel contre la démolition de ces 16 immeubles d’appartements situés dans le quartier Wadi al-Hummus à Sur Baher, selon un reportage du quotidien Haaretz .
La démolition de constructions palestiniennes non autorisées à Jérusalem-Est n’est pas inhabituelle. Toutefois, les habitations qui seront effectivement détruites à Sur Baher — une banlieue qui enjambe la Ligne verte – sont situées dans la Zone A de la Cisjordanie, placée sous contrôle de l’AP.
La majorité de la banlieue de Sur Baher se trouve en Israël, mais le quartier Wadi al-Hummus a été construit au-delà des frontières municipales de Jérusalem et appartient donc à la Cisjordanie. Même si Wadi al-Hummus est situé du côté israélien de la clôture de sécurité, l’Autorité palestinienne est responsable de ses résidents.
Le rejet du dossier par les juges met un terme à la bataille judiciaire de sept ans lancée par les habitants contre une ordonnance militaire qui avait décidé de l’arrêt des travaux sur 16 immeubles d’appartement. Même si les permis de construire avaient été émis par le ministère de la planification de l’Autorité palestinienne il y a presque une décennie, l’Etat juif avait ordonné, en 2012, de cesser les travaux de construction à Wadi al-Hummus, citant une trop grande proximité avec la barrière de sécurité.
Pour les résidents, Wadi al-Hummus est la seule zone, à Sur Baher, où la banlieue peut s’étendre, le mur de frontière et les constructions israéliennes en augmentation dans la capitale empêchant tous travaux ailleurs.

Selon Haaretz, l’avocat des habitants a déclaré au tribunal que l’Etat juif n’avait pas de compétences concernant cette zone et que le pays ne devait pas être autorisé à poursuivre ces démolitions. Il a également clamé que la règle des 250 mètres appliquée par l’armée israélienne – interdisant les constructions à moins de 250 mètres le long de la barrière de sécurité – n’était pas mise en œuvre à Jérusalem, soulignant d’autres secteurs de la ville où des immeubles d’appartements ont été construits, de façon adjacente au mur.
Mais les magistrats se sont rangés aux côtés du ministère de la Défense, estimant dans leur décision que des constructions majeures le long de la barrière limiteraient « la liberté opérationnelle des militaires à proximité de la barrière, renforçant ainsi les tensions avec la population locale ».
« De telles constructions pourront offrir un abri à des terroristes ou à des résidents illégaux qui se mêleront à la population civile et permettront à des agents terroristes de trafiquer des armes ou de pénétrer sur le territoire israélien », ont écrit les juges Menny Mazuz, Uzi Fogelman et Yitzhak Amit dans leur décision, selon Haaretz.
« Nous acceptons donc qu’il y ait une nécessité sécuritaire et militaire à restreindre les constructions aux abords de la barrière », ont-ils ajouté.
La cour a toutefois réduit le nombre de démolitions prévues. Seize bâtiments seront donc rasés et non plus 25.
Les activistes palestiniens et les responsables de l’AP ont exprimé leur inquiétude. Ils craignent que cette initiative israélienne sans précédent n’ouvre la voie à la démolition de milliers de maisons placées sous contrôle palestinien, en Cisjordanie.
Israël a capturé Jérusalem-Est à la Jordanie au cours de la guerre des Six Jours de 1967 – une saisie non reconnue à l’international. Depuis lors, le pays y a renforcé la présence juive.

Les Palestiniens constituent 37 % de la population de la ville, mais seuls 15 % des secteurs, à Jérusalem-Est, sont mis au service des constructions palestiniennes, selon les groupes de défense des droits.
Cela fait longtemps que les résidents palestiniens déplorent une discrimination de la part d’Israël qui rend presque impossible pour eux l’obtention d’une permission de planification nécessaire pour élargir leurs quartiers, qui souffrent de la négligence des autorités municipales depuis des décennies.
En conséquence, de nombreuses familles de Jérusalem-Est construisent des habitations sans les autorisations préalables, ce qui les expose à un risque de démolition.
Au mois d’octobre dernier, le maire de Jérusalem de l’époque, Nir Barkat, avait annoncé qu’il élargirait l’application des ordonnances municipales aux quartiers palestiniens de Jérusalem-Est et notamment ceux situés au-delà de la barrière de sécurité.
Un mois plus tard, la municipalité avait fait démolir 18 vitrines de magasins et trois stations-services situées dans le camp de Shuafat, à Jérusalem, parce qu’elles ne disposaient pas des permis appropriés.
Les démolitions survenues à Shuafat – un camp de réfugié situé du côté palestinien de la Ligne verte – avaient été les plus importantes depuis la construction de la barrière de sécurité, il y a une décennie.