Kiev se dit frustrée par le rythme des promesses israéliennes
L'Ukraine dit qu’elle toujours pas reçu les modalités d'accès à la garantie du prêt ; les diplomates israéliens disent que la rencontre était cordiale et que les projets avancent
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Kiev est de plus en plus frustré par l’incapacité d’Israël à tenir ses promesses d’aide faites ces dernières semaines, selon des responsables ukrainiens.
L’ambassadeur d’Israël en Ukraine, Michael Brodsky, a rencontré lundi à Kiev Maksym Subkh, l’envoyé spécial de l’Ukraine au Moyen-Orient, pour une consultation politique, initialement présentée comme une réprimande ukrainienne dans la presse israélienne.
« C’était une discussion concernant le respect des accords passés », a déclaré un fonctionnaire ukrainien au Times of Israel mardi.
Cette rencontre était notamment axée sur la promesse de 200 millions de dollars de garanties de prêts pour les soins de santé et les infrastructures civiles promis par le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen à Kiev le mois dernier.
« Il était incapable de nous expliquer comment nous pouvions y avoir accès », a déclaré l’officiel ukrainien.
Kiev a également insisté auprès de Brodsky sur la possibilité de faire entrer davantage de soldats ukrainiens blessés dans le pays pour qu’ils y reçoivent des soins. « Nous n’avons pas reçu de réponse », a déploré le fonctionnaire ukrainien.
Subkh a demandé des explications au sujet de l’aide israélienne en matière de déminage civil, mais a été frustré par le manque de clarté dans ce domaine également.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a jusqu’à présent poursuivi la politique de ses prédécesseurs en refusant de fournir à l’Ukraine des armes défensives pour contrer les attaques russes, tout en orientant Israël légèrement plus dans la direction de Kiev. La visite de Cohen est l’un des signes de cette évolution.
Lors de sa visite en février, Cohen avait également annoncé qu’Israël « aiderait l’Ukraine à développer un système intelligent d’alerte précoce ». Ce système d’alerte aux frappes aériennes serait similaire à la technologie utilisée par Israël pour avertir les civils des attaques à la roquette.
Les responsables israéliens ont présenté une image très différente de celle de leurs homologues ukrainiens, insistant sur le fait que l’aide promise par Cohen est bien en cours.
« On y travaille », a assuré un responsable du ministère des Affaires étrangères au Times of Israel. « Les projets sont en cours de réalisation, mais ils prennent du temps. »
Israël a rejeté lundi les informations selon lesquelles Michael Brodsky aurait été convoqué pour une réprimande.
« C’est tout simplement faux », a déclaré un fonctionnaire israélien. « Il s’agissait d’une réunion de suivi normale. »
Le fonctionnaire a également démenti les rapports des médias ukrainiens selon lesquels Kiev a exprimé son mécontentement parce qu’Israël n’a pas reconnu le groupe paramilitaire russe Wagner comme étant une organisation terroriste, alors que Jérusalem a demandé à l’Ukraine d’inscrire le Corps des gardiens de la révolution iranienne sur la liste des organisations terroristes.
« Le groupe Wagner n’a pas été évoqué », a insisté le responsable israélien.
Selon le compte-rendu israélien de la réunion, les Ukrainiens voulaient plutôt comprendre le mécanisme qui leur permettrait d’accéder à l’assurance du prêt et voulaient des informations sur le système civil d’alerte précoce pour les missiles.
« Il faut du temps pour l’adapter aux besoins de l’Ukraine », a déclaré le responsable israélien, soulignant qu’il faudrait encore au moins « quelques mois » avant que le système ne soit prêt à être déployé.
Une équipe ukrainienne est actuellement en Pologne pour se familiariser avec le système, en collaboration avec des responsables israéliens de la défense.
Le système doit être modifié pour avertir de l’arrivée de missiles balistiques russes, alors qu’en Israël, il est utilisé pour alerter les citoyens en cas de tirs de roquettes à courte portée.
Israël continue à coopérer avec l’Ukraine pour tenter de mieux cerner ses priorités en termes d’aide humanitaire, a déclaré le responsable.
Bien qu’Israël ne dispose pas encore d’un budget d’État, un budget spécial avait néanmoins été approuvé en janvier pour l’aide humanitaire pour l’Ukraine.
Un responsable ukrainien a reconnu que le ton de la réunion avec Brodsky était amical, mais que cela ne signifiait pas que Kiev est satisfait. « On peut crier ou parler gentiment, mais cela ne change pas les faits.
« Malheureusement, nous sommes en guerre, a poursuivi le responsable, et notre diplomatie en temps de guerre est légèrement différente de notre diplomatie en temps de paix. »