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Knesset : L’opposition s’en prend vivement à Netanyahu lors d’une séance agitée

Lapid éreinte le Premier ministre au sujet des récents rassemblements à sa résidence, disant que "rien ne vous appartient ici" ; Netanyahu évoque des "affirmations infondées"

Les députés de l'opposition huent le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une allocution du Premier ministre à la Knesset, le 5 août 2020 (Capture d'écran/ Chaîne de la Knesset)
Les députés de l'opposition huent le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une allocution du Premier ministre à la Knesset, le 5 août 2020 (Capture d'écran/ Chaîne de la Knesset)

Les députés de l’opposition ont fustigé le Premier ministre Benjamin Netanyahu au cours d’une session particulière de la Knesset, mercredi, l’attaquant pour sa mauvaise gestion de la crise sanitaire et ses retombées économiques. Ils ont également mis en cause sa rhétorique et sa corruption présumée.

Netanyahu a riposté en qualifiant « d’illégitimes » les rassemblements organisés à son encontre et s’est livré à des attaques personnelles contre certains de ses critiques, notamment contre le chef de l’opposition, Yair Lapid.

La session qui était consacrée à « l’échec choquant de Netanyahu et du gouvernement à prendre en charge les crises entraînées par le coronavirus », qui a eu lieu à l’initiative du parti de gauche du Meretz, avait été organisée après que les législateurs sont parvenus à réunir les quarante signatures nécessaires pour que le Premier ministre soit dans l’obligation d’y assister.

Les chefs des formations de l’opposition se sont relayés pour prendre la parole. Ouvrant la séance, le dirigeant du Meretz, Nitzan Horowitz, a estimé que la gouvernance de Netanyahu entraînerait une « catastrophe », citant les trois « mises en examen » contre le Premier ministre dans sa gestion du coronavirus – une allusion aux trois dossiers pour corruption impliquant le chef du gouvernement.

« Abandon de l’Etat d’Israël face au coronavirus ; corruption et persécutions à l’encontre du système judiciaire et incitations à la violence et à la division ; et tentative de supprimer des manifestations légitimes », a dit Horowitz.

Le leader de Yamina, Naftali Bennett, adversaire de droite du Premier ministre dont la formation connaît une hausse dans les sondages, a accusé Netanyahu d’avoir ignoré ses demandes d’entretien pour évoquer les plans à mettre en œuvre dans le combat contre la pandémie.

« Toutes ces supplications n’étaient pas politiques. Je n’ai aucun intérêt à intégrer le gouvernement le plus gonflé et le plus opaque de toute l’histoire de l’Etat, mais je veux aider », a dit Bennett.

« Quand j’étais ministre de la Défense, je travaillais pendant le Shabbat pour gérer la pandémie. Je rompais le Shabbat pour pikuah nefesh (pour sauver des vies) », a ajouté Bennett, qui a occupé le fauteuil de ministre de la Défense dans le dernier gouvernement. « Reprenez-vous », s’est-il exclamé dans un appel lancé aux leaders de la coalition. « Comprenez-le bien, nous avons une population qui est en train de mourir. »

Le leader de Yamina, Naftali Bennett, durant une visite dans le centre-ville de Jérusalem, le 5 août 2020. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le député Avigdor Liberman, dirigeant de Yisrael Beytenu, a accusé Netanyahu de qualifier « d’incitation » toute critique de son gouvernement et a cité l’extrait d’un discours qui avait été prononcé en 1995 par le Premier ministre : « Une atmosphère où les adversaires politiques sont réduits au silence représente un vrai danger pour toute société libre. »

Netanyahu a riposté aux critiques des législateurs de l’opposition en disant : « J’ai entendu toutes vos affirmations sans fondement. »

« J’imagine que même si j’amenais ici un vaccin contre le coronavirus, ou la paix dans le monde, vous me répondriez : ‘Mais pourquoi seulement maintenant ?' », a-t-il ajouté.

« Je travaille avec le ministre des Finances sur des plans supplémentaires. Ils seront présentés au gouvernement et aux Israéliens dans un très proche avenir. Je m’adresse au public. Je suis attentif au public », a-t-il continué.

Il a affirmé que les mouvements de protestation organisés à son encontre aux abords de la résidence du Premier ministre à Jérusalem étaient financés par des groupes de gauche, et il s’en est une nouvelle fois pris aux médias pour leur couverture des manifestations.

« Ces rassemblements sont politiques. Quand ils se terminent, tous se retrouvent pour prendre le petit déjeuner dans un hôtel de luxe », a déclaré Netanyahu.

« De votre côté, à gauche, tout est politique. Le coronavirus est politique, l’économie est politique, les manifestations sont politiques. Je ne parle pas des manifestations des personnes qui ont été touchées par le coronavirus. Je les ai rencontrées. J’ai rencontré les propriétaires de restaurants. J’ai rencontré les propriétaires de commerces », a-t-il dit.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime à la Knesset, le 5 août 2020. (Capture d’écran/Chaîne de la Knesset)

« Je parle des autres mouvements de protestation. Ceux qui ont été organisés par la gauche, financés par des fondations de gauche et qui obtiennent une couverture disproportionnée dans les médias », a dit Netanyahu, qui s’est alors fait chahuter par les députés de l’opposition.

« Ce sont des infox, du direct transmis en différé », a-t-il continué.

« Les médias mobilisent les citoyens et se font mobiliser aussi, en nous disant que les manifestations de gauche sont spontanées – mais les manifestations spontanées de la gauche sont toujours celles qui sont le plus préalablement organisées. Ces manifestations sont organisées dans des hôtels de luxe et dans des appartements situés dans des tours somptueuses », a continué Netanyahu.

« Dans de nombreux pays du monde, l’opposition s’engage dans la lutte contre le coronavirus aux côtés du gouvernement. En Israël, c’est le contraire. Nous combattons la maladie, la gauche combat le gouvernement », a-t-il continué.

Lapid, à la tête de la faction Yesh Atid, a répondu au discours de Netanyahu.

« Nous avons payé pour le fauteuil sur lequel vous êtes assis. Ce fauteuil ne vous appartient pas. Il appartient à tous les citoyens d’Israël. Vous n’êtes pas chez vous, ici. Vous êtes un salarié », a déclaré Lapid. « Savez-vous pourquoi les manifestants viennent à Balfour [la résidence du Premier ministre] ? Parce qu’ils en sont les propriétaires. Ce n’est pas votre maison, elle leur appartient. Et ils sont venus vous faire part de la fin du bail. »

Il a également rejeté l’affirmation de Netanyahu concernant le côté strictement partisan des mouvements de protestation organisés à Jérusalem à l’encontre du Premier ministre.

« Ils ne vont pas vous mettre à la porte parce qu’ils sont de gauche. Ils ne vont pas vous mettre à la porte parce qu’ils sont anarchistes ou parce qu’ils propageraient la maladie, ou quelque autre qualificatif immonde que vous avez pu leur attribuer. Ils vont vous mettre à la porte pour une raison très simple… Parce que vous ne faites pas un bon travail. Vous avez pu le faire dans le passé mais ce n’est plus le cas maintenant », a continué Lapid.

Au cours d’un autre échange, Netanyahu a critiqué avec vigueur le chef de Yesh Atid pour ses aspirations à devenir Premier ministre.

Le député Yair Lapid de Kakhol lavan s’exprime lors de la conférence de presse de « Maariv » à Herzliya, le 26 février 2020. (Miriam Alster/Flash90)

« Ce dont a besoin un Premier ministre d’Israël, c’est d’une éducation », a dit Netanyahu. « Il y a encore quelques petites choses supplémentaires que vous avez encore à faire si vous voulez devenir Premier ministre. »

Lapid a riposté : « Je crois que je viens de créer chez vous une certaine tension. Venir pour m’attaquer personnellement, cela revient à dire à tous : ‘Les gars, prenez garde, ce type est un candidat légitime au poste de Premier ministre.' »

Au moins cinq législateurs ont été sortis de force de la séance plénière pour des huées pendant le discours de Netanyahu malgré les rappels à l’ordre. Parmi eux, Eli Avidat de Yisrael Beytenu, Heba Yazbak de la Liste arabe unie et Tamar Zandberg du Meretz, a fait savoir Ynet.

Cela fait des semaines que des rassemblements réguliers ont lieu aux abords de la résidence du Premier ministre située sur la rue Balfour à Jérusalem, ainsi qu’à Tel Aviv et dans d’autres secteurs, réclamant la démission du Premier ministre en raison de son procès pour des faits de corruption. D’autres manifestants se sont joints au mouvement, dénonçant les politiques économiques mises en œuvre dans le cadre de la pandémie de coronavirus. Des milliers de personnes ont ainsi pris d’assaut les rues du pays – un nombre qui ne cesse de croître.

Le dernier rassemblement à Jérusalem, samedi soir, a attiré 10 000 participants, selon des estimations.

Pour sa part, Netanyahu a protesté contre la couverture médiatique accordée à ces rassemblements qui, selon lui, est hors de proportion et exagérée. Samedi soir, il s’en est pris encore une fois aux chaînes de télévision alors que son parti du Likud a accusé ces dernières de « faire la propagande des manifestations de la gauche anarchiste ».

Le chef du gouvernement est actuellement traduit devant les juges dans une série de dossiers impliquant des cadeaux luxueux donnés par des amis milliardaires et pour avoir négocié des faveurs en termes de régulation avec d’éminentes personnalités des médias israéliens, avec pour objectif d’obtenir une meilleure couverture des actions du Premier ministre et de sa famille.

Israël et Netanyahu avaient été initialement salués pour la gestion de la première vague de la crise du coronavirus, mais une deuxième vague a entraîné un pic des infections et une réponse gouvernementale chaotique avec un déploiement hésitant d’aides financières et de mesures de restrictions.

Pendant le confinement national qui avait eu lieu au mois de mars et au mois d’avril, l’économie israélienne s’était quasiment immobilisée. Les chiffres du chômage avaient grimpé en flèche, à 26 %, et un million d’Israéliens s’étaient retrouvés sans activité professionnelle. Au cours des derniers mois, les restrictions ont été levées dans leur majorité mais le chômage reste important, avec un taux de 21,6 % – soit presque 800 000 Israéliens sans travail, selon les chiffres qui ont été révélés mardi par le service de l’Emploi.

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