La Banque d’Israël fixe le taux d’intérêt à 0,1 % pour stimuler l’emprunt public
Le gouverneur de la Banque centrale Amir Yaron réclame un budget 2021 « dès que possible » pour redonner confiance à l’économie, et consacre 10 milliards de NIS à des prêts aux PME

La Banque d’Israël a décidé jeudi de maintenir son taux d’intérêt à court terme inchangé à 0,1 %, en prévision d’une potentielle contraction de l’économie jusqu’à 6,5 % cette année si la pandémie de coronavirus n’est pas maîtrisée.
La banque centrale a également annoncé une extension de son programme d’achat d’obligations d’État de 35 milliards de shekels pour alléger les conditions de crédit et soutenir l’activité économique et la stabilité financière.
La plupart des économistes interrogés par Reuters avaient anticipé que la banque maintiendrait son taux de référence à ce niveau historiquement bas de 0,1 %.
La banque centrale prévoit une contraction de 5 % du produit intérieur brut (PIB) du pays pour l’année 2020, et une croissance de 5 % en 2021 si la pandémie est relativement bien maîtrisée. Dans un scénario plus pessimiste, la banque anticipe une contraction de 6,5 % cette année et une croissance de seulement 1 % en 2021.

Le déficit public devrait être d’environ 13 % en 2020 et 8 % en 2021, si la pandémie est maîtrisée, ou 13 % et 11 % dans le cas contraire. Le ratio dette / PIB devrait s’élever à 73 % à la fin de 2020 et à 76 % en 2021. Dans un scénario plus pessimiste, le ratio dette / PIB atteindrait 83 % en 2021.
En août, la commission monétaire de la banque centrale avait déclaré que dans un scénario très pessimiste, où la pandémie ne serait que partiellement maîtrisée, la réduction du PIB pourrait atteindre 7 % en 2020 et ne connaître qu’une croissance de 3 % en 2021.
Jeudi, lors d’une conférence de presse en ligne, le gouverneur de la banque centrale Amir Yaron a appelé le gouvernement à présenter son budget pour 2021 à la Knesset « dès que possible » afin de favoriser la sécurité économique tant pour les entreprises que pour les consommateurs. L’adoption du budget a été retardée en raison de luttes politiques entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son principal partenaire de coalition Benny Gantz.
Yaron a également déclaré qu’à l’heure actuelle, la banque centrale choisissait d’aider l’économie par un assouplissement quantitatif, soit par l’achat d’obligations d’État, mais qu’elle réduirait encore davantage les taux d’intérêt si nécessaire. Il a ajouté que la Banque d’Israël « continuerait d’intervenir » sur le marché des changes par l’acquisition de devises, pour assurer « la stabilité des prix et une activité économique satisfaisante ».
« Les ramifications de la crise ont déjà conduit à une forte augmentation du déficit, qui devrait encore s’amplifier, tout comme le ratio dette / PIB », a déclaré Yaron lors de la conférence de presse. Le gouvernement doit ainsi « gérer ses priorités », entamer des démarches pour favoriser les investissements dans les domaines vecteurs de croissance et l’amélioration de la productivité à moyen et long termes, et élaborer des projets pour aider l’économie à « se remettre sur les rails d’une politique budgétaire durable dans les années qui suivront la crise ».
« En conséquence, je réitère la nécessité de présenter un plan économique global, reflété par le budget du gouvernement pour 2021, qui devra être présenté et approuvé par la Knesset aussi vite que possible », affirme Yaron.

Yaron a ajouté que les agences de notation observent les développements économiques et les politiques mises en œuvre en Israël et souhaiteraient voir un « cadre méthodique pour la création du budget 2021 ».
La banque centrale a déclaré qu’avant le deuxième confinement en septembre, le chômage s’était stabilisé autour de 11-12 %. Il a toutefois bondi à 19 % fin septembre suite à l’imposition du deuxième confinement. Le nombre de chômeurs au cours de la première moitié de septembre était d’environ 470 000, mais il a augmenté d’environ 300 000 en raison du confinement.
« Compte tenu de l’ampleur de l’impact négatif de la crise sur l’activité économique », la banque centrale continuera « d’utiliser un éventail d’outils afin d’améliorer l’adaptation de la politique monétaire et de garantir la continuité du fonctionnement des marchés financiers », a déclaré la Banque d’Israël dans un communiqué.
La commission monétaire de la banque « exploitera les outils existants, notamment l’usage des taux d’intérêt, et en déploiera d’autres, si la crise se prolonge et si elle estime que cela est nécessaire pour atteindre ses objectifs de politique monétaire et modérer l’impact économique négatif créé par la crise ».
Achats d’obligations d’État, aide aux petites entreprises
La banque centrale a déclaré qu’à la suite du programme de 50 milliards de shekels pour l’achat d’obligations d’État sur le marché secondaire, annoncé en mars de cette année afin d’alléger les conditions de crédit et de soutenir l’activité économique et la stabilité financière, la commission monétaire avait décidé de renforcer ce programme d’achat de 35 milliards de shekels.
À la fin du mois de septembre, les achats d’obligations d’État ont atteint 33,6 milliards de shekels, selon la banque centrale.
En outre, la commission monétaire de la banque centrale a lancé une nouvelle composante du programme afin d’alléger les conditions de crédit des petites et microentreprises, pour un total de 10 milliards de shekels.
Dans le cadre de ce programme, la Banque d’Israël accordera au secteur bancaire des prêts d’une durée de quatre ans, à un taux d’intérêt fixe de moins de 0,1 %, en échange des prêts que les banques accorderont aux petites et micro-entreprises, à condition que le taux d’intérêt sur ces prêts ne dépasse pas la Prime + 1,3 %, a indiqué la banque centrale.
Pendant les mois d’été – après le premier confinement et avant le deuxième – l’économie israélienne s’est rapidement rétablie. Cependant, l’imposition du deuxième confinement en septembre, suite à une augmentation de la morbidité, a conduit à une forte baisse de l’activité et de la demande, a indiqué la banque centrale dans un communiqué.
Le contexte inflationniste reste faible, avec une contraction de l’inflation de 0,7 % au cours des 12 derniers mois.