La coalition relance une tentative controversée visant à restreindre la Loi du Retour
Un amendement qui exclurait les personnes avec un seul grand-parent juif sera redébattu dans deux mois et pourrait être adopté

Le gouvernement est en train de rediscuter d’une modification controversée de la loi du retour qui refuserait aux personnes n’ayant qu’un seul grand-parent juif le droit automatique d’immigrer en Israël.
La proposition, déjà formulée à la fin de 2022 et au début de 2023, figurait dans les accords de coalition précédant la formation du gouvernement actuel. Elle devrait cette fois être adoptée, bénéficiant d’un soutien suffisant au sein de la majorité, selon les médias israéliens.
Avi Maoz, chef du parti d’extrême droite Noam, a présenté l’amendement mercredi, lors d’une session houleuse à la Knesset, quelques jours après la reprise des travaux parlementaires à l’issue d’une pause d’un mois. Le texte sera examiné à nouveau dans deux mois.
Formulée en 1950, deux ans après la création de l’État d’Israël, la Loi du retour accorde à tout juif à travers le monde le droit automatique d’immigrer dans l’État juif. « Tout Juif a le droit de venir dans ce pays en tant qu’oleh [immigrant] », stipule-t-elle.
Pendant des années, les législateurs ont débattu de la définition exacte de qui peut être considéré comme Juif à cette fin. Si les autorités religieuses orthodoxes ne reconnaissent comme Juifs que ceux nés d’une mère juive ou convertis selon les règles orthodoxes, la loi a été élargie en 1970 pour inclure les petits-enfants de Juifs, même s’ils ne sont pas eux-mêmes juifs. L’amendement de 1970 permet également l’immigration légale des conjoints non juifs de personnes juives.
Une décision de la Cour suprême, rendue en novembre 2023, a élargi encore l’interprétation en reconnaissant également le droit à l’immigration aux veuves d’enfants ou de petits-enfants de Juifs.
Maoz avait déjà présenté une motion similaire en 2023. Le changement proposé aurait des conséquences désastreuses pour les olim venus de Russie, qui représentent la majorité des nouveaux immigrants ces dernières années, dont beaucoup ne sont pas considérés comme Juifs selon la loi religieuse.
Dans sa proposition, Maoz affirme que la loi actuelle « est exploitée par des personnes ayant rompu tout lien avec le peuple juif et ses traditions, et qu’elle vide de son sens l’intention première de la loi ». L’abrogation de la clause relative aux petits-enfants « empêcherait l’une des plus grandes absurdités du droit israélien, à savoir, que la loi juive la plus explicite permette à des non-Juifs d’entrer librement dans le pays », écrit-il.
Lors du débat sur la proposition à la Knesset, le vice-ministre des Transports, Uri Maklev (Yahadout HaTorah), a accusé la loi actuelle d’encourager la fraude religieuse. « Une personne qui va à l’église tous les dimanches avec ses parents peut, selon la loi actuelle, se présenter en Israël et demander à immigrer en se déclarant juive. »
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi (Likud), a ajouté que l’objectif de l’amendement de 1970 était d’offrir un refuge à toute personne persécutée parce qu’elle est juive.
« Personne n’avait imaginé que des personnes totalement étrangères au judaïsme viendraient en Israël pour des raisons purement économiques, comme celles que [Avigdor] Liberman [Yisrael Beytenu] fait venir, qui bénéficient d’un ensemble d’aides et repartent au bout de deux jours. »

Liberman a réagi vivement, affirmant que les vrais juifs servent dans Tsahal, contrairement à de nombreux membres de la communauté ultra-orthodoxe.
« Sept mille soldats, dont le père ou le grand-père étaient juifs, se sont levés pour défendre le pays : ils ont combattu, ils nous ont protégés, et des dizaines d’entre eux sont tombés pendant la guerre Épées de fer », a-t-il écrit sur X, reprenant l’appellation officielle de Tsahal pour le conflit en cours. « Par leurs actes, ils ont montré qu’ils sont bien plus juifs que ceux qui fuient le service militaire et compromettent la sécurité d’Israël. »
Gilad Kariv (Avoda) a accusé Karhi d’être un « raciste », et écrit sur X que « la contribution de 1,2 million d’Israéliens russophones à la société israélienne, à la sécurité nationale et au judaïsme est inestimable. Elle dépasse de loin celle de ce groupe animé par la haine et la division, dont Karhi est l’un des chefs de file. »
Vladimir Beliak (Yesh Atid), un oleh d’origine russe, a lui aussi réagi vivement sur X en écrivant que « quarante soldats immigrés originaires de l’ex-Union soviétique ont été tués pendant la guerre et plus de 400 blessés. Dix-huit olim civils, au moins, ont été assassinés et cinq kidnappés et pris en otage à Gaza. Les terroristes du Hamas ne leur ont pas demandé sous quelle clause ils avaient immigré. Cela n’empêche pas Karhi de calomnier la communauté immigrée. »
Selon un reportage de la chaîne publique Kan, la majorité des partis de la coalition devraient voter en faveur de la suppression de la clause des petits-enfants lors de sa réintroduction au débat dans deux mois. Le seul obstacle à l’adoption de la mesure reste un accord de coalition accordant un droit de veto au ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, et à son parti Tikva Hadasha. Ce dernier est, toutefois, sur le point de fusionner avec le Likud, ce qui lui ferait perdre ce droit de veto, selon le reportage.