La police a autorisé un groupe de 180 Juifs à se rendre sur le mont du Temple
Dû au statu quo, la police a longtemps limité ces groupes à 30 personnes ; selon l'organisation soutenant ces visites, 3 076 Juifs ont gravi le site sacré depuis le début de Pessah

La police a autorisé mardi un groupe d’environ 180 Juifs à monter sur le mont du Temple à Jérusalem, ce qui constitue une nouvelle entorse manifeste au fragile statu quo non écrit qui régit ce lieu saint hautement sensible.
En raison de ce statu quo, la police a longtemps limité ces visites à 30 personnes, les visiteurs non musulmans n’étant pas autorisés à prier sur le site qui abrite également la mosquée al-Aqsa également connue des musulmans sous le nom de Haram al-Sharif.
Cette exception constatée mardi survient dans un contexte d’assouplissement de facto du statu quo depuis plusieurs années, en particulier depuis la nomination en décembre 2022 du député ultra-nationaliste Itamar Ben Gvir au poste de ministre de la Sécurité nationale chargé de la police. Ben Gvir, qui a déclaré avoir supervisé un remaniement de la politique sur le mont du Temple, affirme que les Juifs sont désormais autorisés à y prier. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a maintes fois réfuté cette affirmation, qui provoque des réactions négatives de la part des pays de la région.
Situé dans la Vieille Ville de Jérusalem, le mont du Temple est le lieu le plus saint du judaïsme, berceau des deux Temples bibliques. Connu des musulmans sous le nom de Noble Sanctuaire, il abrite par ailleurs la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu le plus saint de l’islam. Toute modification apportée au statu quo concernant le mont du Temple suscite une forte émotion et est réputée ouvrir la voie à de nouvelles violences religieuses.
Depuis le début de la fête de Pessah, qui dure une semaine et qui a commencé samedi soir, 3 076 Juifs se sont rendus sur le mont du Temple, la plupart d’entre eux l’ayant fait mardi, a rapporté Haaretz, citant Minhelet Har-HaBaït (Administration du mont du Temple), une organisation non gouvernementale juive qui suit et soutient les visites juives sur le site.
La police a déclaré à Haaretz qu’elle avait « sécurisé les visites du mont du Temple comme d’habitude, conformément aux règles de visite et au nombre de visiteurs.
ברכת כהנים במוסף של חג על הר הבית pic.twitter.com/7bfu1sxO6d
— ינון מגל (@YinonMagal) April 15, 2025
« Le nombre de personnes autorisées dans chaque groupe est déterminé en fonction de diverses circonstances, notamment le nombre total de visiteurs sur le site et, en particulier, la capacité de la police à assurer et à maintenir l’ordre public pour chaque groupe », a expliqué la police.
L’article de Haaretz ne précisait pas si le groupe de 180 Juifs avait prié sur le site, mais une vidéo diffusée mardi sur le réseau social X par le journaliste d’extrême droite Yinon Magal montrait un groupe en train de réciter la bénédiction sacerdotale sur le mont.
En outre, plusieurs militants juifs ont été arrêtés ces derniers jours, comme chaque année, pour avoir tenté de faire entrer clandestinement une chèvre ou un agneau sur le site afin de procéder au sacrifice de Pessah, comme cela se faisait avant la destruction de l’ancien Temple il y a 2 000 ans.
Le tribunal de Jérusalem a rejeté mardi une demande de prolongation de la détention provisoire de deux de ces militants, qui ont été surpris lundi avec un agneau près de la porte de Jaffa, dans la Vieille Ville.
הר הבית לב האומה היהודית! pic.twitter.com/1CjVFoNn0s
— ברל'ה קרומבי???????? (@berale_crombie) April 15, 2025
Ben Gvir s’est rendu mardi à la porte des Maghrébins et sur l’esplanade du mur Occidental, mais pas sur le mont du Temple, selon le journal.
Bien que le statu quo interdise le culte juif, les Juifs sont autorisés à se rendre sur le mont du Temple à des heures précises.
La position dominante dans le judaïsme orthodoxe a longtemps été d’interdire toute entrée sur le mont du Temple, pour des raisons rituelles liées à la sainteté du site. Ainsi, les rabbins ultra-orthodoxes et les élus se sont vigoureusement opposés à la récente attitude permissive sur le mont, la qualifiant de « profanation » qui provoque « une incitation inutile dans le monde musulman ».