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La sortie de Liberman laisse une place libre à la diplomatie

Les candidats au poste de ministre des Affaires étrangères sont nombreux ; tout le monde attend le choix de Netanyahu

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le ministère des Affaires étrangères, à Jérusalem. (Crédit : AFP)
Le ministère des Affaires étrangères, à Jérusalem. (Crédit : AFP)

Bienvenue dans le jeu des chaises musicales de la politique israélienne. Il y quelques mois, il semblait presque certain que le règne de cinq ans d’Avidgor Liberman au ministère des Affaires étrangères arriverait à sa fin.

Son parti Yisrael Beytenu obtenait des résultats médiocres dans les sondages avant les élections du 17 mars. Pourquoi le futur Premier ministre, à ce moment Benjamin Netanyahu ou Isaac Herzog étaient dans une course serrée pour le poste, donnerait le deuxième poste le plus convoité de la coalition au chef d’un parti avec seulement quelques sièges ?

De plus, Liberman, très direct et fréquemment peu diplomate, ne voulait même pas être ministre des Affaires étrangères : il demandait le porte-feuille de la Défense, posant cela comme une condition pour entrer dans la coalition. Moshe Yaalon, alors en place, est allé voir Netanyahu pour l’implorer de le garder au poste de la Défense.

Pourtant, quand la musique s’est arrêtée après le résultat de l’élection, les choses semblaient très différentes.

Le parti du Likud de Netanyahu a remporté une victoire écrasante et l’ancien nouveau Premier ministre a promis de construire une coalition de droite avec les religieux. Les six sièges d’Yisrael Beytenu semblaient cruciaux pour créer une majorité stable – sans le parti de Liberman, la coalition a seulement une majorité de 61 sièges sur 120.

Le ministre de l’Economie, Naftali Bennett, le chef du parti Habayit HaYehudi, visait le ministère des Affaires étrangères. Mais après que Bennett a annoncé la semaine dernière qu’il était content de devenir ministre de l’Éducation, il était absolument certain que Liberman pouvait tranquillement anticiper quelques autres années en tant que plus haut diplomate du pays.

Lundi pourtant, tout a changé à nouveau : deux jours avant la date limite pour la formation d’une nouvelle coalition, Liberman a annoncé qu’il ne participerait pas à la coalition et qu’il quittait son poste de ministre des Affaires étrangères.

Qui succédera à Liberman ? Les prédictions sont très risquées, mais plusieurs candidats au poste font tout pour obtenir le soutien du Premier ministre :

Gilad Erdan. L’actuel ministre de l’Intérieur, qui est arrivé en tête aux primaires du parti du Likud, est clairement le favori pour le poste. Il n’y a pas si longtemps, il a sérieusement envisagé d’accepter une offre pour devenir l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies à New York.

Il a finalement choisi de rester à Jérusalem, bien déterminé à enrichir son CV ministériel pour accéder un jour à la plus haute fonction. Les Affaires étrangères seraient une étape majeure dans son parcours.

Ministre de l'Intérieur Gilad Erdan du Likud à Tel Aviv, le 16 février 2015 (Crédit : Gili Yaari / Flash90)
Le ministre de l’Intérieur du Likud, Gilad Erdan, à Tel Aviv, le 16 février 2015 (Crédit : Gili Yaari / Flash90)

Silvan Shalom. L’ancien candidat à la présidentielle a déjà rempli la fonction de ministre des Affaires étrangères de 2003 à 2006 et convoite un retour à ce poste.

Vétéran de cinq gouvernements, Shalom, né en Tunisie, parle le français et l’arabe. Il s’est placé suffisamment bien aux primaires du Likud pour être considéré comme un candidat crédible.

Pourtant, Shalom et Netanyahu n’ont pas toujours eu les meilleures relations, et leurs autres amis importants ne sont pas non plus les meilleurs amis. Cela pourrait bien ne pas être négligeable non plus pour le futur politique de Shalom.

Le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Silvan Shalom (Crédit : Kobi Gideon/Flash90)
Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Silvan Shalom (Crédit : Kobi Gideon/Flash90)

Yuval Steinitz. L’ancien philosophe et ministre des Finances occupe actuellement le ministère des relations internationales (un titre sans grande importance qu’il a reçu avec le portefeuille des Renseignements). Mais ce non-ministère lui a permis de rencontrer des dignitaires venus en visite à chaque fois que le ministre des Affaires étrangères n’était pas disponible.

Steinitz est aussi l’homme en pointe de Netanyahu pour l’Iran, il informe la presse et, plus important encore, il voyage régulièrement dans des capitales étrangères pour inciter les dirigeants à ne pas signer un mauvais accord sur le nucléaire.

Ses efforts n’ont peut-être pas eu beaucoup de succès, mais ce n’était pas faute d’essayer. Comme Erdan, il est toujours resté fidèle à Netanyahu ce qui pourrait compter plus que ses talents de persuasion ou son classement aux primaires du Likud (13e place).

Le ministre du Renseignement Yuval Steinitz à la 7e conférence annuelle de l'INSS à Tel Aviv, le 29 janvier 2014 (Crédit : Gideon Markowicz/Flash90)
Le ministre du Renseignement Yuval Steinitz à la 7e conférence annuelle de l’INSS à Tel- Aviv, le 29 janvier 2014 (Crédit : Gideon Markowicz/Flash90)

Tzachi Hanegi. Un proche du Premier ministre, Hanegi occupe actuellement la fonction d’assistant du ministre des Affaires étrangères et a annoncé son intérêt pour le plus grand bureau situé de l’autre côté du hall. A la 12e place dans le classement du Likud, pourtant, il se peut bien qu’il ait moins de chances que les autres candidats du Likud pour le poste.

Le prix pourrait toujours revenir à Bennett, Herzog ou Livni.

Bien sûr, il n’est en rien garanti que le portefeuille des Affaires étrangères ira au Likud.

Il y a ceux qui croient encore dans un gouvernement d’unité nationale et voient le chef de l’opposition, Herzog, devenir ministre des Affaires étrangères. Le chef du parti travailliste continue à nier toute intention de rejoindre le quatrième gouvernement de Netanyahu. Mais dans la politique israélienne, souvenez-vous, la musique joue toujours.

Les options d’Herzog et Livni sont les seules qui pourraient sensiblement changer la politique étrangère puisqu’ils sont tous les deux des partisans de la solution à deux États, alors que les autres candidats, à l’exception discutable de Netanyahu lui-même, ne le sont clairement pas.

Les plus proches alliés d’Israël à Washington, Berlin, Londres, Canberra et Prague observent de près comment Netanyahu traite la question palestinienne. Son choix du ministre des Affaires étrangères sera un baromètre majeur.

Mais lorsque la musique cessera de jouer, le choix se fera principalement selon des impératifs politiques nationaux.

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