La Suède refuse de lier l’aide palestinienne aux incitations à la violence
Une ministre critique un député de l’opposition ayant cité des exemples de rhétoriques violentes liés à l’AP ; Israël la critique pour sa position “irresponsable”
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
L’aide financière à l’Autorité palestinienne (AP) devrait être accordée quelles que soient ses politiques scolaires, ses incitations anti-Israël ou antisémites, a déclaré une ministre suédoise.
S’exprimant vendredi au Parlement lors d’un débat sur l’aide de Stockholm à Ramallah, la ministre pour la Coopération et le Développement international Isabella Lövin a déclaré que « le soutien au secteur scolaire ou au ministère de l’Education n’est pas compris dans la stratégie pour la Palestine décidée par le gouvernement ».
Un député du parti d’opposition démocrate chrétien pro-Israël, Mikael Oscarsson, avait interrogé Lövin sur le soutien du gouvernement à l’AP.
Dans une question écrite, il avait demandé à savoir combien d’argent de l’aide suédoise pouvait être utilisé par les Palestiniens pour changer les noms des 25 écoles par des noms de terroristes, et s’il était possible de créer un mécanisme pour assurer que l’argent suédois ne soit pas utilisé pour d’autres exemples à l’incitation à la violence.
Dans sa réponse, Lövin, membre du Parti vert, a réitéré sa position, établie la première fois en mai 2015, que promouvoir l’éducation ne fait pas partie de la stratégie de développement de la Suède concernant la Palestine. Les aides financières fournies par Stockholm avec une « possibilité d’intervenir », a-t-elle déclaré pendant une session parlementaire. « Une menace constante de retirer l’aide n’est pas un moyen d’avancer. »
Le gouvernement, a-t-elle déclaré, a déjà un ensemble de stratégie et d’objectifs, et ne prévoit pas d’imposer des conditions supplémentaires à la fourniture d’aide étrangère.
Israël a condamné les paroles de la ministre suédoise, qui avaient d’abord été annoncé par le bloggeur du Times of Israël David Metzler, comme « irresponsables ».
« Ceux qui ignorent délibérément l’influence des incitations palestiniennes [à la violence] sur la vague actuelle de terrorisme ferment les yeux sur la cause principale d’attaques au couteau menaçant des Israéliens innocents, » avait déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué au Times of Israël. « Ceci est irresponsable pour tout officiel fournissant des conseils à son gouvernement sur le Moyen Orient. »
Pendant le débat de vendredi au Riksdag [Parlement suédois], Oscarsson, le député de l’opposition pro-Israël, a cité plusieurs posts incendiaires des comptes Facebook et Twitter du parti du président de l’AP Mahmoud Abbas, le Fatah. Lövin, à son tour, l’a accusé d’apporter la violence verbale dans la Chambre. L’incitation palestinienne à la violence ne devrait avoir aucune incidence sur l’aide financière, a-t-elle souligné.
« Je suis très inquiète de nous, nous tenant ainsi au parlement de Suède, […] en polarisant ce débat. Que nous importions cette rhétorique très infectée et sanglante à laquelle nous n’avons absolument aucun besoin de nous dédier quand il s’agit de la politique d’aide, » a-t-elle déclaré.
Le débat de vendredi avait été initié par l’organisation sioniste mondiale (WZO), qui avait envoyé une délégation à Stockholm en janvier et rencontré Oscarsson.
« Je suis heureux que cette action que nous avons prise ait forcé le débat public et que le gouvernement suédois soit conscient du problème de financer l’AP alors que ces incitations claires [à la violence] continuent, » a déclaré l’ancien député israélien Dov Lipman, qui dirige actuellement le département de la diplomatie publique et des opérations sionistes de la WZO.
En octobre 2014, la Suède était devenue la première nation d’Europe de l’ouest à reconnaitre un état de Palestine. A cette époque, Stockholm avait augmenté son aide financière à Ramallah passant de 500 millions de couronnes suédoises à 1,5 milliard (environ 690 millions de shekels ou 160 millions d’euros) pour une période de cinq ans.
En addition de cette « aide bilatérale », la Suède fournit aussi des financements pour des causes « humanitaires » liées aux Palestiniens.
Le mois dernier, Stockholm a augmenté sa contribution annuelle à l’office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche Orient (UNRWA) de 40,6 millions de dollars (environ 160 millions de shekels), soit une hausse de 1,5 %.
Les relations entre Jérusalem et Stockholm ont été tendues depuis que la Suède a reconnu un état palestinien, mais ont récemment empiré suite à une série de déclarations controversées de la ministre des Affaires étrangères Margot Wallstrom.
En novembre, celle-ci semblait suggérer que les attentats terroristes de Paris qui avaient tué 129 personnes étaient enracinés dans la frustration des musulmans au Moyen Orient, y compris celle des Palestiniens.
Deux mois plus tard, elle avait appelé à une enquête pour déterminer si Israël menait des exécutions extrajudiciaires sur les attaquants palestiniens pendant la vague de violence.
Israël avait rejeté avec fureur les accusations de Wallstrom, le Premier ministre Benjamin Netanyahu les qualifiant de « scandaleuses » et de « stupides ».