L’administration Trump pourrait soutenir l’annexion de la Cisjordanie – Mike Huckabee
Le nouvel ambassadeur, et ex-gouverneur de l'Arkansas, prévient qu'il ne sera pas celui qui définira la politique mais n'exclut pas la réinstallation dans la bande de Gaza
Le prochain ambassadeur des États-Unis en Israël, désigné par le président nouvellement élu Donald Trump, a déclaré que l’administration entrante pourrait soutenir l’annexion de la Cisjordanie, bien qu’une telle décision ne soit pas entre ses mains.
Mike Huckabee, un homme politique et un leader chrétien évangélique qui a toujours soutenu les constructions israéliennes en Cisjordanie, a été désigné mardi comme le candidat de Trump pour ce poste, s’attirant les louanges des dirigeants des implantations.
Sur l’antenne de la radio de l’armée israélienne mercredi matin, il a été demandé à Huckabee si l’annexion serait une possibilité après l’entrée en fonction de Trump en janvier.
« Bien sûr », a répondu Huckabee. « Je ne ferai pas la politique, je mettrai en œuvre la politique du président. »
Il a déclaré qu’aucun autre président n’avait été aussi « utile pour obtenir une compréhension de la souveraineté d’Israël », soulignant le soutien de Trump à la reconnaissance des revendications d’Israël sur le plateau du Golan et Jérusalem.
Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et a déplacé l’ambassade américaine, bien que l’administration ait déclaré que ce geste n’équivalait pas à une reconnaissance des frontières de la ville, qui ont été élargies en 1981 pour inclure Jérusalem-Est dans le cadre d’un mouvement d’annexion de facto.
« Personne n’a fait plus que le président Trump et je m’attends pleinement à ce que cela continue », a affirmé Huckabee.
L’ancien gouverneur de l’Arkansas n’a pas non plus exclu la possibilité qu’Israël reconstruise des implantations dans la bande de Gaza.
« Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à cette question », a-t-il répondu. « Je ne veux pas faire de commentaires sur la politique, parce que ce n’est pas à moi de les faire. »
Le soutien à l’annexion de la Cisjordanie ou au retour des implantations à Gaza marquerait une rupture importante avec l’administration américaine actuelle, qui s’est prononcée à maintes reprises contre les implantations. Celles-ci sont en effet considérées comme un obstacle à une solution à deux États pour le conflit israélo-arabe. L’administration a également mis en garde à plusieurs reprises contre la réinstallation de civils israéliens à Gaza, territoire dont Israël s’était unilatéralement retiré en 2005.
Le premier ambassadeur de Trump en Israël, David Friedman, était également un ardent défenseur des implantations en Cisjordanie, et l’administration s’est largement abstenue de critiquer les constructions israéliennes dans cette région.
Un plan de paix présenté par Trump vers la fin de son mandat avait été interprété par Friedman et le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme un feu vert à l’annexion de la Cisjordanie, bien que l’effort n’ait jamais abouti.
Mardi, Friedman a déclaré qu’il était « ravi » par la sélection de Huckabee par Trump.
Lors de la Guerre des Six Jours en juin 1967, Israël fut contraint de contre-attaquer rapidement et repris la Cisjordanie, alors occupée par la Jordanie. Le territoire, qui abrite quelque 3 millions de Palestiniens et environ 500 000 résidents d’implantations israéliens, est considéré par certains comme une future patrie palestinienne avec Jérusalem-Est comme capitale.
Depuis l’élection de Trump la semaine dernière, les partisans pro-implantations de la coalition de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont à de multiples reprises suscité l’espoir qu’Israël annexerait le territoire et obtiendrait le soutien de Washington pour cette démarche.
Lundi, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré que 2025 serait « l’année de la souveraineté en Cisjordanie », grâce au retour de Trump au pouvoir. La semaine dernière, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a quant à lui déclaré que « c’est le moment de la souveraineté ».
Cependant, au moins deux responsables de la précédente administration de Trump ont averti les principaux ministres israéliens de ne pas supposer que le président nouvellement élu soutiendrait l’annexion de la Cisjordanie par Israël au cours de son second mandat, ont déclaré au Times of Israel trois sources au fait des conversations.
Huckabee avait déclaré que la revendication d’Israël sur la Cisjordanie était plus forte que les liens américains avec Manhattan et avait posé des briques en 2018 lors de la pose de la première pierre d’un nouveau complexe immobilier dans l’implantation d’Efrat.
Lors de l’interview accordée à la Radio militaire, il a noté qu’il était « un visiteur fréquent de la Judée et de la Samarie », en utilisant un terme biblique pour désigner la Cisjordanie.
« Je suis également convaincu que le peuple d’Israël mérite un pays sûr et sécurisé, et tout ce que je peux faire pour y parvenir sera un grand privilège pour moi », a-t-il ajouté.
Outre son soutien aux implantations, et non « colonie » terme qu’il dit exécrer, Huckabee est également un farouche opposant au nationalisme palestinien.
« Il n’existe pas vraiment de Palestinien », a déclaré l’ancien pasteur baptiste à un rabbin du Massachusetts en 2008, selon The New Yorker.
« Cela a été un outil politique pour essayer de forcer la Terre d’Israël à quitter le pays. »
Yossi Dagan, qui dirige le Conseil régional de Samarie dans le nord de la Cisjordanie, a été l’un des premiers à s’adresser à Huckabee après l’annonce de sa nomination.
« Les États-Unis ont gagné et l’État d’Israël aussi. Mike Huckabee est un véritable leader, un homme intelligent », a déclaré Dagan dans un communiqué qui souligne la coopération du candidat avec le mouvement pro-implantations.
Huckabee est le premier non-Juif à occuper ce poste depuis James Cunningham, choisi par l’ancien président américain George W. Bush en 2008. S’il est confirmé, il remplacera Jack Lew, qui occupe le poste d’ambassadeur de Biden en Israël depuis novembre 2023.