L’agression d’un chauffeur de bus palestinien est un acte de « violence routière »
La juge a déclaré qu'il n'y avait "aucune preuve" que l'agression dont a été victime Nidal Fakih ait été motivée par des convictions nationalistes et a critiqué l'enquête policière
La Cour des magistrats de Jérusalem a statué lundi que l’attaque contre un chauffeur de bus palestinien en Cisjordanie relevait de la violence routière et ne constituait pas un crime de haine, comme l’avait initialement suspecté la police.
Le chauffeur, Nidal Fakih, du camp de réfugiés de Shuafat à Jérusalem-Est, a déclaré aux autorités qu’il déposait des passagers dans l’implantation du centre de la Cisjordanie quand une voiture est arrivée devant son bus, de la compagnie de transport Kavim, et lui a barré la route.
Deux jeunes hommes sont sortis de la voiture, sont montés à bord de l’autobus et ont commencé à parler à Fakih. Quand les suspects ont réalisé qu’il était Palestinien, ils ont commencé à le frapper.
Les images filmées peu après l’agression montrent Fakih blessé et saignant abondamment de l’œil gauche, et incapable de bouger de son siège. Il a été hospitalisé.
La police a ouvert une enquête sur cette agression et a déclaré vendredi qu’elle estimait que les auteurs avaient agi par nationalisme. Lundi, la police a arrêté un homme âgé d’une vingtaine d’années, qui serait à l’origine de la violente agression.
Lors de l’audience du renvoi, un juge a déclaré que cette agression relevait de la violence routière et a fustigé la façon dont la police a géré l’enquête.
« Il n’y a aucune preuve que ce soit un incident raciste, il s’agit plutôt d’une altercation entre automobilistes » a déclaré la juge Chavi Toker lors de l’audience.
Toker a rejeté la demande de la police qui souhaite maintenir le suspect en garde à vue pour le reste de la semaine, et a ordonné qu’il soit assigné à résidence jusqu’à vendredi.
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Elle a critiqué la police, qui a arrêté le suspect sans mandat, et a déclaré que la détention était ilégale.
La police a rejeté les critiques de Toker, affirmant que les agents avaient arrêté Toker sur la base de « leurs craintes qu’il soit impliqué dans l’agression contre le chauffeur ». Le procureur qui représentait la police a déclaré qu’il ferait appel de la décision mardi.
David Halevy, l’avocat qui représente l’assaillant présumé a déclaré que son client « nie catégoriquement » les allégations portées contre lui, et a accusé le chauffeur de bus de conduire de « manière provocante » le soir de l’incident.
« Si je n’ai pas l’intention de justifier une quelconque forme de violence, les choses doivent être claires, parce que les éléments indiquent que le chauffeur a agi de manière provocante et a ensuite tenté de faire passer cela pour un crime nationaliste », a-t-il déclaré aux journalistes après l’audience.
La compagnie de bus Kavim, qui couvre le secteur de Modiin Illit, a déclaré la semaine dernière qu’un groupe de ses chauffeurs dans l’implantation ultra-orthodoxe ferait grève pour protester contre la violence qu’ils subissent face à « une minorité d’extrémistes » dans la ville.
Lundi, des centaines de bus ont quitté la ville dans un convoi vers Jérusalem et avaient suspendu sur leurs pares-brise des bannières sur lesquelles ont pouvait lire : « Stop à la violence contre les chauffeurs ».
Les chauffeurs ne protestaient pas contre la violence dirigée spécifiquement contre les Palestiniens. « La direction de la société ne tolérera aucune forme de violence contre ses employés, et traduira en justice toute personne qui s’adonne à ce type de violence », a déclaré Kavim dans un communiqué.
L »Organisation des Chauffeurs de Bus israéliens a déclaré qu’elle enregistre plus de cinquante incidents violents par mois de la part des passagers.
L’incident de jeudi est survenu après une vague d’attentats terroristes palestiniens contre des Israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, auxquels des groupes de jeunes des implantations ont réagi en jetant des pierres et en agressant des Palestiniens.
Ce même soir, des dizaines de jeunes des implantations ont manifesté sur les lieux d’une attaque terroriste au centre de la Cisjordanie, selon les médias palestiniens et des organisations de défense des droits de l’homme.
Plus de 25 cas de jets de pierres par des résidents d’implantations en Cisjordanie ont été signalés jeudi et vendredi par le groupe Yesh Din.