Lapid appelle Netanyahu à démissionner
Le gouvernement "ne fonctionne pas" dans cette guerre, dit-il ; le Likud accuse le chef de l'opposition de vouloir un gouvernement qui établira un état palestinien

Le leader de l’opposition Yair Lapid a appelé mercredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à démissionner en raison, a-t-il dit, de la gestion « médiocre » par le gouvernement de la guerre qui oppose Israël au Hamas.
« Netanyahu doit partir pendant les combats », a déclaré le leader de Yesh Atid devant les caméras de la Douzième chaîne – c’est la première fois qu’il appelle ouvertement à cette démission depuis le début du conflit.
« Nous intégrerons un gouvernement placé sous l’autorité d’un autre candidat du Likud », a-t-il ajouté, affirmant qu’il évoquait le sujet avec des responsables de premier plan du parti au pouvoir. « Nombreux sont ceux qui, au Likud, comprennent que le pays s’oriente dans une mauvaise direction ».
« Ce gouvernement ne fonctionne pas », a-t-il continué. « Nous avons besoin de changement – Netanyahu ne peut pas continuer à être Premier ministre. Nous ne pouvons pas nous permettre de mener une campagne militaire prolongée avec un Premier ministre auquel le public ne fait absolument pas confiance », a-t-il estimé.
Lapid a noté être prêt à créer « un gouvernement national de reconstruction » placé sous l’autorité du Likud, aux côtés des ultra-orthodoxes, de Yisrael Beytenu, la formation d’Avigdor Liberman et de HaMahane HaMamlahti, le parti de Benny Gantz, soulignant néanmoins que « Netanyahu ne pourra pas être à sa tête. »
Lapid n’avait pas rejoint le cabinet de guerre établi six jours après le massacre du Hamas, le 7 octobre, avec Gantz – il avait alors affirmé qu’il ne fonctionnerait pas. Il avait indiqué être prêt à rejoindre le gouvernement si les deux ministres d’extrême-droite Bezalel Smotrich, de Hatzionout HaDatit, et Itamar Ben Gvir, d’Otzma Yehudit, en étaient exclus.

De nombreux Israéliens ont accusé le gouvernement d’avoir répondu de façon inerte et chaotique à la crise – avec notamment la lente réaction de l’armée lors de l’invasion des terroristes qui avait obligé les civils à se défendre seuls pendant des heures ; la pénurie d’équipements qui s’était révélée pendant le rappel des réservistes et une réponse médiocre en matière de soutien apporté aux citoyens déplacés par les combats.
Une apathie gouvernementale qui a finalement amené les groupes de la société civile à se mobiliser pour se substituer à l’inefficacité des mesures de l’État.
Le parti du Likud au pouvoir a vivement critiqué Lapid pour ses propos, l’accusant de chercher à établir un gouvernement qui poursuivra l’établissement d’un état palestinien.
« C’est malheureux et c’est honteux que Lapid fasse de la politique politicienne pendant une guerre, suggérant d’écarter le Premier ministre à la tête de cette campagne et de le remplacer par un gouvernement qui établira un état palestinien et qui autorisera l’Autorité palestinienne à prendre le contrôle de Gaza », a dit le parti dans un communiqué.
Netanyahu n’a pas établi clairement quelle instance pourrait prendre le contrôle de l’enclave pendant la guerre, excluant toutefois « toute autorité civile qui éduque ses enfants à haïr Israël, à tuer des Israéliens, à éliminer l’État d’Israël » – une référence apparente à l’Autorité palestinienne qui est responsable de certains pans de Cisjordanie.
Ripostant au communiqué du Likud, Yesh Atid a indiqué que la formation au pouvoir était passé à côté de l’essentiel -Lapid n’ayant jamais appelé la faction à être remplacée à la tête du gouvernement.
« Lapid a suggéré un gouvernement dirigé par le Likud, avec un Premier ministre du Likud qui ne soit pas Netanyahu. C’est là que nous commencerons à guérir les fractures de la nation », a continué Yesh Atid dans sa déclaration.
La guerre a éclaté après que des terroristes du Hamas ont commis un assaut dévastateur dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Ils avaient semé la désolation dans les communautés frontalières de Gaza, tuant 1200 personnes, majoritairement des civils. Certains avaient été exécutés dans leurs habitations ; des jeunes avaient été massacrés dans une rave-party. Les hommes armés avaient aussi enlevé environ 240 personnes qui sont depuis retenues en captivité à Gaza. L’objectif de la campagne militaire lancée par Israël, dans le sillage de cette attaque, est de renverser le groupe terroriste au pouvoir au sein de l’enclave côtière, qu’il dirige depuis 2007, et de démanteler le Hamas.