Tsahal dit fournir tout l’équipement. Les réservistes sur place disent le contraire
Les citoyens se précipitent pour acheter l'équipement adéquat, tandis que les réservistes appelés à la guerre trouvent leur équipement de combat vieux et inadapté
Korin Itzhaki est devenue une habituée du comptoir de vente d’une usine de fournitures pour l’armée.
Cette institutrice de maternelle divorcée, originaire d’une petite communauté près d’Afula, dans le nord d’Israël, attend de recevoir du matériel pour l’unité d’élite de son fils, stationnée à la frontière nord.
« Je suis allée à l’usine trois jours de suite », raconte-t-elle au Times of Israel, « mais hier, il n’y avait plus de matériel, alors j’attends ».
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Entre-temps, sa maison s’est transformée en un mini-entrepôt militaire.
L’armée israélienne assure qu’elle dispose de tout l’équipement nécessaire pour les plus de 300 000 soldats mobilisés depuis que le groupe terroriste Hamas, basé à Gaza, s’est infiltré en Israël et a perpétré un massacre sanglant samedi, tuant quelque 1 350 Israéliens.
Mais les parents ne sont pas convaincus et nombre d’entre eux se sont rués sur les fournisseurs militaires pour s’assurer que leurs fils, et les amis de leurs fils, disposent du meilleur équipement possible.
Dor, le fils d’Itzhaki, âgé de 25 ans, faisait du surf au Sri Lanka lorsque la guerre a éclaté, et il a réservé un billet d’avion pour rentrer via Dubaï.
« Depuis Dubaï, il m’a envoyé une liste et je suis partie à l’assaut des magasins », raconte sa mère. « J’ai acheté des sous-vêtements et des produits d’hygiène, même des coupe-ongles, pour lui et ses amis, puis je suis allée au magasin de l’armée. »
« Le premier jour, je suis restée là pendant six heures. J’ai supplié, j’ai pleuré, pour qu’on me donne un type particulier de gilet pare-balles pour Dor », raconte-t-elle. « Il doit porter une lourde mitrailleuse automatique. »
« Le lendemain, Dor m’a envoyé une liste plus longue, qui comprenait notamment des plaques de céramique » (pour la protection contre les balles et les éclats d’obus), dit-elle. « Je suis retournée négocier. Le directeur m’a dit qu’il avait compris que si je ne pouvais pas entrer par la porte, je le ferais par la fenêtre », a-t-elle plaisanté.
Dor a collecté des fonds depuis Dubaï en attendant son vol pour Israël. Il est rentré lundi soir et est stationné actuellement à la frontière nord.
La sœur de Dor, Maayan, 29 ans, encore marquée par sa propre expérience militaire lors de la guerre de 2014 à Gaza, a récupéré du matériel de commando. Elle est rentrée à la maison pour être avec sa mère pendant les hostilités.
À ce jour, Itzhaki, qui prend des somnifères pour dormir, a acheté huit gilets pare-balles avec des plaques en céramique pour son fils et ses collègues, les deux seuls casques qu’elle a pu trouver, ainsi que de nombreuses pochettes pour les accessoires et des sacs spéciaux pour les secouristes.
Elle ajoute qu’elle n’aurait jamais pensé que les réservistes puissent demander ce genre d’équipement à l’armée. « Je n’ai pas posé de questions, je l’ai fait », dit-elle. « Et je suis très contente de l’avoir fait parce que maintenant, l’usine n’a plus rien. Dor avait raison ».
Mercredi, la sœur d’Itzhaki, Galit Shitreet, s’est présentée au même comptoir de vente pour demander un gilet pare-balles avec des plaques de céramique pour son fils Nurai, 19 ans, qui vient de terminer sa formation de conscrit.
Il a été envoyé à la frontière nord, en tant que coordinateur des communications pour le commandant adjoint d’une compagnie de la brigade d’infanterie Kfir.
Selon Shitreet, le commandant adjoint a reçu une balle dans la poitrine dimanche lors d’un incident de tir ami parce que la plaque de céramique de son gilet était endommagée. (Les fissures dans les plaques peuvent réduire leur efficacité).
« C’est un miracle que mon fils n’ait pas été blessé lui aussi », a-t-elle déclaré.
Alors qu’elle s’apprêtait à acheter un gilet pare-balles avec des plaques de céramique, elle a été surprise quand un grand Américano-Israélien du nom de Leo Loeffler a insisté pour payer à sa place. Le Times of Israel a assisté à la scène.
Loeffler, 32 ans, vétéran du bataillon Netzah Yehuda de la brigade d’infanterie Kfir, a immigré en Israël en 2014 depuis la Floride et a commencé son service militaire obligatoire la même année. Il suit actuellement une formation de guide touristique.
Certains membres de son bataillon ont été mobilisés dimanche et, comme d’innombrables jeunes Israéliens, lui et d’autres qui n’avaient pas encore été appelés se sont mobilisés pour aider leurs amis.
« Nous avons immédiatement reçu des demandes pour des équipements manquants, des gilets pare-balles, des casques, des équipements tactiques », a confié Loeffler, père d’un enfant d’un an, qui vit à Givat Olga, à côté de Hadera, dans le centre-nord d’Israël.
Lundi, ils ont lancé une campagne de collecte de fonds et, en trois jours, ils ont récolté 100 000 shekels auprès de donateurs de Boca Raton, de Floride, de New York et de Brooklyn, ainsi qu’auprès d’Israéliens de tout le pays.
» Ce n’est pas moi, c’est en soutien au peuple d’Israël « , insiste-t-il.
« Nous sommes allés d’usine en usine pour essayer d’obtenir tout ce que nous pouvions. C’est difficile parce qu’il y a une pénurie de produits en Israël », ajoute-t-il.
Jusqu’à présent, Leo Loeffler et ses amis ont acheté 21 gilets pare-balles, 42 plaques de céramique, 25 paires de genouillères, 45 lunettes de visée pour armes (achetées aux États-Unis et transportées par avion dans un bagage), 40 polaires à coque souple, 25 paires de lunettes tactiques, cinq casques, plus de 200 chargeurs de téléphone et banques d’alimentation, plus de 40 ensembles de sous-vêtements thermiques (la frontière nord peut être froide) et plus de 50 ensembles de lampes de poche à projecteur.
Jeudi, il est retourné dans les usines pour voir ce qu’il pouvait encore acheter.
« Je reçois des demandes sur Instagram de personnes que je ne connais même pas », a-t-il déclaré.
Après trois jours, durant lesquels les réservistes de l’armée se sont plaints du manque d’équipements militaires essentiels ainsi que du manque de nourriture et d’autres produits, Tsahal a lancé une ligne d’assistance téléphonique ouverte 24 heures sur 24, gérée par la branche technique et logistique, pour y répondre.
Le personnel militaire peut contacter la hotline via WhatsApp au 052-6156256 pour poser des questions sur l’équipement, la logistique, la nourriture ou toute autre chose manquante.
Le 9 octobre, le chef de la direction logistique de Tsahal, le général de division Mishel Yanko, a déclaré lors d’un point presse que les civils étaient invités à faire des dons pour des « friandises » via l’Association pour le bien-être des soldats d’Israël, mais que l’armée fournirait l’équipement nécessaire.
« Nous n’avons pas besoin d’aide pour compléter les équipements de combat », a affirmé Yanko, ajoutant que quatre centres logistiques étaient désormais entièrement approvisionnés. « Notre planification dépend de la nature de la mission. Il n’a jamais été question de fournir des gilets en céramique aux 300 000 soldats. Les soldats qui se battent à Gaza ont tous besoin de gilets en céramique », a-t-il ajouté.
Malgré cela, les appels des réservistes eux-mêmes n’ont pas discontinué.
Amit, qui a demandé que son nom de famille ne soit pas divulgué, a recueilli des fonds pour acheter des gilets et d’autres équipements pour les réservistes d’une compagnie de chars qu’il a commandée depuis la dernière guerre de Gaza en 2014 jusqu’à l’apparition de la pandémie de coronavirus, d’abord en tant que soldat conscrit, puis en tant que soldat de carrière. Reconnu comme soldat handicapé, il n’est plus appelé au combat.
Il a appelé les personnes souhaitant faire don d’équipements à vérifier qu’ils étaient adaptés, indiquant qu’il avait déjà renvoyé des boîtes de chaussettes et de caleçons en coton fin et de sport parce qu’ils n’étaient pas conformes aux normes de l’armée.
« Les gens devraient donner de l’argent à des organisations fiables« , a-t-il déclaré.
« Nous allons continuer à aider les soldats. Mais nous avons aussi des citoyens dont les maisons ont été détruites. Les hôpitaux auront besoin d’aide. L’hiver approche. Nous n’en sommes qu’à la première semaine », a déclaré Amit. « Les gens doivent garder à l’esprit que cette situation risque de durer encore longtemps. »
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