Lapid dit aux travaillistes qu’il ne renoncera pas à la rotation avec Gantz
Le n°2 de Kakhol lavan rejette l'argument selon lequel le parti ferait un meilleur score s'il annulait l'accord et tente de courtiser les électeurs du Parti travailliste
Yair Lapid, n°2 sur la liste du parti Kakhol lavan qui affrontera le Likud de Benjamin Netanyahu lors des élections à la Knesset la semaine prochaine, a insisté dimanche sur le fait qu’il ne renoncerait pas à un accord de rotation avec Benny Gantz malgré les appels du parti de l’opposition travailliste à le dénoncer.
Un dirigeant travailliste de premier plan, samedi, a exhorté Kakhol lavan à annuler l’accord conclu entre ses deux dirigeants pour qu’ils se succèdent au poste de Premier ministre, affirmant que le parti pourrait remporter plusieurs sièges supplémentaires à la Knesset s’il s’en tenait à Gantz comme seul candidat au poste de Premier ministre.
L’accord – selon lequel Gantz occupera le poste pendant les deux premières années et demie si le parti forme le prochain gouvernement et que Lapid prenne le relais pendant un an et demi – était une des clés de l’union entre Hossen LeYisrael de Gantz et Yesh Atid, de Lapid, lorsque les deux partis se sont regroupés pour former Kakhol lavan.
Mais dimanche matin, Lapid a dit à la radio de l’armée : « La rotation ne perturbe aucun électeur en Israël. Ils apprécient le fait que nous ayons une voie commune et que nous ne nous préoccupions pas de nous-mêmes. Bien sûr que je ne renoncerai pas à la rotation. »
Poursuivant la lutte entre les deux partis pour les votes du centre-gauche, Lapid s’est adressé aux électeurs travaillistes et a déclaré que, tout en « respectant » le parti, « les militants travaillistes devraient voter Kakhol lavan. Aujourd’hui, voter travailliste garantit le maintien au pouvoir de Netanyahu. »
S’exprimant lors d’un événement culturel dans la ville de Ramat Hasharon dans le centre d’Israël la veille, la députée travailliste Shelly Yachimovitch a déclaré : « Je crois – et je ne crois pas seulement, mais je le sais – que dès qu’ils annonceront l’annulation de la rotation et que Gantz sera le candidat au poste de Premier ministre sans rotation, ils remporteront deux ou trois sièges supplémentaires auprès d’électeurs plus modérés de droite. »
« Donc, si chaque siège est aussi important qu’ils le disent, je pense qu’ils feraient mieux d’abandonner la rotation et de prendre ces deux-trois sièges de plus à droite, au lieu du centre-gauche, » a-t-elle déclaré. « Je pense qu’ils verront un résultat immédiat dans les sondages. Je ne pense pas, je sais. »
L’accord de rotation était une demande formulée par Lapid pour la formation de la liste commune. Bien qu’il ait semblé que Gantz y ait résisté au début, il a fini par céder, ouvrant la voie à la formation de Kakhol lavan.
Cependant, Gantz, avec son expérience sécuritaire en tant qu’ancien chef d’état-major de Tsahal, est considéré comme plus populaire auprès des électeurs de droite modérée que Lapid. Certains ont dit que l’idée de Lapid comme Premier ministre les avait dissuadés de voter pour le parti dirigé par Gantz.
Après sa formation en février, Kakhol lavan a d’abord été en tête des sondages avec une avance significative de 5-6 sièges sur le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais est récemment tombé à 2-3 sièges d’avance, et dans certains sondages, les deux partis sont au coude à coude.
À l’nverse, Netanyahu a toujours été considéré comme ayant de meilleures chances de former un gouvernement après le vote du 9 avril, car le bloc de partis de droite qui le soutient a un avantage sur celui de centre-gauche qui pourrait soutenir le parti de Gantz et Lapid.
Si Kakhol lavan est capable de glaner des votes de la droite modérée, cela pourrait bouleverser cet équilibre.
Le Parti travailliste, quant à lui, est crédité de 8 à 10 sièges dans les sondages sous la direction d’Avi Gabbay, soit une forte baisse par rapport à ses 19 sièges actuels. La grande majorité de ces votes perdus auraient profité à Kakhol lavan, en raison de sa capacité potentielle à destituer Netanyahu.
Bien que les sondages soient presque quotidiens en Israël dans les semaines précédant les élections et considérés comme peu fiables, dans l’ensemble, ils peuvent parfois servir d’indicateur général du climat politique et des intentions de vote en Israël.