Lapid : Les ultra-orthodoxes ne peuvent pas se soustraire au service militaire
Trois semaines après avoir soumis un projet de loi, le chef de l'opposition fait remarquer que 66 000 jeunes Haredim sont en âge d'être mobilisés, soit 105 bataillons non incorporés
Israël ne peut pas continuer à se battre sur plusieurs fronts sans les troupes ultra-orthodoxes, a déclaré lundi le chef de l’opposition Yaïr Lapid, affirmant que « l’armée israélienne est à la limite de ses capacités ».
S’adressant aux journalistes à l’ouverture de la réunion hebdomadaire des factions de son parti Yesh Atid, Lapid a indiqué que « s’il y a une flambée dans le nord, il n’y aura pas assez de soldats pour la gérer ». Il a qualifié le débat sur la loi sur la conscription de « non plus seulement un débat idéologique » mais un débat « existentiel ».
« Aujourd’hui, 66 000 jeunes Haredim sont en âge d’être appelés sous les drapeaux. Cela représente 105 bataillons qui ne sont pas engagés », a-t-il souligné, estimant que « si l’État d’Israël ne recrute pas les jeunes Haredim, il n’a pas le droit d’envoyer de plus en plus d’ordres de mobilisation à des réservistes qui ont déjà effectué 70, 90 et 120 jours de service dans la réserve cette année ».
Se plaignant que la commission des Lois ait rejeté le projet de loi de son parti sur l’enrôlement obligatoire, Lapid a accusé le gouvernement de se préoccuper davantage de la « sécurité de la coalition » que de celle de l’État.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu « essaiera de présenter un projet qui ressemble à une solution, mais qui n’en est pas une », a-t-il ajouté.
Le projet d’enrôlement proposé par le ministre Benny Gantz, qui prévoit une augmentation annuelle progressive du service des Haredim mais ne détaille pas de quotas spécifiques, est « un plan dans lequel aucun Haredi ne s’enrôlerait », a-t-il déclaré. « Cela ne fonctionnera pas. Nous ne pouvons pas continuer à nous tromper. »
Lapid a critiqué le Premier ministre, se référant à un reportage non sourcé de la Douzième chaîne selon lequel Netanyahu aurait transmis un message aux partis ultra-orthodoxes disant « qu’il ne manquera pas de les dédommager rétroactivement » si les juges estiment que la politique actuelle du gouvernement exemptant les Haredim du service militaire et national est illégale, auquel cas les ultra-orthodoxes qui ne servent pas seraient considérés comme transgressant la loi et se verraient refuser, ainsi que les institutions où ils étudient, les subventions de l’État.
Revenant sur la déclaration du grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef selon laquelle les Haredim « partiraient à l’étranger » s’ils étaient enrôlés de force dans l’armée, Lapid a déclaré que « personne ne veut qu’ils partent à l’étranger, mais il ne s’agit plus d’un débat théorique. S’ils ne s’enrôlent pas, ils ne recevront pas d’argent ».
« Dire qu’ils doivent s’engager n’est pas [une attaque] contre eux ou contre le monde de la Torah. Les soldats meurent tous les jours et nous n’en avons pas assez », a-t-il ajouté.