L’armée annonce son intention de retirer les femmes soldats des tanks
La radio de l’armée a expliqué que cette décision, à laquelle s’opposent des groupes féministes, a été prise pour des raisons de "main-d’œuvre"
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne a décidé de ne pas introduire de femmes soldats au sein du corps blindé, alors qu’elle avait déclaré l’année dernière que son programme de pilotage de chars réservé aux femmes avait été un succès, a rapporté dimanche la radio militaire.
« Cette décision a été prise sur la base d’une évaluation de la situation des forces terrestres, au cours de laquelle il est devenu évident que la prochaine phase d’essais nécessiterait davantage de main-d’œuvre et de ressources. Il a été décidé à partir de ce moment qu’il serait préférable de renforcer les unités de combat mixtes existantes et non de créer de nouvelles unités de combat mixtes », a déclaré l’armée dans un communiqué, cité par la radio ce dimanche.
Le plan d’intégration des femmes au sein du corps blindé a été gelé sous la direction de l’ancien chef d’état-major, Gadi Eizenkot, à la suite du programme d’essai. Le chef d’état-major actuel, le lieutenant-général Aviv Kohavi, a décidé de garder le projet en suspens pour le moment, a annoncé l’armée.
Les femmes occupent actuellement divers postes de combat au sein de l’infanterie, de l’armée de l’air, du corps d’artillerie et des forces spéciales. Le programme d’essai lancé l’année dernière visait à déterminer la possibilité de faire servir des femmes soldats dans des tanks – en nombre plus modeste que leurs homologues masculins.
Un porte-parole de l’armée a déclaré à la radio de l’armée que la présente décision de ne pas faire servir de femmes au sein du corps blindé avait été prise pour des raisons de main-d’œuvre et de ressources.
« La prochaine étape nécessitera une croissance importante de la main-d’œuvre et des infrastructures pour la bonne réalisation du processus », a déclaré le porte-parole de l’armée. « À la lumière de cela, il a été décidé qu’à ce moment précis, il était plus approprié de renforcer l’intégration des femmes soldats dans les unités existantes, et non de créer de nouvelles unités de combat. »
La décision a rapidement été décriée par les associations féministes.
« Cette décision prouve que les considérations qui animent l’armée israélienne ne sont pas professionnelles. L’armée israélienne a décidé de se soumettre à des pressions qui ne sont pas pertinentes concernant le programme », a déclaré le Réseau des femmes israéliennes dans un communiqué, évoquant les critiques formulées à son encontre.

En juin dernier, le lieutenant-colonel Benny Aharon, chef du commandement du corps blindé, a déclaré que les femmes soldats avaient atteint tous les objectifs fixés dans le programme pilote mené sous l’ancien chef d’état-major Gadi Eizenkot.
Le programme visait à déterminer si les femmes pouvaient constituer des équipages de quatre personnes nécessaires au pilotage de chars dans le cadre d’opérations de sécurité de routine au sein des frontières israéliennes ou à proximité, et non lors de guerres ou de combats éloignés dans les lignes ennemies. Les femmes soldats peuvent actuellement servir en tant qu’instructrices de chars.
Suite au programme pilote, les opératrices de chars ont été incorporées en tant que combattantes d’infanterie régulières au sein du bataillon mixte de Caracal, où elles serviront jusqu’à la fin de leur service.
Le programme pilote a fait l’objet de nombreuses critiques après l’annonce de son lancement en novembre 2016. Un ancien général a qualifié le projet de « complot de gauche » visant à affaiblir l’armée. D’autres, cependant, ont qualifié le programme de nécessaire.

Le programme pilote étant conçu pour tester la capacité des femmes à assurer la sécurité quotidienne au sein des frontières, leur formation ne comportait pas d’exercices de guerre complets.
Le programme pilote a été implanté alors que les autorités militaires tendent davantage à permettre aux femmes d’occuper des postes de combat au sein de l’armée. Ces dernières années, le nombre de femmes soldats au sein d’unités de combat a presque quintuplé, passant de 547 en 2012 à 2 700 en 2017. L’été dernier, quelque 1 000 femmes ont été intronisées au sein de l’armée afin qu’elles servent dans des unités de combat – le plus grand nombre de femmes à y parvenir dans l’histoire du pays.
Les détracteurs du projet l’ont souvent décrit comme une expérience sociale dangereuse pouvant avoir des conséquences sur la sécurité nationale, tandis que ses défenseurs l’ont généralement présenté comme une mesure nécessaire depuis longtemps et déjà appliquée dans de nombreux pays occidentaux.

Les détracteurs ont noté que certaines exigences concernant les femmes soldats au sein d’unités combatives avaient été réduites – ce qui serait un signe de perte d’efficacité – et que les femmes en service subiraient un nombre plus élevé de traumatismes liés au stress.
L’armée a insisté sur le fait qu’elle permettrait à davantage de femmes de servir dans des positions de combat pour des raisons pratiques et non en raison d’un agenda social. L’armée israélienne a affirmé que, pour y parvenir, un effort de la part de toutes les femmes et de tous les effectifs disponibles serait nécessaire.