Israël en guerre - Jour 433

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L’armée se prépare à assumer davantage de responsabilités face à la pandémie

L'armée se chargera des résidences pour personnes âgées du pays ; les dates d'enrôlement seront modifiées

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Les troupes israéliennes emballent des boîtes de nourriture dans le cadre des préparatifs de l'armée pour soutenir les lignes d'approvisionnement du pays face à  la pandémie de coronavirus en mars 2020. (Crédit : armée israélienne)
Les troupes israéliennes emballent des boîtes de nourriture dans le cadre des préparatifs de l'armée pour soutenir les lignes d'approvisionnement du pays face à la pandémie de coronavirus en mars 2020. (Crédit : armée israélienne)

L’armée israélienne a organisé lundi un exercice à grande échelle simulant deux scénarios différents et réalisables concernant la propagation du coronavirus : une épidémie progressive et gérable et une épidémie généralisée et indisciplinée qui nécessitera une implication massive de l’armée.

Le major général Yitzhak Turgeman, chef de la direction technologique et logistique de Tsahal, connue sous l’acronyme hébreu Atal, a déclaré aux journalistes que l’armée se préparait à l’éventualité du second scénario – quelle que soit sa probabilité – dans lequel elle aurait à établir des hôpitaux de campagne et à prendre d’autres mesures drastiques qu’elle a jusqu’à présent évitées tant que les autorités civiles du pays ont réagi à la pandémie.

Des représentants du ministère de la Santé et du service de sécurité du Shin Bet ont pris part à l’exercice.

Selon le porte-parole de l’armée, Hidai Zilberman, le chef d’état-major Aviv Kohavi, a donné à son adjoint, le major général Eyal Zamir, 36 heures pour élaborer les premiers plans opérationnels en cas d’épidémie généralisée. Le porte-parole a fait savoir qu’il ne pouvait pas encore préciser les mesures spécifiques qu’Eyal Zamir envisageait de prendre.

Bien que les autorités médicales civiles aient largement pris la tête de la lutte contre la crise sanitaire, l’armée a à la fois soutenu ces activités – en fournissant des véhicules et du personnel supplémentaire au service d’ambulance Magen David Adom – et s’est progressivement impliquée davantage dans l’effort national.

Le chef d’état-major de Tshal, Aviv Kohavi, au centre, visite une base d’entraînement de la brigade Golani le 22 mars 2020. (Crédit : armée israélienne)

« Les troupes de Tsahal sont déployées dans des centaines de sites, apportent leur aide dans des dizaines de domaines, et je vous assure que nous sommes prêts à étendre cette responsabilité », a assuré Aviv  Kohavi aux représentants du ministère de la Santé dimanche.

Le ministre de la Défense Naftali Bennett, qui avait critiqué la lenteur des dépistages effectués par le ministère de la Santé, a insisté pour que l’armée joue un rôle plus important dans la gestion de la crise.

A partir de mardi, les troupes israéliennes prendront la responsabilité des maisons de retraite du pays, du fait de la hausse des cas de contamination dans ces structures, qui ne disposaient alors plus que d’un personnel limité, a expliqué Hidai Zilberman.

Une Israélienne dans une maison de retraite de Jérusalem. Illustration. (Crédit : Anna Kaplan/Flash90)

Le commandement de la Défense passive coordonnera les opérations par l’intermédiaire de ses cinq quartiers généraux de district. Les soldats des unités situées dans ces districts seront en contact avec les quelque 250 établissements et leur fourniront tout ce qui est nécessaire, a déclaré le porte-parole.

Un commandant et quatre soldats seront affectés à chaque établissement, a-t-il précisé.

Lundi soir, le gouvernement a approuvé le déploiement de quelque 700 soldats, pour la plupart non armés, dans les districts de la police à travers le pays afin d’aider les agents à faire respecter le confinement partiel imposé par le gouvernement à partir de mardi matin.

Selon le bureau du ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, les troupes effectueront des patrouilles avec des policiers. Les soldats ne porteront pas d’armes, sauf les commandants et ceux qui servent dans les implantations de Cisjordanie.

Hidai Zilberman a annoncé que les militaires travaillaient également à la mise en place de deux nouvelles infrastructures de traitement du Covid-19, des hôtels reconvertis, pour traiter les membres de la communauté ultra-orthodoxe qui contractent la maladie et ne présentent que des symptômes légers.

Personnes assistant à des funérailles à Bnei Brak, le 29 mars 2020. (Capture d’écran : Twitter)

Ces installations – une à Bnei Brak et l’autre à Beit Shemesh – viendront s’ajouter aux six hôtels déjà aménagés, réquisitionnés par l’armée et qui accueillent actuellement plus de 1 000 personnes, tant des malades que des personnes devant rester en quarantaine sous surveillance.

Le porte-parole a ajouté que l’apparition du virus obligeait l’armée à modifier son calendrier d’enrôlement, bien que ce changement ne devrait pas affecter l’état de préparation de l’armée ni son aptitude à la guerre.

L’enrôlement des recrues devant suivre les formations d’officiers de la marine et de sous-mariniers a été reporté au 1er avril, tandis que l’enrôlement pour l’armée de l’air a été reporté au 22 avril.

Le recrutement pour le corps médical et pour les soldats qui opèrent les caméras de sécurité de l’armée a été reporté au 19 avril ; le lendemain, les unités de logistique et de maintenance entameront leur service ; le lendemain, les recrues des unités militaires de télétraitement et du corps éducatif s’engageront ; le 26 avril, ce sera au tour des instructeurs d’infanterie et le 30 avril, ce sera à ceux qui sont attendus à la base de Michve Alon.

Yitzhak Turgeman, qui est chargé de nourrir les militaires, a reconnu qu’il était devenu plus difficile de le faire en raison des restrictions imposées aux grands rassemblements – une réglementation qui rend impossible l’exploitation des immenses réfectoires où la plupart des repas des militaires sont habituellement servis.

Les troupes israéliennes emballent des boîtes de nourriture dans le cadre des préparatifs de l’armée pour soutenir les lignes d’approvisionnement du pays face à la pandémie de coronavirus en mars 2020. (Crédit : armée israélienne)

Le major-général a indiqué que, dans la mesure du possible, l’armée avait reconfiguré les espaces de restauration pour permettre au plus grand nombre possible de soldats d’y manger tout en respectant la restriction interne de l’armée qui consiste à n’avoir que 100 personnes dans une seule salle à la fois, en maintenant une distance entre chaque personne.

Pour les cas où ce n’est pas possible, les cuisines de l’armée ont commencé à préparer des repas dans des plateaux en papier aluminium à emporter – connus en Israël sous le nom de hamgashiot – ainsi que des paniers-repas, bien que le major reconnaisse que ces derniers ne sont pas très appréciés par les troupes.

« Les soldats ne comprennent pas pourquoi un sandwich est un repas », a rapporté Yitzhak Turgeman, notant qu’ils sont accompagnés d’un fruit, d’un légume et d’un fromage ou d’un pudding.

Il a ajouté que bien que ces repas emballés ne répondent pas aux exigences optimales de l’armée en matière de santé, ils sont préférables à l’alternative.

« Je pense que le coronavirus est pire que de se nourrir d’un sandwich », a-t-il commenté.

Il a noté que les soldats n’étaient pas obligés de manger des portions de combattants, sauf ceux qui s’entraînent sur le terrain.

Le général de brigade Itzik Turgeman, qui a été nommé à la tête de la nouvelle direction de la technologie et de la logistique de l’armée. (Crédit : armée israélienne)

Yitzhak Turgeman a également évoqué les difficultés auxquelles les troupes sont confrontées depuis que Tsahal a ordonné à tous ceux qui font partie d’unités de combat de rester dans leur base – à l’exception des sous-officiers, dont certains ont obtenu des permissions le week-end et des vacances, à la jalousie et à la frustration des officiers et des conscrits.

Le chef de la logistique a fait savoir que pour faciliter la vie des troupes, des centaines de machines à laver avaient été livrées aux bases militaires dans tout le pays.

« Je n’avais même pas de machine à laver quand j’étais soldat et commandant de peloton au Liban. Je lavais mes vêtements avec du Sintabon », a-t-il dit, faisant référence à un détergent répandu dans le pays.

Yitzhak Turgeman a ajouté que l’armée se préparait également pour la fête de Pessah. De nombreux soldats devront célébrer le service du seder sur la base.

« Je ne veux pas que les gens pensent que c’est un Pessah triste. Je veux que tout le monde célèbre la fête kehilchato« , a-t-il déclaré, utilisant un terme du livre de prières de Pessah qui signifie « comme il se doit ».

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