L’assassin de Rabin veut assister à la bar-mitsva de son fils, la prison refuse
Yigal Amir n'a pas eu de permission de sortie depuis l'assassinat en 1995 ; la Haute Cour devrait aussi refuser la demande
L’assassin emprisonné de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin, Yigal Amir, a déposé une demande de permission de sortie de prison pour la bar-mitsva de son fils, ont rapporté lundi des médias israéliens.
La demande a été rejetée par le service des prisons israélien, mais sera examinée par le tribunal plus tard dans la semaine.
Cet événement s’est produit alors qu’Israël marquait officiellement les 25 ans de l’assassinat. Amir a abattu Rabin à la fin d’un rassemblement à Tel Aviv destiné à souligner l’opposition à la violence et à montrer le soutien de l’opinion publique à ses efforts pour faire la paix avec les Palestiniens.
Amir et sa femme, Larissa Trimbobler-Amir, ont conçu leur fils dans sa cellule de prison en 2007. Amir, qui purge une peine de prison à vie, a déposé une demande de permission similaire à l’époque pour assister à la naissance de son fils, mais elle a été rejetée par un tribunal. La circoncision rituelle de la brit mila du bébé a eu lieu le 4 novembre, le jour du 12e anniversaire du meurtre de 1995.
En 25 ans, il n’a jamais bénéficié d’une seule permission de sortie de prison.
Aujourd’hui, 13 ans après la naissance de son fils, la demande d’Amir sera examinée par le tribunal mercredi. Le site d’information Walla cite des sources du service des prisons israélien selon lesquelles le tribunal devrait rejetter la demande.
Le député Yesh Atid-Telem Yoel Razvozov a demandé au tribunal de rejeter la demande « insolente », alléguant qu’Amir a reçu des privilèges qu’il ne mérite pas et qu’il aurait dû être « privé de tous ses droits et jeté en isolement jusqu’à sa mort ».
Le service de sécurité du Shin Bet a estimé qu’un quart de siècle après avoir tué Rabin, Amir est toujours une menace pour la sécurité nationale puisqu’il a des disciples hors de prison qui représentent un danger, selon un reportage de la Treizième chaîne, la semaine dernière.
« Récemment, des jeunes identifiés à droite se sont mobilisés et ont formé une communauté en dehors de la prison qui soutient Amir et ses actions et est prête à agir en son nom », aurait indiqué une évaluation du Shin Bet. « Tout cela met en évidence le danger que représentent les liens entre le meurtrier et les entités extérieures à la prison ».
Le Shin Bet s’inquiète du fait qu’Amir, qui n’a jamais exprimé de regret pour ce qu’il a fait et reste convaincu que ses actions étaient justifiées, puisse essayer de diriger le groupe depuis l’intérieur de la prison, selon le rapport.
La Treizième chaîne n’a pas précisé quand l’évaluation du Shin Bet a été faite.
Amir a cherché des moyens de se faire libérer de prison grâce à un soutien politique.
Lors de la récente série de trois élections consécutives en Israël en un an et demi, sa femme a formé le parti Mishpat Tzedek (procès équitable), qui a demandé un nouveau procès pour le tueur condamné et « toutes les autres personnes innocentes injustement incarcérées ».
En octobre 2019, la Cour suprême a rejeté un appel d’Amir visant à lever les restrictions carcérales imposées après qu’il a utilisé son téléphone à des fins politiques.
À l’époque, Amir s’est vu refuser les appels téléphoniques, les visites familiales, les visites conjugales, les journaux et l’accès aux appareils électriques, en raison de ses tentatives pour consolider son soutien politique.
Amir est seul dans sa cellule depuis des années, mais il a normalement accès à la télévision et à d’autres privilèges.
Il a été condamné par le commandant de la prison à sept jours d’isolement dans une cellule ne disposant que des commodités de base après avoir passé un appel à Yoav Eliasi, un rappeur et militant d’extrême droite connu sous le nom de « The Shadow ». Amir a demandé à Eliasi de l’aider à se battre pour sa libération. Le rappeur a rejeté sa demande.
Pour marquer le 25e anniversaire de la fusillade, le Centre Yitzhak Rabin a allumé jeudi 25 000 bougies sur la place où Rabin a été assassiné et qui porte désormais son nom.
Cet événement s’appuie sur la tradition juive qui consiste à allumer une bougie en mémoire d’un être cher à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, ainsi qu’en souvenir des nombreuses bougies allumées par des adolescents et des jeunes Israéliens dans les jours qui ont suivi le meurtre.