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Analyse

L’attentat de Halle illustre la double menace sur les Juifs d’Europe

Les assassinats de Yom Kippour marquent la première attaque antisémite mortelle de la part de l'extrême-droite depuis des décennies

Un homme armé tire dans une rue de Halle, en Allemagne, après une fusillade devant une synagogue dans la même ville, faisant deux morts. (Crédit : capture d'écran / Andreas Splett / ATV-Studio Halle / AFP)
Un homme armé tire dans une rue de Halle, en Allemagne, après une fusillade devant une synagogue dans la même ville, faisant deux morts. (Crédit : capture d'écran / Andreas Splett / ATV-Studio Halle / AFP)

JTA — L’identité de l’assaillant de la synagogue allemande a pu paraître familière aux Juifs américains, qui ont été victimes de plusieurs attaques de membres de l’extrême droite ces dernières années.

Mais elle a dû paraître plus surprenante aux Juifs d’Europe de l’Ouest.

L’assassinat de deux personnes à Halle, dans le centre d’Allemagne, le jour de Yom Kippour constituait la première attaque antisémite mortelle perpétrée par l’extrême droite depuis des décennies. La plupart des attaques terroristes commises contre les Juifs ces 30 dernières années ont été perpétrées par des musulmans radicaux.

En ce sens, la fusillade de mercredi représente un tournant tragique pour l’Europe de l’Ouest, où la radicalisation croissante des néo-nazis comme des islamistes donnent lieu à ce que certains spécialistes de l’antisémitisme qualifient de « tempête parfaite » (perfect storm) — un antisémite violent issu de la droite et de la gauche.

« Nous voyons une tempête idéale venir de directions différentes », avait déclaré Deborah Lipstadt, enseignante en études juives à l’université Emory d’Atlanta, lors d’un discours en septembre, résumant les arguments de double menace.

L’auteur de la fusillade, Stephan Balliet, âgé de 27 ans, s’est filmé en train d’assassiner une femme devant la synagogue de Halle après s’être retrouvé dans l’incapacité de pénétrer dans la synagogue. Il a ensuite visé et tué le client d’un restaurant de kebab voisin, qui sont devenus omniprésents en Europe de l’Ouest et sont souvent détenus et exploités par des immigrants de pays musulmans.

Un officier de police se tient devant un restaurant de kebab à Halle, en Allemagne, le 9 octobre 2019 (Crédit : Sebastian Willnow/dpa via AP)

Lors de l’attaque, le suspect s’est lancé dans une diatribe contre les Juifs, le féminisme et l’immigration, rappelant ainsi les publications sur les réseaux sociaux du meurtrier de la synagogue de Pittsburgh sur l’HIAS, la plus grande organisation juive venant en aide aux réfugiés.

Le bureau du procureur d’Allemagne a parlé d’une attaque motivée par des opinions »d’extrême droite et antisémites ».

L’assaillant allemand de la synagogue, identifié par les médias comme étant le néo-nazi Stephan Balliet lors de son attaque à Halle. (Crédit : capture d’écran)

Mettant en exergue l’émergence de la double menace visant les Juifs d’Europe, cet incident observé quelques jours plus tôt à Berlin, où un homme armé d’un couteau avait escaladé la barrière d’une synagogue. Il aurait crié « Allahu Akbar », soit « Dieu est le plus grand » en arabe.

Statistiquement, il existe un débat en Europe sur l’identité de la majorité des agresseurs antisémites. En France, aux Pays-Bas et en Belgique, au moins, les organismes chargés de surveiller l’antisémitisme attribuent la plupart des attaques violentes aux immigrés de pays musulmans ou leurs descendants. Au Royaume-Uni, ils seraient responsables d’environ la moitié des incidents dont l’identité des auteurs est connue.

Des gerbes de fleurs devant la synagogue de Halle, en Allemagne, le 10 octobre 2019. (Crédit : AP Photo/Jens Meyer)

Cependant, les autorités allemandes ont indiqué l’année dernière que 90 % des agressions antisémites dans leur pays étaient liés à l’extrême droite — des chiffres contestés. Des chercheurs ont expliqué à la Jewish Telegraphic Agency que la méthode utilisée par l’Allemagne pour les catégoriser était biaisée : ils ont ainsi cité l’exemple de l’incendie d’une synagogue perpétrée par trois Palestiniens en 2014 qui n’a pas été classée comme antisémite.

Pour certains détracteurs de ces méthodes, il s’agit d’une manœuvre politique, visant à favoriser la perception des immigrants allemands auprès des Allemands, dans un pays où l’immigration est un sujet brûlant depuis quelques années.

Sur un plan purement statistique, la fusillade de Halle était tout sauf prévisible.

L’année dernière, 14 personnes ont péri dans des attaques antisémites présumées aux Etats-Unis, en France et en Géorgie. En 2017, une femme juive a été assassinée à Paris, et une synagogue a été incendiée en Suède. En 2016, des kamikazes islamistes auraient ciblé des passagers juifs et américains à l’aéroport de Bruxelles.

L’attaque de Halle pourrait être un signe que les extrémistes de droite européens sont prêts à verser dans la violence meurtrière contre les Juifs.

Les partisans de l’AfD allemande brandissent des drapeaux devant la porte de Brandebourg à Berlin, en Allemagne, le 27 mai 2018 (Crédit : AP Photo/Michael Sohn)

Les ultra-nationalistes, dont la cause a gagné en popularité après l’arrivée de millions d’immigrants musulmans en Europe ces dernières années, s’en prennent à d’autres minorités depuis des années de plus en plus vigoureusement.

En juillet 2011, Anders Breivik a assassiné 77 personnes d’une colonie de vacances affiliée avec le Parti travailliste norvégien. Il a dit vouloir empêcher une « invasion de musulmans » et délibérément ciblé de jeunes militants politiques qu’il qualifie de « Marxistes culturels » et de défenseurs du multiculturalisme. Plus de la moitié des victimes étaient des adolescents.

En 2013, un cadre du parti néo-nazi grec Aube dorée a assassiné Pavlos Fyssas, un rappeur et défenseur des demandeurs d’asile. En 2015, un extrémiste suédois a tué trois personnes dans une école fréquentée par de nombreux élèves immigrés.

Que le meurtrier de Halle ait perpétré une attaque terroriste contre des Juifs est un signe que « partout dans le monde, l’extrême droite, l’extrême gauche et les fanatiques islamistes ravivent les flammes de la haine des Juifs », a indiqué à la JTA Gideon Falter, directeur exécutif de l’organisation britannique Campaign Against Antisemitism.

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