Israël en guerre - Jour 650

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Opinion

Le 7 octobre s’est transformé en une guerre sur tous les fronts

Attaqué de toutes parts, plus diabolisé que jamais, Israël a besoin du soutien et de l'aide concrète du monde libre

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Les forces de sécurité israéliennes sur les lieux de l'explosion d'un drone, à Tel Aviv, le 19 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Les forces de sécurité israéliennes sur les lieux de l'explosion d'un drone, à Tel Aviv, le 19 juillet 2024. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Pourquoi Yahya Sinwar a-t-il envoyé un message à Israël, quelques semaines avant l’invasion et le pogrom du 7 octobre, l’avertissant de l’imminence d’une « escalade » liée aux prisonniers sécuritaires palestiniens et aux « otages » ? Pourquoi le chef du [groupe terroriste palestinien du] Hamas à Gaza a-t-il tenté de s’attirer l’attention alors qu’il était sur le point d’envoyer des milliers de terroristes forcer la barrière frontalière pour se livrer à un véritable carnage fait de meurtres, de viols et d’enlèvements ?

La Douzième chaîne israélienne, qui a révélé le message dimanche et diffusé ce qu’elle a déclaré en être le texte approximatif, a rapporté que les très hauts responsables politiques et sécuritaires israéliens qui l’ont vu à l’époque n’ont pas réagi, pas plus qu’ils ne le font aujourd’hui.

En tout état de cause, le message n’a pas été interprété par les hauts responsables comme un avertissement au bain de sang qui était sur le point d’être commis, un avertissement qui aurait pu conduire à la mise en œuvre de mesures défensives efficaces. Certains de ces responsables émettent maintenant l’hypothèse – « ridicule », selon le reportage télévisé – que Sinwar aurait tenté d’avertir Israël avant l’invasion, non pas pour l’empêcher, mais pour la retarder. Selon cette théorie, Sinwar aurait eu des altercations avec son chef militaire, Muhammad Deif, présumé mort aujourd’hui. Deif aurait été favorable à une invasion le 7 octobre, tandis que Sinwar aurait préféré retarder le massacre pour assurer une meilleure coordination avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran.

En effet, il semble tout à fait ridicule que deux personnages diaboliquement rusés et malveillants, déterminés à détruire Israël, soient si désespérément en désaccord sur le calendrier d’un massacre qu’ils préparent depuis des années, et que Sinwar ait eu recours à une tentative sibylline pour avertir Israël de ce qui se préparait. Il l’aurait fait, en outre, dans l’espoir calibré qu’Israël prenne conscience du danger, mais pas suffisamment pour se préparer adéquatement à cette même attaque peu de temps après.

Palestiniens du côté israélien de la barrière frontalière de Gaza lors de l’invasion et du massacre menés par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : REUTERS/Mohammed Fayq Abu Mostafa)

Ce que souligne incontestablement le cas très curieux du message de Yahya Sinwar, c’est à quel point le désastre et le carnage les plus graves de l’histoire de l’Israël moderne auraient pu être et auraient été pires si l’assaut du 7 octobre avait été mené non pas sur un seul front, mais sur deux, voire plus. Et le danger n’est pas encore passé, loin s’en faut.

Mardi, le ministre de l’Éducation Yoav Kisch a fait savoir aux responsables des autorités locales à la frontière israélienne avec le Liban au nord, et à ses environs, qu’en raison de « complexités sécuritaires », les quelques
15 000 enfants d’âge scolaire déplacés par les combats qui font rage de l’autre côté de la frontière depuis plus de neuf mois ne pourront pas, comme on l’avait espéré, retourner à l’école dans leur ville d’origine à la rentrée scolaire le 1er septembre.

Si les chefs des conseils responsables des 60 000 Israéliens déplacés du nord et des nombreux autres qui se trouvent encore dans la ligne de mire ont été déçus et profondément préoccupés – notamment par le manque de financement et de préparation des programmes de remplacement – ils n’ont certainement pas été surpris, étant donné que le Hezbollah, qui affronte Tsahal quotidiennement, n’a manifestement pas été démantelé ni dissuadé.

Bien au contraire, son chef Hassan Nasrallah menace de frapper toujours plus loin en Israël. Et un petit graphique publié mercredi matin semble indiquer que c’est précisément ce qu’il est en train de faire en étendant les barrages de roquettes quotidiens plus en profondeur en Israël.

Selon de nombreuses estimations, le Hezbollah posséderait plus de
100 000 roquettes et missiles, y compris des missiles à guidage de précision capables d’atteindre n’importe quelle cible en Israël. Sa capacité à faire des ravages dans tout le pays éclipse toutes les capacités que le Hamas aurait pu rassembler à son paroxysme. L’ « évaluation », ce grand mot depuis le 7 octobre, est que Nasrallah se soucie davantage du bien-être du Liban et des Libanais que Sinwar du bien-être de Gaza et des Gazaouis, et qu’il ne voudrait pas risquer une escalade qui amènerait Israël à transformer Beyrouth en un autre Gaza.

Mais Israël ne peut en aucun cas compter sur une telle évaluation. Le 7 octobre a démontré que ce petit pays ne peut pas vivre, au sens propre du terme, avec des armées terroristes ouvertement décidées à le détruire, campées à ses frontières et à proximité. Et la diplomatie n’a pas encore réussi à faire reculer le Hezbollah.

Des drones sont exposés à l’arrière d’un véhicule lors d’un défilé militaire officiel marquant le neuvième anniversaire de la prise de contrôle de la capitale, Sanaa, par les Houthis, le 21 septembre 2023. (Crédit : MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Le fait qu’Israël soit encore victime de ses évaluations, ou plutôt de ses erreurs d’évaluation, a été tragiquement illustré sur un autre front aux premières heures de la matinée de vendredi dernier, lorsqu’un drone chargé d’explosifs tiré par les Houthis depuis le Yémen a pénétré les défenses anti-roquettes et anti-missiles justement réputées d’Israël, a frappé un immeuble résidentiel à Tel Aviv, tuant un Israélien.

Tsahal a reconnu l’existence d’une « erreur humaine » dans son incapacité à déjouer le drone. En d’autres termes, les opérateurs radar de l’armée de l’air israélienne n’étaient pas suffisamment attentifs à la possibilité d’une attaque de drone en provenance de l’ouest et, pendant les minutes cruciales où le drone a volé vers Israël depuis cette direction inattendue, le drone n’a pas été perçu comme une menace mortelle. Aucune interception n’a été ordonnée, aucune sirène n’a retenti, Evgeny Ferder a perdu la vie et de nombreux Israéliens ont perdu leur confiance, déjà ébranlée, dans la capacité des forces de sécurité à les protéger.

Depuis l’attaque de vendredi, Israël est menacé de toutes parts : par des drones provenant des quatre coins cardinaux, même de l’Ouest, de Gaza au Sud, du Hezbollah au Nord et de l’Iran à l’Est.

L’ex-otage Aviva Siegel, assise, participe à un rassemblement avec des familles de captifs détenus à Gaza et des sympathisants à Washington, DC, le 23 juillet 2024. (Crédit : US Hostages Families Forum)

La résilience nationale et le rétablissement du pacte brisé entre le gouvernement et le peuple exigent le retour urgent des 116 otages toujours détenus par le Hamas depuis le 7 octobre. Le Hamas ne doit pas être autorisé à se réarmer et à reprendre le contrôle de Gaza, mais Israël n’a pas les ressources ni la volonté de s’y établir de manière permanente. Le fardeau insoutenable que représente la guerre à Gaza pour l’armée régulière et les réservistes est intenable, même sans tenir compte du défi posé par le Hezbollah. Et le régime islamiste iranien, qui se rapproche de l’arme nucléaire, doit être confronté.

La question de savoir si le Hamas a tenté et échoué à coordonner les opérations du 7 octobre avec l’Iran et le Hezbollah reste l’une des nombreuses questions vitales qui entourent le désastre et auxquelles il n’y a toujours pas de réponse définitive. Il est largement admis que Sinwar a tenu dans l’ignorance même les dirigeants en exil de son propre groupe terroriste, le Hamas. Les spéculations « ridicules » sur le message inexplicable qu’il a délivré à Israël voudraient que lui et Deif se soient disputés sur le choix du moment.

Mais tout cela importe moins que le fait que, pour une raison ou une autre, Israël n’a été attaqué « que » sur un seul front le 7 octobre ; que si le Hamas a été considérablement affaibli par Tsahal dans les presque 300 jours qui ont suivi, nous n’avons toujours pas pu récupérer nos otages.

Que la guerre contre Israël s’est depuis étendue à de multiples fronts, dont une guerre ouverte contre une armée du Hezbollah bien plus puissante que celle du Hamas. Et qu’Israël a besoin du soutien et de l’aide concrète du monde libre pour contrer le régime au cœur de la menace existentielle qui pèse sur notre nation.

Sur cette photo publiée par le site officiel du bureau du guide suprême iranien, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, fait un geste lors d’une cérémonie marquant la fête chiite de l’Aïd al-Ghadir, à Téhéran, en Iran, le 25 juin 2024. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)

Et ce, alors qu’Israël, dirigé par un gouvernement hautement dysfonctionnel dont les ministres sont déterminés à s’aliéner nos derniers amis, est diabolisé plus violemment que jamais sur la scène internationale, que des pressions de plus en plus fortes sont exercées sur les gouvernements qui le soutiennent pour qu’ils lui refusent le soutien et les moyens pratiques de se défendre, et que notre allié le plus important est préoccupé, pour les prochains mois, par sa propre gestion des affaires publiques.

Le 7 octobre, dans toute son horreur, aurait pu être bien pire. Et nous ne sommes pas encore tirés d’affaires.

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